Auteur: Yoshinaga Fumi
Editeur : Kana, Big Kana
Date de parution : Octobre 2009
Prix : 7,35 €
Au cours du 17ème siècle, une mystérieuse épidémie, " la variole du Tengu", a décimée une grande majorité de la population masculine du Japon. Devenus fragiles et précieux, ils sont désormais choyés et préservés des travaux difficiles réservés aux femmes désormais. Les beaux jeunes hommes sont très recherchés et les femmes en viennent à acheter leur semence pour avoir la chance d'enfanter. Un luxe réservé aux femmes les plus argentées... Le shogun, qui est désormais une femme, dispose d'ailleurs de son propre "harem" : un pavillon regroupant les plus beaux jeunes hommes du pays à la hiérarchie très codifiée.
Le jeune Mizuno, malgré la pauvreté de sa famille, refuse de se prostituer. Il préfère offrir généreusement sa semence aux femmes malheureuses. Afin de ne plus être un fardeau pour sa famille et pour éviter un mariage qui ne lui conviendrait pas, ce dernier s'engage dans ce fameux pavillon, s'attendant à une vie douce et oisive. Mais Mizuno ne sait pas encore que le Pavillon des hommes est un vrai nid à complot où les jalousies se font jour pour mieux obtenir le pouvoir...
Nous allons donc découvrir la vie à l'intérieur du pavillon en même temps que Mizuno. Seuls les plus nobles et les plus beaux peuvent accéder à cette zone protégé et rien ne doit sortir à l'extérieur de ce qui s'y passe. La hiérarchie est très marquée entre les hommes du pavillon, leurs tâches étant différentes selon leur grade. Faute de rapports sexuels fréquents, une certaine homosexualité est latente, d'autant plus que celà peut parfois servir pour avancer en grade... Les complots et les coups bas sont courant quand il s'agit d'y voir son propre intérêt.
Mizuno, pauvre, dénué des bonnes manières de la noblesse, doit subir les quolibets de ses compagnons. Refusant de tomber dans les manières féminisantes de certains, d'offrir son corps à des supérieurs, il préfère être libre et s'intéresse de près à des activités plus physiques, comme le combat.
Parallèlement à l'apprentissage de Mizuno, on assiste à celui de la nouvelle Shogun, Yoshimune. Peu au fait des règles, elle remplace le précédent shogun, mort alors même qu'il était encore enfant. Femme forte et droite, elle se plie difficilement aux traditions de son rôle et envisage de réformer le système. Rejetant le luxe inutile du pavillon, Yoshimune doit faire face à certaines difficultés économiques alors mêmequ'elle doit présenter un visage fort aux émissaires étrangers qui voient dans le pavillon un reflet de la toute puissance du Shogun.
Voilà une série qui détourne avec beaucoup d'originalité l'histoire et inverse les rôles prédéterminés des 2 sexes !
Nous assistons à un véritable inversement de situation. C'est une société où les femmes ont le pouvoir et où les hommes sont considérés comme de petites choses fragiles à protéger.
Comme autrefois dans le Japon médiéval, le shogun possède son propre harem pour les plaisirs de la chair.
Et de multiples rapprochement pourront être fait entre la réalité et la fiction, les codes prévalant autrefois pour les femmes se retrouvant ici de la même manière pour les hommes. De plus, on pourra y retrouver d'utres évènements historiques qui prennent ici un autre sens. Par exemple, la fermeture du Japon aux étrangers qui sert à cacher que les hommes se font rares ! Les situations sont donc ici très réalistes.
La réflexion sur les rôles attribués ordinairement aux différents sexes est également très intéressante. On notera avec humour la surprise et l'incompréhension de la shogun lorqu'un émissaire étranger lui apprend que, dans son pays, les femmes sont trop fragiles pour faire la guerre. Les femmes ne sont-elles pas enfermées dans un carcan de préjugés que nous nous trimballons encore de nos jours ?
Les personnages extrêmement bien travaillés font preuve de finesse et de psychologie. La shogun a une proche servante pour confidente et leurs conversations nous révèlent les pensées cachées de celle-ci. Les relations entre Mizuno et certains de ses confrères sont très étudiés. Les histoires d'amour ne seront pas oubliées et ne tomberont pas dans le larmoyant et le cliché.
Le dessin, quant à lui est sobre, tout en étant fourni au niveau des décors. Pas de trames shojo pour cette série qui plaira d'ailleurs au lectorat féminin, comme masculin.
A noter : les tomes suivants (5 volumes en cours, au Japon) révèleront d'autres personnages et d'autres époques toujours autour de notre fameux pavillon des hommes.
Mon seul regret : que l'attachant Mizuno disparaisse de l'intrigue à fin de ce premier tome.
Vous l'aurez compris, "Le pavillon des hommes " est une très bonne surprise !
Un manga intelligent qui se joue des clichés pour mieux nous parler du passé (le Japon des samourais de la période Edo) et du présent (les idées préconçues sur le rôle des femmes).
Je vous encourage très fortement à le découvrir !
Un autre avis chez Bulles et Onomatopées et chez Nyméria.
C'était ma BD du mercredi avec Mango et les zotres !
Prix Tezuka 2009