5 août 2009
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Henry Molisse, écrivain raté, doit se contenter d'écrire des scénarios pour la télévision ou le cinéma pour faire bouillir la marmite. C'est avec l'arrivée inopinée, sur la propriété, d'un chien errant ressemblant à un ours, que nous allons découvrir la famille Molisse. Famille, un peu barrée, qui a une existence cahotique : Harriet, sa femme (au foyer) écrit les dissertations d'un de ses fils mais refuse de voir une noire entrer dans la famille ; les enfants ne respectent plus leurs parents et n'en font qu'à leur tête.
Bref, nous sommes loin de la famille idéale. Les injures volent et l'incompréhension règne entre père et enfants. Pas étonnant que Henry, d'origine italienne, rêve de retourner dans son pays d'origine en larguant femme et enfants.
Le chien, obsédé sexuel notoire et adopté tant bien que mal, sera nommé Stupide ! L'arrivée de Stupide va quelque peu chambouler la maison, renvoyer Henry à son passé, à ses anciens chiens et va symboliser la force et le courage qui lui font défaut.
« Il était un chien, pas un homme, un simple animal qui en temps voulu deviendrait mon ami, emplirait mon esprit de fierté, de drôleries et d’absurdités. Il était plus proche de Dieu que je le serais jamais, il ne savait ni lire ni écrire, et cela aussi était une bonne chose. C’était un misfit et j’étais un misfit. J’allais me battre et perdre ; lui se battrait et gagnerait. Les grands danois hautains, les bergers allemands arrogants, il leur flanquerait une bonne dérouillée, il en profiterait même pour les baiser, et moi je prendrai mon pied. »
"Mon chien Stupide" parait tout d'abord un roman jouissif à l'humour noir. Les dialogues sont croustillants et pointent du doigt les difficultés relationnelles d'une famille. Certaines scènes sont d'anthologie, comme celles de Stupide sautant sur tout ce qui bouge (homme et truie), le repas raté des lasagnes et la fausse description d'enfants idéaux par les parents.
Pourtant le roman cache un constat amer. S'interrogeant sur la famille et le rôle des parents, l'auteur dresse un constat sévère. Les parents sont souvent démunis face à leurs enfants qui grandissent et la communication peut souvent devenir une sucession d'erreurs. Les compromis semblent inévitables, mais toujours au détriment des parents.
Loin de considérer, comme beaucoup, ce roman comme un simple roman d'humour noir, j'ai été très touchée par la vue extrêmement pessimiste du rôle de parent et je ne suis pas sortie revigorée de cette lecture.
Etre parent est un métier qui s'apprend et le risque d'erreur est élevé ! Pour quelle raisons en faisons nous ? Sommes-nous préparés à les laisser s'envoler du nid ? Devons-nous attendre de la reconnaissance pour l'éducation donnée ?
De plus, on pourra y voir aussi le constat d'échec d'un écrivain qui n'arrive plus à écrire et devra se couler dans le moule des histoires stéréotypées s'il veut pouvoir gagner un peu d'argent. Faut-il faire des compromis, quitte à y perdre sa fierté ou continuer à pointer au chomage ?
"Mon chien Stupide" est donc un roman à l'humour ravageur beaucoup plus profond qu'il n'y parait.
Ne ratez pas sa lecture et sachez lire entre les lignes !
Note : ****
Vanessa en a fait une très belle chronique et analyse ici.
Editions 10/18 - 6€ ou 9€ en édition cartonnée.