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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 00:50

 

nagasaki 1

 

Auteur : Eric Faye

Editeur : Stock

Date de parution : Aout 2010

Prix : 13  €

112 pages


 

 

Shimura-san vit seul à Nagasaki. C'est un homme très ordonné qui tient une maison propre où tout est à sa place. Tous les matins, il part travailler à la station météorologique de la ville et rentre chaque soir dans sa grande maison silencieuse désertée par son fils qui restreint ses visites à une par an.

Mais depuis quelque temps, Shimura-san a l'impression que des objets sont déplacés, que de la nourriture disparait. Peu à peu, il devient obsédé par cette idée et décide d'installer une webcam qu'il pourra surveiller de son travail. Quand il y découvre une silhouette qui se déplace chez lui, son quotidien bascule.

 

Difficile de ne pas tout vous dévoiler de ce très court roman...

Shimamura va découvrir qu'une femme vivait chez lui à son insu et sa vie va en être totalement perturbée. assimilant cette intrusion à un viol, le narrateur n'arrive plus à se sentir chez lui et se sent complètement dépossédé.


  " J'étais ébranlé. L'intérieur de mon frigo était en quelque sorte la matrice sans cesse recommencée de mon avenir : là m'attendaient les molécules qui me donneraient de l'énergie dans les jours suivants, sous la forme d'aubergines ou de jus de mangue, et que sais-je encore. Mes microbes, mes toxines et mes protéines de demain patientaient dans cette antichambre froide et l'idée qu'une main étrangère attentait à celui que je deviendrais, par des prélèvements aléatoires me troublait au plus profond. Pire : celà me révulsait. C'était ni plus ni moins une sorte de viol. "


Plus loin, c'est la parole de l'intruse (qui ne sera jamais nommée) que nous aurons loisir d'écouter. Nous découvrirons pourquoi elle est là, comment elle a pénétré et vécu de nombreux mois en clandestine, cachée dans un placard. Elle aussi a connu une certaine dépossession de son chez-soi.

 

nagasaki-2.jpg


"Nagasaki" est le récit de 2 solitudes qui se sont croisées sans vraiment se reconnaitre. Shimura-San est ambivalent envers la squatteuse : rejetant sa présence qui le rend étranger à sa propre maison, il eprouve malgré tout une certaine culpabilité d'avoir conduit cette femme dans un procès pour quelques denrées volées. De son côté, la clandestine s'est coulé dans le quotidien du météorologue, découvrant quelle est sa vie, ses manies, ce qu'il aime, etc... Bref, telle une vraie compagne, elle connait tout de lui.

 

Eric Faye a su faire preuve ici de concision. Il est allé à l'essentiel et nous offre un texte sobre où pas un mot n'est de trop, où on ne trouve aucune fioriture stylistique. Le texte n'en est pas pour autant pauvre et fermé sur lui-même.

 

Inspirée d'une histoire vraie, voici une histoire singulière qui nous pousse à réfélchir sur ce qui fait notre identité et celle de l'Autre. Nous pensons nous connaitre ainsi que les lieux que nous habitons ou fréquentons. Un intrus vient le bouleverser et voilà tout notre rapport au monde transfiguré. Nous pensons être les propriétaires des choses mais notre possession n'est que passagère. D'autres viendront après nous.

Sera également évoquée la question de l'humain et de la société individualiste qui délaisse certains de ses membres, jusqu'à les oublier. Devenus invisibles au yeux des autres, ces exclus finissent par se fondre avec les lieux qu'ils habitent.


  " Que signifie encore ce nous qui revient à tire-larigot dans les conversations ? Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme."  

 

Mon seul bémol : un léger sentiment d'inabouti, parfaitement voulu par l'auteur, mais qui me laisse quelque peu sur ma faim. Le roman se termine par une lettre de l'intruse. J'aurais tant voulu lire une réaction ou une réponse à ce courrier...

 

" Je n'apporte aucune résolution, comme peuvent le faire des auteurs de romans policiers. Je réhabilite le mystère. " Eric Faye

 

 

 

Bref, une petite perle à ne pas rater dans la marée de la rentrée !

 

 

L'avis de Tulisquoi.

 

 

1% litteraire 2010

 


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commentaires

N
<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé ce roman moi aussi, ces 108 pages sont d'une densité étonnante et nous font réfléchir à nos existence dans ces viles modernes.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Je ne suis peut-être pas aussi enthousiaste que toi mais oui c'est un bon roman !<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> je l'ai bien aimé ce petit roman court, épuré et concis. C'est un bon moment de lecture, agréable et surprenant<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Un bon moment, oui ! Même si je ne suis pas certaine qu'il reste en mémoire de manière impérissable.<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> il n'y a pas à hésiter! vas y  et bonne lecture du dimanche<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Dur dur de résister. Je viens de l'acheter et j'ai très envie de le lire<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Tu verras, ça se dévore vite fait !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Salut à tous, moi aussi j'ai été un peu déçue par la fin de ce roman. Pour finir, En lisant les commentaires, je me suis rendu compte que tout était dit et qu'il n'y avait rien à ajouter.<br /> (je suis peut être trop habituée aux happy ending de nos américains)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Finalement, on l'est tous un peu mais pas pour les mêmes raisons !<br /> <br /> <br /> <br />

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