Aujourd'hui Murdo Munro marie sa fille. Loin de se réjouir pour cette dernière, il anticipe surtout le moment où il va se retrouver seul avec sa femme Margaret. Leurs relations sont depuis longtemps sous le signe de l'indifférence et de l'hostilité silencieuse et cette perspective lui est désormais insupportable. Murdo claque la porte de l'église en pleine cérémonie, incendie la maison familiale, symbole de compromission et d'humiliation, et s'enfuit d'Acheninver.
Après l'âpre et délicieuse découverte de son premier roman Le coeur de l'hiver, je me suis plongé à nouveau dans les les âmes et paysages tourmentés de Dominic Cooper.
Vers l'aube nous emmène, à son tour, sur les terres écossaises de l'auteur, dans un petit village insulaire et côtier où la vie se déroule lentement, où tout le monde se connaît.
Solitaire, silencieux, Murdo est un homme amer qui noie son ressentiment pour sa femme dans l'alcool et le travail. Son acte inconsidéré le pousse à fuir et c'est naturellement dans la Nature qu'il part se réfugier. Errant de longs jours sur des terres désertiques, dormant à même le sol, Murdo se cache et reprend goût à une certaine forme de liberté. Aussi tourmenté que les paysages qu'il traverse, Murdo fuit pour mieux se trouver. Il se cherche une place, un rôle qu'il trouvera temporairement auprès du petit Doug, jeune substitut de sa fille qu'il n'a jamais réussi à s'attacher. Notre homme va vagabonder, s'arrêter auprès de sa soeur pour mieux repartir, envisager de rejoindre les côtes écossaises avant de vouloir retourner faire face à ses responsabilités.
Entre fuite et quête de soi, le cheminement de Murdo traverse surtout des paysages grandioses que l'auteur se fait fort de mettre en valeur. Rendant avec force l'aprêté des paysages, le vent qui caresse les montagnes escarpés, la violence des pluies soudaines, le coupant des roches escarpées, Dominic Cooper donne vie aux terres de son coeur et faire la part belle aux longues descriptions extérieures qui, d'une certaine manière, symbolisent les souffrances de Murdo. Comme dans son premier roman, inutile de chercher de l'espoir et la joie ici.
Vers l'aube est un récit lent qui prend son temps pour se perdre dans un goût de finitude et de mélancolie. L'homme accablé de n'être rien, ni un bon père, ni un bon mari, affrontera dans cette nature sauvage et sans concession son propre reflet et se soumettra à cette terre qu'il ne sait véritablement quitter.
Un très beau roman à la langue pure et éclatante qui plaira aux amateurs de romans sur la désespérance et de nature writing !
D'autres avis :
Cryssilda - Keisha - Kathel - Marie - Yv - Hecate - Aifelle -
Titre : Vers l'aube
Auteur : Dominic Cooper
Éditeur : Metaillé
Parution : Octobre 2009
192 pages
Prix : 18€