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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 23:58

 

tete de chien 1

 

 

 

Auteur : Morten Ramsland

 

 Editions :


 Gallimard, 2008 - 22,50€ - 448 pages


Folio, 2010 - 7,70€ - 464 pages

    

 

Note : 5 / 5

 

 

 

" La réalité n’est pas pour les enfants "

 

 

 

 

Le récit débute en Allemagne. Askild, le grand-père du narrateur, fuit les allemands et leurs camps à toutes jambes. Puis nous voilà transporté en Norvège (et plus tard au Danemark) où on retrouve le même homme désormais grand-père. Un homme difficile qui rudoie ses petits-enfants et refuse de parler de son séjour en Allemagne qui l'a changé à tout jamais. Justement, c'est son petit fils Asger qui nous raconte son histoire. Son histoire mais aussi celle de la famille toute entière sur plusieurs générations. Sa grand-mère est mourrante et il décide de se pencher sur l'histoire familiale.


Dès lors va s'ouvrir devant nos yeux une histoire de famille complexe, douloureuse mais aussi extremement réjouissante !

Car si les premières pages laissent présager un contexte familial difficile et un roman plombant, le lecteur est très vite rassuré par la tournure ironique que prend une narration haute en couleur.

 

tete-de-chien-2.jpgAlternant les époques, le récit nous plonge, de façon très fouillée, dans l'histoire de cette famille.

Asger mélange les temps, revient à son présent pour mieux repartir dans le passé. Si on est un peu perdu au début par l'abondonce de personnages, on finit par identifier chaque membre de la famille tant leurs portraits sont bien troussés.


Askild se prend de passion pour la peinture et le cubisme qu'il introduit dans ses plans d'ingénieur de chantier naval, au grand dam de ses employeurs déjà excédés par son alcoolisme. Sa femme Bjork accouche de son premier enfant au dessus de la cuvette des toilettes et il faut repêcher le gamin plein de merde en tirant sur le cordon ombilical. Le dit fils ( "Feuilles de chou") a des oreilles surdimensionnés que les gamins du quartier bourrent de merde d'anguilles. Sa mère l'obligera alors à porter le "truc de merde", instrument coercitif qui l'empêche de bouger. Sa soeur Anne Katrine handicapé mentale ("grosse Tomate" ou "La merdeuse") excerce une affection un peu tendancieuse envers son neveu alors que son frère Knut  balance tout par la fenêtre. L'oncle "Tête de pomme" s'engage sur un navire pour fuir la jeune fille qu'il a mis enceinte pour mieux revenir quelques années plus tard, tatoué de partout et même de la verge qui arbore le prénom de la demoiselle en question... C'est lui aussi qui enverra des boites de conserves bourrés d'air pur à sa grand-mère clouée au lit.

Il y aura aussi "La dent dure", "Madame Maman", "LA Bonde", et le fameux "Tete de chien", monstre caché dans la cave qui sera le déclencheur d'un autre drame dont Asger porte encore le poids...

Bref, j'en passe bien plus encore !

 

Doté d'un humour féroce qui n'épargne personne, l'auteur dresse un portrait jouissif, rien de moins, de cette famille un peu barrée qui passe son temps à déménager, tel le cirque ambulant pour lesquels on les prendra une fois.

Leur quotidien minable est enjolivé par des fulgurances langagières et des passages absolument extravagants qu'on prend plaisir à voir se dérouler sous nos yeux.

 

" - Dieu est venu cette nuit, et Il a emporté tes chatons.
Voilà ce qu'avait dit un jour Hans Carlo Petersen, le précédent patron de l'atelier d'encadrement, à sa fille Leila, alors âgée de six ans, en lui tapotant doucement la tête de cette même main qui, la veille au soir, avait mis les sept chatons dans un sac avant de les noyer dans le ruisseau derrière la maison. Leila, à qui son père venait d'offrir une grosse glace, sentit un goût amer se mêler à celui de la crème glacée. Cinq ans plus tard, lorsqu'il vint la chercher chez sa tante maternelle et la conduisit au bord du lac où il acheta la plus grosse glace du marchand, il déclara : «Dieu est venu cette nuit, et Il a emporté ta mère.» Par ces mots, il ne causa pas seulement un profond cha
grin à sa fille, mais il lui inspira une aversion durable à l'égard de Dieu et des sucreries. "


Distribuant les histoires des uns et des autres sans y toucher, Asger remonte le fil de sa famille, de ses traumatismes, des non-dits qui lui ont permis malgré tout de se former et de rester lié malgré les aléas. A la fois pathétiques et débridés, ces anecdoctes familiales sont le terreau fertile de sa propre identité construit sur la honte et la culpabilité.

 

" Stinne et moi, nous n'avions plus envie d'entendre des histoires. Elles trainaient avec elles un je-ne-sais-quoi de douloureux et de mensonger. À cette époque, aucun de nous ne savait que ces histoires formaient le ciment qui liait notre famille, et c'est seulement quand elles ont disparu que tout a commencé à s'effriter, et que nous nous sommes dispersés aux quatre vents. "


Alternant entre drame, ironie et récit d'initiation, Ramsland a su créer une grande saga familiale hors-norme qui loin du misérabilisme attendu plonge dans la drôlerie et l'inventivité.


Un grand roman ! Ne le ratez surtout pas !!!



J'ai cherché d'autres avis sur la blogosphère mais en vain....

(faites moi signe si je vous ai raté !)

 

L'avis enthousiaste de Picwick qui vient d'arriver !


Mais comment ce fantastique roman a-t'il bien pu passer à travers les mailles du filet !?

Sa toute nouvelle parution en poche devrait vous aider à palier cette erreur !

 

Vous l'aurez compris, c'est un véritable coup de coeur pour moi !


livre-coeur4.jpg

 

 

Une découverte que je dois à BOB ! Mille merci !

 

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 20:00


vierge froide



Après avoir découvert Jorn Riel avec le sublime "Un jour sans lendemain" qui m'avait bouleversé il y a longtemps de ça....
Après avoir lu la bande dessinée "La vierge froide et autres racontars", adaptation du roman du même nom de  Riel...
J'ai enfin pu découvrir le roman d'origine, grace à Bladelor qui me l'a très gentiment offert pour le 1000ème commentaire de son blog !

J'ai retrouvé avec plaisir le Groenland et sa galerie de personnages atypiques et comiques !
Ces quelques hommes qui travaillent et chassent sur la banquise font face à la solitude et une obscurité hivernale en buvant, en se retrouvant entre eux et en partant dans des expériences plus abracadabrantes les unes que les autres !
Le sujet du roman, je ne le répète pas... C'est le même que la bande dessinée qui a très bien repris le roman à l'exception des 3 derniers racontars. Je vous renvoie donc à mon billet ici !

Le roman se découpe en 10 chapitres qui, chacun, s'attache à un ou 2 personnages. Loin d'être un recueil hétéroclite, chaque personnage a un lien avec celui du suivant et peu à peu se dessine une communauté de chasseurs, séparés certes par la distance, mais qui se connaissent et se retrouvent de temps à autre.
Ces chasseurs du Groenland sont rudes, simples mais aussi sensibles. Ils savent mettre de l'humour dans une vie qui l'est beaucoup moins et font fi des conditions climatiques difficiles.
L'écriture de Riel est simple et donne aux chasseurs un franc-parler qui leur va bien. Tout se base d'ailleurs sur la parole orale et des histoires qui naissent de l'imagination des hommes dont c'est la seule échappatoire à cet enfer blanc et solitaire. Histoires qui deviennent de véritable contes et épopées sous la plume de Riel.

" – Emma, tiens, c’est comme si elle était faite rien qu’avec des beignets aux pommes. Les fesses, les seins, les joues, et tout et tout. Rien que des beignets, mon garçon. Et au milieu de toute cette pâtisserie, deux yeux bleu ciel et une moue rouge.

Il venait d’aborder quelque chose de rare, pour ne pas dire inaccessible dans le monde du nord-est du Groenland. La femme devient en Arctique une entité lointaine et imaginaire, à laquelle on ne fait allusion qu’avec des tournures vagues et prudentes. Il est extrêmement rare d’y entendre parler de cette créature d’une manière grossière ou obscène. Il lui fallait donc manier cette bombe avec précaution..."



Bref j'ai beaucoup aimé cette lecture réjouissante et j'en redemanderais à l'occasion !

Encore merci à Bladelor pour cette découverte !


Note : ****


Editions 10/18 - 6€



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25 novembre 2009 3 25 /11 /novembre /2009 23:30




Le narrateur travaille au guichet de la gare de Copenhague. Il y fait la connaissance d'une certaine Randi et l'aide à trouver un hotel. Ils sympathisent. Avant de disparaitre, cette dernière lui donne une clé de consigne à garder. Il décide alors d'ouvrir la consigne et y fait une étrange découverte.
20 ans plus tard, le jeune homme n'a rien oublié. Il est marié, a un travail et mène une vie routinière. Mais quand il recroise Randi par hasard, ses souvenirs prennent le pas sur le présent. Randi porte un autre nom, Sonja, et mène aussi une vie bien réglée.
Que s'est-il passé durant toutes ces années ? Pourquoi lui-a-t'elle laissé ce colis encombrant ?
Qui est vraiment Sonja ?

Nous allons accompagner le narrateur dans la découverte du passé de Sonja, qu'elle va délivrer petit à petit. Sonja porte le poids de la culpabilité d'un acte qu'elle a découvert après coup. Rongé par le remord, elle cherche une absolution et un pardon qui ne viendront peut-être jamais.
On pénètrera dans les cercles des groupuscules d'extrême gauche des années 70 et de leur idéologie extrémiste. On partagera les égarements des personnages un peu perdus dans l'histoire.

Intéressant pour la découverte de certains aspects politiques de l'époque, ce roman reste néanmoins un peu léger et presque quelconque... du genre de ceux dont on aura tout oublié dans 1 mois...
Le récit oscille en effet entre le côté historique des évènements de l'époque (les attentats extrémistes, les procès, la douleur des victimes ) et le côté plus intime du ressenti de Sonja pour qui je n'ai eu aucune empathie... L'auteur n'a aucun parti pris et n'accable aucun de ses personnages.
De plus, la simplicité de l'écriture n'apporte aucun plus-value à ce roman qui reste trop en surface.
Peut-être une marque de fabrique de  cet auteur danois mais je n'y ai malheureusement pas été sensible...

Clarabel s'est ennuyée, Bladelor est restée en dehors, et Levraoueg est totalement sous le charme de ce roman qu'elle fait voyager !
Je la remercie par ailleurs pour cet envoi !



Note : **


Editions Gallimard - 14,90€



3/7

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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
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