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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 08:00

 

 

Totally killer 01

 

Auteur : Greg Olear

 Editeur : Gallmeister 

Date de parution :  3 mars 2011 

Prix : 22,90 €

  314 pages

 

 

 

 New York, 1991. Taylor Schmidt est la nouvelle colocataire de Todd. A 23 ans, c'est plutôt une jeune femme libérée, sexy en diable, qui débarque de son Missouri natal pour conquérir le monde. Todd devient fou de cette force électrique et dynamique, prête à tout par ambition, et rêve de se glisser dans son lit. Sauf que Taylor est morte peu après. Et que c'est Todd qui nous raconte son histoire tragique.

 

Nous sommes dans les années 90, le chômage touche de plein fouet les nouveaux actifs et la recherche d'emploi se révèle un véritable parcours du combattant. Taylor coure de bureaux de placement en bureaux en vain, son diplome dans une université lambda non côté ne l'aidant pas outre mesure. Todd galère aussi, malgré son statut de salarié, et l'arrivée de Taylor dans son appart va soulager quelque peu ses charges financières. Sauf que ce dernier, subjugué par la belle, lui passe pas mal de frais et de caprices.

Jusqu'au jour où Taylor se rend dans la curieuse agence Quid pro quo ( dont la devise est "un job  pour lequel on tuerait") qui semble proposer l'emploi parfait à chacun en échange d'un petit "remboursement" de la part du salarié. Taylor, très enthousiaste lorsqu'on lui propose le job d'éditrice dont elle rêvait, ne se préoccupe pas de la question et accepte la proposition. Mais quand l'heure des comptes sonne, Taylor va découvrir qu'il va lui falloir "libérer" un emploi.... La direction de l'agence part en effet du principe que les salariés agés du baby boom ont fait leur temps et que leurs emplois super rémunérés devraient être aux mains d'une nouvelle génération. Après, tout est question de méthode pour cette fameuse "libération"....

 

totally-killer-02.jpg

New York, 1991 

 

 

Vous soupçonnez peut-être déjà la trame du roman mais si vous souhaitez vous ménager un peu de suspense, ne lisez pas la quatrième de couverture qui annonce clairement la couleur.

Vous reconnaitrez peut-être dans "Totally killer" une idée déjà évoquée dans " Le couperet" par exemple.

La fin de Taylor est annoncée dès les 10 premières lignes donc pas de suspense à ce niveau. Tout l'intérêt est ailleurs.

Todd, obsédé par sa colocataire, nous raconte sa vie depuis que Taylor est entré dans son appartement. Aidé de la lecture de ses journaux intimes, de ses espionnages, il va nous révéler le moindre détail du parcours de cette jeune active pleine d'espoir.

A travers le portrait de Taylor et des autres personnages, l'auteur dresse celui sans concession d'une génération sacrifiée par la crise économique. Pour survivre, les jeunes trentenaires se doivent d'accepter n'importe quel boulot, sacrifier leurs envies, leurs espoirs et parfois même leur dignité. Les patrons se révèlent souvent des ordures. Taylor se fait, par exemple, harcelée sexuellement par un vieux pervers qui lui fait miroiter un job en échange de sa docilité. Bref, le désenchantement ne peut qu'être au rendez-vous pour ces jeunes confrontés à un chômage inéluctable.

Une satire sociale donc, teinté de noirceur et de pessimisme. Et pourtant : le style de ce roman est absolument réjouissant et me parait être l'élément le plus marquant de ce roman !!

A travers les propos de Todd, Greg Olear multiplie les références aux années 90 : musique, cinéma, littérature, évènements politiques ou sociaux. Il nous rappelle qu'internet n'existait pas, que " les gens croyaient encore que le SIDA pouvait être transmis par les larmes", que Brad Pitt était pratiquement inconnu,...etc et autres joyeusetés que nous avons tous oubliés ! 

Ainsi l'auteur, par le biais de ces références extrêmement nombreuses et foutraques, nous renvoie au contexte de l'époque et souligne d'autant plus l'évolution et le décalage par rapport à notre société d'aujourd'hui.

Mais le plus original dans ce polar, c'est tout de même le ton. Oscillant entre ironie noire, remarques caustiques et cynisme, tout est joyeusement écrit et dénote d'une grande habileté.

 

Vous l'aurez compris, je me suis régalée à la lecture de cet étonnant roman !!

Si la trame et l'intrigue pêche quelque peu pour son manque d'originalité et d'ampleur malgré un final plutôt réussi, l'humour et le style d'écriture rattrape tout le reste et mérite à lui seul qu'on se penche sur ce nouvel auteur plein d'avenir !

 

 

totally-killer-03.jpg

 Sans-abris à New York, 1996 - Teun Voeten

 

 

 

Les avis de : Amanda, de Richard et d'Emeraude.

 

 

Extraits :

 

Le prologue, à lui seul, donne le ton et mérite d'être entièrement cité mais je vous renvoie à la page de l'éditeur qui vous le propose à la lecture.

 

"Une fois dans votre existence, si vous avez de la chance, vous rencontrez la femme de votre vie. Taylor Schmidt était de ce genre-là. Chez cette nana, les phéromones suintaient de partout. Elle était le sexe incarné. Et pas seulement pour moi. Tous ceux qui la rencontraient avaient envie de coucher avec elle. Tous ceux et toutes celles, pas seulement les mecs.

Avec le temps, c’était devenu un fardeau pour elle, comme si son incroyable sex-appeal était une difformité grotesque – un groin, un becde-lièvre, une tache de vin sur la joue. Elle s’en plaignait tout le temps. Sa situation faisait penser à un de ces mythes grecs qui se terminent de façon ironique : la fille n’est pas terrible, elle aimerait bien être très belle, elle devient si attirante qu’il lui est impossible d’avoir une relation non sexuelle avec qui que ce soit. Les hommes désirent son corps. Les femmes désirent son corps ou bien détestent la rivale qu’elles voient en elle, ou les deux. Elle est coincée. C’est la reine Midas, et son or, c’est le sexe.

Je m’embrouille un peu dans mes métaphores métalliques, mais vous voyez ce que je veux dire. Les mecs ne pensaient qu’à la tringler, c’est ça le point essentiel, et la plupart du temps, elle satisfaisait leur envie."

 

" - Que ferait le Prince Charles ? S'il en avait assez d'attendre et voulait devenir roi demain ?

- Pour commencer, il se débarasserait de cette dingueb qui lui sert de femme.

Charles et Diana ne se séparèrent qu'en 1992, et ils ne divorcèrent que quatre ans plus tard. Toutefois, en 1991, l'apothéose de Diana suite à  sa mort tragique était encore bien loin ; la perception que le public en avait à l'époque  était plus celle d'une emmerdeuse de première un peu frappée, que celle qu'une mère Teresa avec une plus belle coiffure que la vraie. "

 

" Quels sont les hommes que l'ont estiment le plus aujourd'hui ? Les athèltes qui excellent dans des sports simulant la mise à mort, et les acteurs qui jouent dans des films où la mise à mort est valorisée. En 1991, les trois plus grandes stards du box-office étaient Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone et Bruce Willis : tous des héros de films d'action, des durs brandissant des armes lourdes. Il est clair que tuer, les gens trouvent ça excitant. "

 

 

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commentaires

S
<br /> <br /> Oh, ce qu'il me fait envie ce livre. Je me suis aussi inscrite sur Bob et j'attends les résultats avec impatience !!! En tous cas, Gallmeister semble encore avoir frappé fort !<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Ils se font attendre d'ailleurs ces résultats !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> merci! je travaille en Bretagne dans un  Vir*Még*, et toi?<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Ah, un temple de la culture ! <br /> <br /> <br /> Ben moi, je suis au chômage... mais j'ai bossé ds pleins de boites différentes dont la Fn..., Cul...ra , et<br /> d'autres librairies indépendantes... Varié et très instructif !! :)<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> <br /> C'est qu'il pourrait me réconcileir avec le polar ce roman là, justement peut être parce que ce n'est pas vraimetn un polar malgré le titre :-)))) très tentant vraiment :-)<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Oui c'est vrai que ce n'est pas tout à fait un polar même si on y trouve quelques cadavres... <br /> <br /> <br /> Plutôt un roman noir de société. A lire, dans tous les cas !!<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> Je l'avais déjà noté (même si, quelque part, il me rappelle vaguement Un petit boulot de Levinson). Je suis particulièrement intéressée par les références aux débuts des années 90 car j'en ai<br /> gardé plein de souvenirs ;)<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Oui le rapprochement est normal mais tu verras qu'à la lecture, ça n'a rien à voir ! Tu vas être servi côté références, ça fourmille !! Il y a quelques trucs américains qui m'ont échappés mais ça<br /> m'a rappelé aussi des souvenirs !!<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> Je vais le lire bientôt sans me préoccuper de la 4e de couv, grâce à toi <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> En même temps, l'intrigue peut être vite éventée mais ce qu'annonce la 4ème n'arrive qu'à la moitié du bouquin... donc autant se garder un petit effet de surprise !<br /> <br /> <br /> <br />

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