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Auteur : Jim Dodge
Editeur : Cambourakis
Date de parution : Novembre 2010
Prix : 10 €
118 pages
A 3 ans, Titou se retrouve orphelin dans des circonstances peu banales : sa mère se noie en voulant nourrir un canard. Le petit garçon se retrouve désormais à la garde de son grand-père, vieil original qui croit presque en son immortalité depuis qu'un indien lui a fourgué la recette d'un tord-boyau conservateur, le "vieux râle d'agonie". La gamin grandit et se prend de passion pour la construction de clôtures. Mais notre duo va voir sa vie bouleversé par l'arrivée d'un canard, rapidemment nommé Canadèche...
Ce petit roman dont tout le monde parle ici ou là est une sorte de petit conte réjouissant, un "roman canard". Ecrit en 1983 et déjà paru une première fois en France, en 1985, le récit nous narre les aventures de Titou, Pépé Jake et de Canadèche, un trio complètement improbable.
Pépé Jake se révèle un gars plutôt libertaire, gros joueur et gros buveur, qui voit dans l'héritage de sa fille une occasion de régler ses dettes. Préférant la nature aux gens, il va pourtant se révéler un grand-père extraordinaire et offre ce qu'il y a de mieux pour lui. Jake devient un grand adolescent (très grand même... plus de 2m...) qui construit des barrières de manière complètement compulsive. Jusqu'au jour où il découvre un petit caneton dans un trou, miraculeusement sauvé du groin de Cloué-Legroin, un sanglier qui va devenir l'ennemi public n°1. Canadèche fait désormais partie de la famille : on l'humanise, on lui parle, on lui apprend à jouer aux échecs, on l'emmène au cinéma, etc.... Rien que de très normal !
Un roman plus que surprenant donc que nous avons là qui sait en quelques pages dresser un portrait chaleureux et humoristique de notre trio.
"L'oiseau canadèche " montre tout d'abord avec beaucoup de chaleur et de concision la relation entre un grand-père et son petit-fils. Jake va lui apprendre la liberté, l'amour, les échecs et l'amour du whisky. Jake, de son côté, n'hésite pas à laisser gagner Pépé aux échecs pour mieux lui redonner la santé. Décrites de façon pudique, la tendresse de leur relation affleure à chaque page. Leur vie est simple, routinière et ne se laisse pas atteindre par les soucis du quotidien qu'on balaye d'un geste de la main.
A côté de ça, le récit se révèle d'une drôlerie folle. Le ton employé par l'auteur, particulièrement dans les dialogues et pour la gouaille du papy vaut son pesant de cacahouètes !
Certaines scènes sont d'anthologie comme l'arrivée de Canadèche au cinéma ou la phase où Pépé Jake se pique d'apprendre à voler à notre canard quelque peu obèse et réduit au régime.
" Debout en chaussettes, fendant l'air de ses bras osseux, il lui promettait à chaque battement de ses ailes à lui, les délices du vol. Il lui fichait son billet que c'était encore plus agréable que de baiser toute une nuit avec la plus fraiche des filles de seize ans ! Meilleur qu'une tartine de rillettes sur du pain noir ! Meilleur que le clair de lune sur les sapins d'argent et meilleur que des gerbes de fleurs éclatant au plus profond de la cervelle... Le vol, disait-il, était supérieur à tout ce qu'on peut se mettre dans le bec et sous la dent - c'était la liberté majuscule et le summum, la quintessence du plaisir. "
Une histoire toute simple mais qui peut se révéler bien plus profonde si on se met à réfléchir au sens implicite et au symbolisme de la vie de notre trio.
Comme les autres lecteurs, je ne peux donc que vous conseiller chaudement ce petit livre foutraque bourré d'humour et de légèreté !
Extraits :
" Quand Pépé eu joué de la manivelle pour abaisser sa vitre, le gérant jeta un coup d’œil à l’intérieur de la cabine pour bien s’assurer de la présence de Canadèche et demanda :
-Que fait ce canard dans mon établissement ?
-Elle veut voir le film dit aimablement Titou, devançant son grand-papa qui commençait à écumer.
-Nous refusons absolument tout ce qui sort de l’ordinaire.
Jake explosa :
-Eh ben, ça doit vous faire une petite vie bien merdeuse et salement étroite, non ? Alors voilà : il se trouve que vous avez ici un canard d’attaque, dressé pour le kung-fu et spécialement élevé pour nous par la société Tong. Nous la laisserions bien à la maison mais elle massacre tous les coyotes. "
" - Ah ! là là. Vous autres, les blancs, vous avez beaucoup fait pour nous prendre tout ça. Mais vous n'avez rien fait pour le mériter. Votre désir, c'est de tout domestiquer. Si vous vouliez bien demeurer immobiles un instant et laisser vos sensations agir au fond de vous-mêmes, vous comprendriez combien toute chose désire être sauvage. "
Les avis de Saraswati (que je remercie pour le prêt !!), Cathulu, Keisha, Manu, Cuné, Mango, Dominique, Kathel, Aifelle,
Vous pouvez lire les premières pages ici !