Nous sommes en 1914 à Guise où est implanté un familistère, sorte de regroupement social solidaire créé par Godin (le créateur des poêles) dans le but d'améliorer la condition de vie de ses employés. Malheureusement un crime vient d'y être commis. Victor Leblanc, jeune journaliste de l'Humanité un peu curieux, enquête parmi les membres de la communauté mais ce monde clos se laisse difficilement approcher. Les morts se succèdent pourtant et c'est auprès de Ada, fille d'un des locataires d'origine alsacienne qu'il va trouver de l'aide pour découvrir les dessous de ce projet utopique.
A travers les recherches de Victor, nous allons pénétrer à sa suite dans l'intimité de cette communauté bien particulière. Les auteurs s'appuient ici sur des faits historiques connus. Le familistère a bien existé et les ressorts de sa création et de son organisation nous sont ici dévoilés. Si le lieu parait idéal pour les ouvriers qui deviennent en partie propriétaire de leur travail et de leur habitation, et bénéficient d'infrastructures développées pour leur bien être, tout ne semble pas rose pour autant.
C'est aussi un lieu de vie où tout le monde se connait et se voit, où les ragots vont bon train et où la notion d'intimité est réduite. Nous sommes à la veille de la guerre et les ouvriers étrangers sont vus d'un mauvais oeil (le père d'Ada est soupçonné d'être un facho à cause de ses origines alsaciennes...)
Ce huis-clos collectif est parfait pour introduire une série de meurtres qui déstabilisent un peu plus une communauté menacée par la grève des ouvriers. Le contexte social et politique est ici parfaitement utilisé pour recréer l'ambiance de l'époque et le lecteur assiste à une véritable plongée historique.
Visuellement, le dessinateur a repris scrupuleusement l'architecture du familistère, donnant ainsi un peu plus de réalisme à cette histoire. L'ambiance est bien évidemment sombre, les couleurs partent souvent dans des gris qui renforcent l'atmosphère inquiétante et quelque peu flou de ce familistère. Les personnages, de par leur visage et leur tenue, ont un vrai effet ancien et nostalgique
De briques et de sang se révèle être une enquête somme toute classique mais dont la situation et la vérité historique offre un angle original de découverte pour donner un album intéressant.
D'autres avis :
Joelle - Yvan - Cécile - Jérome - XL - Kactuss -
Liens :
le site du Familistère de Guise
Du même scénariste :
De briques et de sang
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : David François
Edition Casterman, KSTR
Septembre 2010 - 146 pages - 16€
Chez Mo'