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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 07:00

Justice dans un paysage de reve 01Nous sommes au début des années 50 dans une province Sud-africaine. Willem Pretorius, un capitaine de police blanc vient d'être assassiné de 2 balles dans le dos, son corps abandonné près de la rivière qui sépare le pays d'avec le Mozambique. Alors que ses 4 fils afrikaners crient vengeance contre les noirs, l'inspecteur Cooper est chargé de l'enquête. Venu de Johannesburg, notre homme doit rapidement trouver des pistes et s'intégrer au mieux à la population locale. Pour cela, il est aidé de Shabalala, un officier zoulou plutôt silencieux. Mais très vite, la pression s'intensifie : la police secrète afrikaner, la Security Branch, vient y mettre son grain de sel et ses agents, prêts à tout pour que l'enquête conduise à la condamnation d'un quelconque opposant à la politique afrikaner, justifiant ainsi bien habilement leur politique raciste.

 

Bienvenue en Afrique du Sud donc, un pays dirigé par le National Party, où tout contact charnel entre blanc et noir est légalement condamné...

Malla Nunn nous plonge dans l'intimité d'un pays où la séparation des races et le racisme fait encore force de loi.

Le contexte de l'époque et l'ambiance tendue entre les communautés est parfaitement rendu. A travers les portraits de ses personnages (femme noire sous la coupe d'un blanc, famille mélangée qui cache son métissage, ...) l'auteur explicite toute la complexité des relations sociales sud-africaines. Le lecteur plonge dans la bienséance chrétienne blanche qui cache de sordides secrets tout comme dans les coutumes traditionnelles des noirs. Noirs et même métisses sont les victimes ordinaires d'un racisme quotidien qui ne se remet à aucun moment en question.  D'autres blancs se voient eux-même ostracisés : le vieux juif du coin qui a fuit les horreurs nazis, l'inspecteur Cooper qu'on traite d'homosexuel. Il ne fait pas bon d'être différent ou de ne pas avoir les origines qu'il faut dans ce pays.

Les communautés noires et blanches sont donc aux antipodes l'une de l'autre et le mélange des deux est impensable. L'habile inspecteur Cooper va devoir pénétrer les deux univers en jouant de prudence et de tact. Très touchant et pudique, l'homme semble avoir un passé tourmenté qui l'assaille de cauchemars récurrents. Cooper est cependant un homme juste et droit qui ne se laisse pas impressionner par la Security Branch et va tenter de mener l'enquête à sa façon en usant de discrétion, de ruse et de patience.


L'enquête en elle-même avance assez lentement. On est loin d'un thriller haletant qui ne lâche pas son lecteur. L'auteur a fait sien le rythme africain où toute chose nécessite un degré supérieur de temps, les infrastructures de l'époque ne le permettant pas non plus (transports limités, routes non carossables, lenteur administrative, absence de téléphone portable, pas d'hopital, ...).Les indices se font rares et la progression de l'inspecteur se fera lente et progressive. Ce dernier va tenter de chercher dans la vie et le passé du capitaine de police Prétorius, le ou les éléments qui justifierait son meurtre. Loin d'être le mari et le père parfait, Prétorius va se révéler plein de mauvaises surprises.

 

Justice-dans-un-paysage-de-reve-02.jpg

 

Vous l'aurez compris, si l'intrigue n'est pas hautement palpitante, elle vaut surtout pour sa représentation sociale et politique d'un pays en plein bouleversement. La justice passe après le respect des lois raciales instaurées par le nouveau gouvernement afrikaner du National Party et peu importe si ce sont les noirs qui trinquent ! L'auteur réussit avec beaucoup de réalisme à plonger son lecteur au sein des différentes communautés raciales où rien n'est jamais vraiment tout blanc ou tout noir (si je puis me permettre l'expression !). Chaque groupe a ses travers, ses moutons noirs, le plus souvent victimes de cette politique de séparation des races qui force le naturel à une coupure contre nature.

 

Justice dans un paysage de rêve est un roman classique mais plaisant qui offre une peinture saisissante d'une époque pas si lointaine où les hommes forçaient les lois pour mieux se séparer et se protéger d'une sauvagerie qu'ils portaient en fait en eux-même. Un bon policier très instructif mais qui peine à se démarquer malgré tout.

 

On notera toutefois la révélation finale sur le passé et l'origine de Cooper qui ne manquera pas d'attirer les lecteurs ferrés vers la suite des aventures de notre inspecteur ! La suite paraitra en 2012.

 

D'autres avis :

Virginie - Leiloona - Choupynette - Kathel - Lili Galipette - Lucie -

 

 


 Titre : Justice dans un paysage de rêve

  Auteur : Malla Nunn

Editeur : Editions des deux terres

Parution : Février 2011

    392 pages 

Prix : 22,50€


 

prix lectrices ELLE

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 14:20

brasiers-01.jpegLucia Moberg, dite Lou, va bientôt avoir 16 ans. Avec son look gothique et ses petites envies d'émancipation, Lou s'essaye régulièrement à voler des cds de musique pour les copines. Mais ce jour-là, Lou se fait repérer et regrettera longtemps les évènements qui suivront et dont elle se sent coupable inconsciemment. Pressant son père de repartir du centre commercial, Lou rejoint la voiture à pas pressés, anxieuse d'avoir été suivie par un vigile. Alors qu'ils s'apprêtent à quitter le parking, un homme vient pourtant les interpeller. Ce dernier abat son père Oscar et laisse une Lou traumatisée sur le siège arrière. Elle l'ignore encore mais c'est le début du cauchemar pour elle. La jeune fille devra faire face à la perte de son père chéri, assumer sa mère qui sombre totalement et affronter bientôt des individus autrement plus dangereux...

Parallèlement à Lou, nous suivons une certaine Tanya qui vit dans une caravane pourrie avec son compagnon Mason. Tanya, enceinte de ce dernier, est une rescapée des bas-fonds. Ancienne droguée, ancienne prostituée, elle tente de sortir la tête de l'eau grace à Mason mais le couple vivote avec difficultés à la frontière de la légalité. Mason trempe secrètement dans des affaires louches et sait se montrer violent avec Tanya.

 

Oubliez la couverture hideuse du livre et les avis dythyrambiques et artificiels d'auteurs célèbres affichés artificiellement sur la 4ème de couverture : premier roman de l'auteur de l'auteur, Brasiers s'avère contre toute attente un excellent roman psychologique à suspense !

Loin d'être un thriller au sens classique du terme, le roman s'attarde plus particulièrement sur les personnages, plutôt que sur l'enquête qui passe au second plan.

Les personnages sont extrêmement bien fouillés et construits. L'auteur nous plonge véritablement au coeur de leurs sentiments en nous faisant pénétrer dans leur intimité. Lou est une adolescente tourmentée qui, en plus de faire face à la mort en directe de son père dont elle se sent coupable, doit assumer sa mère qui ne semble plus capable de se gérer seule. Elle a des sortes de visions "somnanbuliques" qui, en s'appuyant très intelligement sur les contes suédois que lui racontait son père, lui donnent des clés pour découvrir ou comprendre certains faits. Des petits personnages imaginaires interviennent dans son réel pour lui indiquer telle chose, attirer son attention sur tel autre ou la guider de manière générale. Mais Lou est aussi une jeune femme en pleine construction amoureuse et son attirance pour le voisin un peu bad boy d'à-côté semble aussi la perturber.

De son côté, Tanya tente de s'en sortir et son futur bébé lui sert de moteur. Elle s'intérroge parfois sur Mason, son sauveur et a parfois l'intuition qu'il sera aussi l'instrument de sa perte. La vie ne l'a pas épargnée et son malheur semble presque être une fatalité pour cette jeune femme qui est le jouet du destin.

L'enquête sur la mort du père de Lou est dirigée par l'inspectrice Greta et de son collègue Moe. Cette dernière est également fort bien décrite et son passé tourmenté constitue un des élements forts de sa personnalité. Ayant peu assumé l'éducation de sa fille lorsqu'elle était plus jeune, Greta tente de nouer une relation plus intime avec elle. C'est aussi la raison pour laquelle son implication pour sauver Lou est si forte.


Vous l'aurez donc compris, ici, c'est bien les personnages qui ont la priorité et si une enquête a bien lieu, c'est plutôt l'alternance des points de vue et de la narration qui nous permet de comprendre les tenants et les aboutissants de l'histoire, plutôt que la description classique de l'enquête.

Et c'est aussi ce qui fait son point fort. Le récit est très ryhthmé et s'accompagne de nombreux rebondissements. La pression monte petit à petit et le lecteur est vite effaré, de par la noirceur des faits qui se dévoilent petit à petit.On commence sur un meurtre dans un parking qui semble fortuit à un kidnapping qui pourrait se montrer sanglant pour certains. Le final s'avère d'ailleurs un déchainement de violence inattendue et logique à la fois et laissera une héroine seule face à la noirceur d'un monde qu'il lui sera difficile d'accepter tout autant que son propre côté sombre.

 

Brasiers a été véritablement une lecture extrêmement haletante dont il est difficile de se séparer. Le lecteur devient le spectateur impuissant d'une spirale qui entraîne les personnages dans une longue descente aux enfers. C'est un roman à haute teneur psychologique qui montre comment ce monde violent et désespéré peut broyer qui ne se montre pas assez fort pour affronter avec courage un destin pavé de mauvaises intensions. Et face à cet embrasement destructeur, Lou du haut de ses 16 ans apprendra à se construire une vie et un avenir sur les cendres de ses illusions.

Un petit coup de coeur sans aucun doute ! Foncez !

 

 

 

D'autres avis :

Le vent sombre - Passion polar -

 


Titre : Brasiers

Auteur : Derek Nikitas

Editeur : Télémaque

Parution : Novembre 2010

  400 pages 

Prix : 22€


 

prix lectrices ELLE

 

Challenge Thriller

 

 

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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 07:00

 

samedi-14-01.jpgMaurice Lenoir est un retraité bien paisible qui s'est retiré loin de tout dans une petite maison de la Creuse. Il vit du RSA et des légumes qu'il fait pousser dans le jardin, sa seule occupation avec le plaisir de replonger dans le livre "Pierrot mon ami" de Queneau. Son seul contact avec le monde prend forme dans les apéros qu'il prend avec les voisins, couple de petits vieux sans histoires. Tout irait pour le mieux donc si la flicaille n'était pas venu le réveiller en ce samedi 14. C'est que les petits vieux d'à-côté, les Kowa, ont un fils. Un fils qui vient de devenir ministre de l'intérieur. Maurice l'ignorait et voit débouler dans son environnement paisible une armée de policiers de tout poil chargé de protéger ses voisins et de faire le vide autour d'eux. Manque de bol, la police découvre quelques plants de cannabis à l'arrière de son jardin : une bonne raison pour envoyer Maurice au frais quelque temps. Sauf que notre homme déjoue leur surveillance et rentre bien gentiment chez lui. Négociant la possibilité de rester chez lui sous bonne garde en échange de son silence sur la bourde policière, Maurice essaye de s'acclimater à cette présence policière encombrante qui pourrit son paysage et son quotidien. Une pression qui vient réveiller l'eau qui dort...

Car ce que les flics ignorent encore, c'est que Maurice s'appelle en fait Maxime et s'avère être un dangereux terroriste recherché depuis longtemps. Aussi, Maxime prend la fuite et est bien décidé à pourrir la vie de ce ministre qui lui a foutu en l'air les jours tranquilles du reste de sa vie !

 

Les Editions La Branche lancent une nouvelle collection, dirigé par Patrick Raynal, intitulée Vendredi 13. Basée sur le superstitieux thème du vendredi 13, elle sera constituée de 13 romans tournant autour de cette date un peu particulière. Les 3 premiers titres sont le fait de 3 auteurs français variés : J.B. Pouy, Pierre Bordage et Michel Quint. On notera également la grande réussite au niveau de la couverture : fendue en son milieu d'un trou, elle laisse apparaître l'oeil inquisiteur de l'auteur.


Chez Pouy, le vendredi 13 s'avère finalement le jour funeste où le nouveau ministre de l'intérieur est nommé, un jour funeste pour ce dernier même s'il l'ignore encore !

Notre Maurice / Maxime a pris la poudre d'escampette et déjoue les dispositifs policiers, quitte même à les narguer parfois. C'est que, il a été finalement identifié par la police comme LE terroriste recherché activement par la DCRI... L'agent Dormeaux de la DCRI, qui s'est ridiculisé en ne reconnaissant pas l'homme sur l'affaire duquel il travaille de nombreuses années, est pressurisé par son incommodante patronne, Yvonne Berthier qui oscille entre le foutre au placard et l'utiliser pour son enquête et son éventuelle promotion. C'est que la tension monte au coeur de l'Etat : les flics passent pour des incapables et Maxime semble bien décidé à tous les faire chier, le ministre en premier.

Personnage totalement sympathique qui cache derrière sa bonhomie des ressources bien étonnantes, Maxime entraîne son lecteur à sa suite, de cache en cache, de voyages en train improvisés en France à un séjour au pied du volcan Stromboli , muni de fausses identités de secours préparées au cas où. Sa cavale se pimentera même d'une aventure avec la jolie Béatrice qui recèlera en son sein bien des surprises et prouvera ô combien les capacités et l'ironie de notre fuyard ! En même temps que Maxime fait la nique à ses poursuivants, des fuites opportunes commencent à révéler quelques casseroles que le ministre se traînait discrètement. Bref, Maxime fout le bordel et la rancoeur de Dormeaux envers Berthier est loin d'arranger les choses...

 

Vous l'aurez compris, il s'agit ici de l'aventure assez rocambolesque d'un terroriste assagi qui a décidé de rendre la monnaie de sa pièce à ceux qui l'ont impunément dérangé. Maxime s'avère un personnage extrêmement sympathique dont les réparties fumasses ou ironiques sont un vrai festival ! Et de fait, Pouy construit un personnage haut en couleurs qu'il affuble d'un franc-parler populaire et imagé qui s'épanouit dans un luxe d'argot et de synonymes. Les ficelles et l'imagination dont il fait preuve dans ses diverses machinations sont de haut vol et l'auteur réussit à les distiller au fil du récit et à surprendre son lecteur.

Un héros atypique qui n'hésite pas d'ailleurs à citer Queneau dont on retrouve de nombreux extraits dans le récit.

De leur côtés, les flics passent pour des branquignoles, pas foutus de tenir en cage (dont ils ont oubliés de fermer le verrou !) un vieux papy inoffensif ou de reconnaître l'ennemi public n°1.L'ambiance au sein de la police n'est pas forcément très rose. Chacun cherche à tirer la couverture à soi et la vengeance peut parfois amener à retourner sa veste.

L'appareil d'état en prend aussi pour son grade. Le nouveau ministre, qui veut tout contrôler, impose une politique répressive démesurée mais se garde bien de nettoyer dans son pré. Entre malversations et infidélité, les hommes politiques sont loin d'être des enfants de coeur.

C'est donc une intrigue où la critique, sociale ou politique, n'est pas loin et on ne s'en étonnera pas de la part de Jean-Bernard Pouy, écrivain gauchiste reconnu.

On ne s'étonnera donc pas non plus de la sensation toute particulière de déjà-vu qui transpire de ce texte et de sa portée bien contemporaine. Pour ma part, le ministre m'a quelque peu fait penser à Sarkozy et je crois que l'inspiration n'est pas totalement à exclure !

 

Au final, "Samedi 14" s'avère un roman particulièrement jouissif qui manie l'humour noir avec brio et tacle avec plaisir les travers de l'appareil politique tout comme l'attrait du pouvoir à tout prix et de l'argent. Les personnages sont savoureux et l'intrigue surprenante à de multiples égards. Cette histoire écrite par un vieux briscard du roman noir et social est bien évidement à lire ! Moi, je ne suis pas loin du coup de coeur ! (La toute fin ne m'a juste pas complètement convaincue)

Voilà donc qui augure d'une collection de qualité ! Les 3 premiers titres sont sortis ce jeudi 13 (hélas, ça ne sera pas un vendredi !)  alors n'hésitez pas

 

Extrait :


" J'ai aussi eu le temps de me renseigner sur notre nouveau ministre de l'Intérieur, Stanislas Favard, le fiston de Roman et Monique. Qui avait pris, pour fomenter son ambition, le nom de sa mère. De nos jours, il vaut mieux passer pour un creusois qu'un Polack, le chabichou est plus rassurant, dans nos isoloirs, que le bortsch. Ce type était apparemment un genre de requin aux dents longues et à l'haleine de hyène. Grimpette accélérée dans les sphères du pouvoir. Populiste à cran, extrémiste droitier parfois, chrétien de gauche de temps en temps. Réactionnaire se faisant toujours passer pour progressiste. Cinquième maroquin. Sans parler du nombre de marocains qu'il avait déjà faits raccompagner dans leur beau pays. Pour l'instant, une grande partie de notre population de veaux en douce stabulation ne le voyais pas encore comme le grand taureau en chef. "

 

D'autres avis :

Claude Le Nocher -

 

Liens :

Premières pages à lire

Retrouver la critique de Yv pour le roman "Close up" de Michel Quint dans la même collection.

 

 


Titre : Samedi 14

Auteur : Jean-Bernard Pouy

Editeur : La Branche, Vendredi 13

Parution : Octobre 2011

  176 pages 

Prix : 15€ 



 

Un grand merci aux Agents littéraires pour cette découverte !

 


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4 octobre 2011 2 04 /10 /octobre /2011 07:00

deadwood-01.jpgdeadwood-02.jpgNous sommes en 1876, dans la petite ville de Deadwood située dans les Black Hills. Une ville en pleine expansion où tout est encore à faire. Les mines amènent tout un flot de nouveaux arrivants dont un certain Charley Utter, accompagné de Wild Bill Hickok, la légende de l'ouest. C'est à travers les yeux de Charley que nous allons suivre sur 2 ans l'histoire mythique de Deadwood jusqu'à l'incendie qui mit fin à son âge d'or.

 

Deadwood est une ville qui s'est créée illégalement sur un territoire indien. C'est le colonel Custer, qui mourra peu après dans la bataille de Little Big Horn, qui a découvert les gisements d'or entraînant ainsi l'arrivée massive de prospecteurs qui mourra bientôt . Quand le lecteur débute le roman, il va découvrir la ville avec l'arrivée de Charley et de Wild Bill. Cloaque de boue et d'immondices, la ville présente plusieurs maisons closes, bars à foisons, un quartier chinois de seconde zone, un théâtre tout de même et de nombreux magasins à destinations des chercheurs d'or.

 

deadwood-03.jpgDeadwood en 1876.


Maintenant, il faut souligner que ces Willd Bill et Charley, comme bien d'autres personnages dans le roman, ont réellement existés. En effet, Pete Dexter s'est appliqué ici à retranscrire de manière totalement réaliste l'époque avec ses habitants, son histoire et nous offre finalement ici un roman historique.

Certains auront bien évidemment reconnu le célèbre Wild Bill Hickok, as de la gachette, qui rencontrera la mort à Deadwood sous la personne de Jack Mc Call. Loin des étoiles de la légende, il est présenté ici comme un homme presque aveugle et dont la maladie l'empêche de pisser. Plus loin, c'est Calamity Jane que nous croiserons. Loin de l'image d'Epinal de femme intrépide, Jane Canary est ici une âme paumée qui fabule sur un mariage imaginaire avec Wild Bill et noit son désarroi dans un alcoolisme notoire. D'autres personnages se joindront à la liste (Seth Bullock, Sol Star, ...) mais nous nous arrêtrons sur Charley Utter, ami de Wild Bill dont l'histoire ne connait pas grand chose mais qui s'avère être le narrateur de cette histoire. Une histoire fort dense donc qui regorge d'une foule de personnages secondaires qu'il n'est pas toujours aisé de suivre.

Il y a des chercheurs d'or qui espèrent trouver fortune, il y a les tenanciers de saloon qui appâtent le client à l'aide de prostituées, il y a des putes chinoises qu'on traite comme des chiens, il y a le fou qui tient les bains publics et possède à son actif une impressionnante liste de tentatives de suicides. Il y a les rixes, les bagarres, les compromissions, le racisme ordinaire envers les noirs et les indiens. Il y a les agressions gratuites, les vengeances.


Deadwood se revèle ainsi le portrait croisé de dizaines de personnages qui tous contribuent à donner une couleur forte à ce récit qui oscille entre petite histoire et grande histoire.

Le portrait de la ville et de ses habitants est dense, fouillé, nourri de vastes recherches historiques qui fait coller le roman au plus près de la vérité historique. Le lecteur erre dans une ville corrompue où la violence et le pouvoir fait loi. La folie de certains personnages annonce la chute prochaine de la ville mais même les plus fous ont parfois plus de lucidité que les autres hommes...

Le rythme de la narration est lent et sur 600 pages peut parfois un peu lasser. Pourtant, Deadwood va bien plus loin que le portrait d'une ville mythique du Far West.

Véritable condensé de vie western qui fait l'impasse sur la plupart des clichés, la ville symbolise l'Amérique toute entière. Les filons aurifères ont provoqués une vague d'enthousiasme qui fait naître une vague d'optimisme dans la population. Avant que sa population ne sombre dans le mal, l'égoisme, la violence et ne détruise elle-même la ville qui devait leur apporter le rêve... A méditer.

 

En tout cas, Deadwood est un vrai grand roman américain dans tous les sens du terme. Les amateurs de western, d'Ouest américain, de grande fresque historique y trouveront leur bonheur. Ceux qui cherchent un vrai polar passeront leur chemin : il s'agit plus d'un roman noir historique, vous l'aurez compris.


 

A noter :

Les connaisseurs noteront qu'il existe également la célèbre série TV Deadwood.

Pour ma part, ce fut la frustation de terminer le visionnage de cette série inachevée qui m'a poussé à entamer le roman. Basée sur le roman, sachez qu'elle n'a pourtant strictement rien à voir.

Les éléments et les personnages sont en majorité les mêmes mais c'est comme s'ils avaient été mis dans un shacker pour donner totalement autre chose. Aussi les amateurs du charismatique Al Swearinger et ses innoubliables "Cocksucker" seront déçus !

 

Extrait :

 

 " Ils arrivèrent par le sud. Un cañon, long et étroit, creusait la montagne, en suivant la rivière Whitewood, et là où il y avait un espace suffisant pour y planter un panneau indiquant une ville, commençait Deadwood. On était le 17 juillet, à midi. La bourgade semblait faire des kilomètres de long sur seulement quelques mètres de large, et elle était pour moitié constituée de tentes. La Whitewood la traversait d’un bout à l’autre et, à l’extrême sud, elle faisait sa jonction avec un cours d’eau moins important, la Deadwood. La rue principale était tapissée d’une couche de boue d’un pied de profondeur, à laquelle se mêlaient tous les détritus de la création.
Les collines qui délimitaient la ville étaient dépourvues de végétation vivante, mais des milliers d’arbres morts aux troncs noircis gisaient pêle mêle sur le sol.
-Qu’est-ce que tu en penses ? demanda Bill.
Assis bien droit, il tenait les rênes et répondait aux saluts par un signe de tête. La nouvelle de son arrivée se répendit dans la ville avant qu’il ait parcuru cent mètres.
-Ca me fait penser à la Bible, dit Charley.
A mesure qu’ils avançaient, la boue s’agglutinait sur les roues et les sabots des mulets, puis se détachait sous son propre poids. La traversée de Main Street dura près d’une heure ; Bill était obligé de s’arrêter pour serrer des mains, et il accorda même une interview à un journaliste du Black Hill Pioneer. Bien qu’il fût un chaud partisan de la presse, Charley fit la grimace en apprenant qu’il existait déjà un journal à Deadwood.
En remontant vers le nord, la population changeait. Des putains, des voyous et des joueurs se tenaient sur le seuil des maisons, un verre à la main, ou tirant des coups de feu en l’air. Ce faubourg s’appelait le bas-quartier, et c’est là que firent halte les chariots des prostituées. L’environnement était assez minable, mais Charley trouva que les dames de l’endroit étaient plus attirantes que la cargaison qui arrivait. Il en vit quelques unes aux fenêtres, qui étaient pratiquement nues.
-A quel passage de la Bible ? demanda Bill à Charley quand ils se retrouvèrent seuls.
-Quand Dieu se met en colère. » "

 

 


Titre : Deadwood

Auteur : Pete Dexter

Editeur : Gallimard, La noire

Parution : Janvier 1994

  480 pages 

Prix : 22,87€

 

Editeur : Gallimard, Folio policier

Parution : Février 2007

  605 pages 

Prix : 8,90€


 


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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 07:00

poete-de-gaza-01.jpg

Nous sommes en Israël, un pays où la tension entre arabes, palestiniens et juifs est toujours autant d'actualité. Le narrateur (dont nous ne connaîtrons pas le nom) est un agent des services secrets israéliens. Chargé de déjouer les attentats suicides, son service est à cran depuis qu'un suspect susceptible de tout faire sauter a été identifié. Son implication est telle qu'il délaisse depuis quelque temps sa femme et son fils pour se consacrer à plein temps à son travail. Planques nocturnes, interrogatoires musclés, coups de fil à toute heure, absences du domicile plusieurs jours à la suite, la vie n'est pas simple.

Notre agent est, de plus, chargé d'une autre mission : il doit s'infiltrer auprès d'une romancière israélienne, Dafna, pour se rapprocher du fils d'un de ses amis, tueur patenté.

 

La 4ème de couverture annonce un "thriller captivant" : oubliez-ça. Loin d'être un de ces récits trépidants, il s'agit plutôt ici d'un roman noir qui nous plonge dans la noirceur et les difficultés d'une société qui vit au quotidien avec la violence. A travers le narrateur qui navigue entre le monde civil et les terroristes, voici le portrait sans concession d'un homme noyé sous ses contradictions, à l'image du pays qu'il habite.

 

Le lecteur suit le quotidien de cet agent qui s'organise donc entre ses différentes missions et obligations. D'un côté, il se fait passer pour un apprenti-écrivain qui cherche à apprendre auprès de Dafna les clés de l'écriture. Peu à peu, au fur et à mesure de leurs cours, il se rapproche d'elle et noue des liens affectifs. Le but : la mettre en confiance pour pouvoir lui proposer d'organiser le retour en Israël de son ami Hani coincé à Gaza, mourant du cancer, et surtout de son fils, militant palestinien. En échange, l'agent s'engage à sauver le fils de Dafna des profondeurs de la drogue et de des dettes contractés auprès de trafiquants. Une charge supplémentaire à un homme qui n'en manquait pas.

Car mis à part, ces séances hebdomadaires, le narrateur est mis sous pression : il doit absolument débusquer le futur poseur de bombes. Les interrogatoires se succèdent et se terminent mal pour certains. Notre homme est quelque peu écarté et se doit de passer chez le psy. Ce dernier le vis mal, surtout que sa femme tente désespérément de l'éloigner un peu du travail pour qu'il se consacre un peu plus à sa famille.

  poete-de-gaza-02.jpg

Au final, il s'agit ici d'un homme ordinaire, ni surhomme, ni je m'en foutiste qui tente de se battre et d'apporter la paix... en usant parfois de violence. Un homme devenu presque une machine sans états d'âme afin de mener à bien son objectif d'éliminer les terroristes. Un homme qui a dû enfouir ses propres émotions pour mieux affronter le monde. Un homme qui se bat au quotidien pour la sûreté de civils qui le lui rendent parfois bien mal. Paradoxalement, sa femme lui reproche son absence sans comprendre qu'il le fait aussi pour la sécurité de sa famille.

 

" J’ai jeté ma serviette sur la table et j’ai dit quelques choses sur le fait que je les protégeais, elle et toutes les enflures merdiques assises autour de nous, que je leur évitais de se retrouver en fin de soirée transformées en chair à saucisse dégoulinante sur les murs, laissées aux bons soins des gars de l’unité d’identification des victimes d’attentat."

 

Lui-même s'est perdu et a oublié ses valeurs dans l'engrenage policier. Il est presque honteux de celui qu'il est devenu.

 

" J’avais honte de moi et les paroles qui sortaient de ma bouche me dégoutaient à tel point que le suspect assis en face de moi m’a paru, lui, d’une grande dignité. Si jamais je me retrouvais dans sa situation me suis-je encore dit, j’espère que j’aurai la force de me conduire comme lui. "

 

Ancien pacifiste, il use aujourd'hui de la violence comme ceux contre lesquels il se bat. Étrange paradoxe.

Sa mise à pied, ses visites à Dafna, sa présence auprès du poète mourant, le départ probable de sa famille à l'étranger provoquent en lui questionnements et remise en question. Il perd ses certitudes et se sent totalement déstabilisé, essayant de se raccrocher à ce qu'il connaît.

Bref, c'est à une vision très désabusée que nous avons de l'homme et même d'Israël. Le pays est en guerre depuis tant d'années qu'on en oublie la date de commencement. La population se débat avec les risques quotidiens, se déplace en passant des barrages policiers. Les jeunes sans espoir qui n'attendent plus rien du futur tombent dans la drogue et se fichent de la famille.

 

poete-de-gaza-03.jpgVoilà donc un roman plutôt différent de ce que l'on lit habituellement, pourtant je ne suis pas totalement rentrée dedans. Israël est peut-être un univers qui m'est un peu lointain et peu attirant (malgré un voyage qui date de ma jeunesse). Peut-être qu'il me manquait des clés historiques pour en apprécier toute la finesse. Je m'attendais à un vrai roman policier mais c'est plutôt à un portrait de la société israélienne auquel j'ai eu droit. Un portrait intéressant mais qui m'a laissé un goût d'inachevé. Car nous découvrons tout sous le prisme de l'agent et le récit se limite finalement à son propre quotidien. J'aurais aimé que l'incursion dans la société israélienne soit plus prononcée. Si le portrait psychologique est assez bien amené, j'aurais également souhaité aller un peu plus en profondeur.

Le rythme de l'intrigue est donc assez lent : pas de gros rebondissements même si l'on sent que la pression sur les épaules du narrateur s'accentue. La conclusion du roman ne m'a pas non plus totalement convaincue. Ne refermant pas totalement les faits, il laisse un goût amer dans la bouche, reflétant en ça certainement les sentiments du personnage principal.

 

Le poète de Gaza est donc le portrait d'un homme en pleine remise en cause, d'une génération déçue qui a dû sacrifier ses aspirations de paix, ses espoirs pour assumer le quotidien. Un roman qui pose de nombreuses questions sur l'avenir d'un pays et de ses habitants. Un avenir dont il reste tout à construire.

Un roman sans manichéisme qui ne m'a pas totalement emballée mais qui me semble important à lire pour tout ce qu'il montre sur les relations israélo-palestiniennes et sur la complexité de se situer dans le conflit en gardant ses valeurs et sa propre humanité.

 

D'autres avis :

Claude Le Nocher - Lucie - Leiloona

 

Liens :

Premières pages à lire

 

Photos : ©Steeve Iuncker

 


Titre : Le poète de Gaza

Auteur : Yishaï Sarid

Editeur : Actes sud, Actes noirs

Parution : Janvier 2011

  220 pages 

Prix : 20€


prix lectrices ELLE

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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 07:00

croque-mort-a-la-vie-dure-01.jpgcroque-mort-a-la-vie-dure-02.jpg

Hitchcock Sewell est croque-mort de son état. Une vie somme toute classique malgré les apparences : il travaille avec sa tante dans l'entreprise familiale, est célibataire mais a gardé de bons contacts avec son ex-femme, a un chien nommé Alcatraz. Pourtant sa vie va prendre un tour inattendu lorsqu'une belle jeune femme bien gaulée se présente à l'occasion de funérailles. Fortement perturbée, Hitch prend en charge la belle Carolyn James avant de la voir disparaître. Quelques jours, c'est pourtant une autre Carolyn James qui git morte, dans son salon funéraire... La fausse Carolyn se révélera peu après à lui : il s'avère que Lady X, comme la surnommait Hitch, se nomme en fait Kate Zabriskie, est inspectrice de police et qu'elle va bientôt embarquer notre croque-mort dans une sacrée histoire.

 

Voilà un polar qui prend pour héros un personnage fort original de croque-mort. Voilà un bonhomme que la mort ne devrait pas effrayer. Mais à contre-pied de sa profession, Hitch s'avère un personnage extrêmement positif qui porte un regard cynique sur le monde. On ne compte pas les passages où le sieur plaisante ou fait preuve d'auto-dérision.

 

"Je me rendis au bassin de retenue de Loch Raven, à environ une demi-heure de voiture, me garai à un embranchement de la route, marchai quatre cents mètres vers les falaises, ôtai mon boxer et plongeai. Dans mon imagination, c'était un plongeon tarzanesque parfait, puissant, droit et souple. Plus objectivement, je devais avoir l'air d'une grosse grenouille catapultée du haut de la falaise."


"On m'assura à chaque fois que le pompier retraité avait été "un brave homme". C'est assez courant. Il n'y a que des braves illuminés pour venir vous susurrer à l'oreille que le mort était un ignoble fils de pute."

 

Kate, au contraire, est un personnage torturé dont le passé semble conduire la vie. Prête à tout pour arriver à ses fins, elle n'hésite pas à frôler l'illégalité.

Les autres personnages secondaires sont tout aussi intéressants : le metteur en scène un peu à côté de la plaque, l'ex-femme de Hitch voluptueuse et un peu barrée, la faune des comptoirs de café, etc...

Bref, le tableau est plutôt riche, plaisant et haut en couleurs.

 

croque-mort a la vie dure 03
Du côté de l'intrigue, le lecteur va plonger dans le monde politique. Kate enquête pour le compte d'un politicien de sa connaissance qui serait victime d'un maître-chanteur alors qu'une élection se prépare. Un tueur qui n'aurait pas hésité à éliminer la vraie Carolyn James qui en savait sûrement trop. Aidée de Hitch qui en pince pour la belle, son enquête progresse lentement. Et c'est peut-être ce qui pêche dans cette histoire. Le démarrage est lent, l'histoire avance mais pas de façon trépidante. Seules les réparties cinglantes de Hitch amène un peu de rythme. Malgré le retournement final, l'intrigue n'est pas franchement originale. Certaines scènes valent quand même leur pesant de cacahouètes, comme celle où l'on voit un "méchant" abattu par un vieille barque accrochée au plafond et remplie de bouteilles vides et autres joyeusetés. Au final, une enquête sympathique avec son lot de découvertes et d'avancées.

 

Le croque-mort à la vie dure présente donc son lot de personnages attachants et un humour qui fait mouche mais pêche un peu par une intrigue un peu longue qui peine à se mettre en place.

Il faut noter que ce roman est le premier d'une série avec notre croque-mort, on peut donc raisonnablement se dire que les suivants élimineront ces quelques défauts. J'ai pris néanmoins plaisir à cette lecture et retrouverais avec plaisir son charismatique héros !

 

 

D'autres avis :

Manu, généreuse donatrice que je remercie ! - Niki -

 

 


Titre : Le croque-mort à la vie dure

Auteur : Tim Cockey

Editeur : Alvik

Parution : Mars 2004

  350 pages 

Prix : épuisé

 

Editeur : Points Seuil

Parution : Janvier 2005

  401 pages 

Prix : 7,50€


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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 07:00

sur-nos-cadavres-01.jpgLe colonel Vincent de Moulerin vient d'être assassiné sur un parking de Marseille. Pour le commissaire Arnal, il est évident qu'il s'agit d'un meurtre forfuit et il demande bien vite au lieutenant Emma Govgaline de boucler l'affaire dans ce sens. C'est que des règlements de compte à répétition dans le milieu mafieu marseillais agitent la ville et qu'il serait de bon ton d'y mettre de l'ordre. Emma se charge donc de l'enquête et, troublée par le propre passé de son père, commence à s'intéresser à celui de l'ancien militaire. Elle soupçonne un profil de facho derrière le conseiller municipal droit et sans taches, et un meurtre de vengeance. Mais la vérité est bien compliquée que ça...

Aidée de Clovis Narigou, un ancien amant, et de ses contacts, Emma va enquêter sur le passé trouble de Vincent de Moulerin. Grâce aux information de Mario crescensi, un ancien journaliste, elle apprend que ce dernier est un ancien para qui a fait la guerre d'Indochine avant de rejoindre l'Algérie et les rangs de l'OAS. Quelques années plus tard, c'est en Argentine que l'on retrouve le colonel. Son itinéraire n'est pas totalement clair et des zones d'ombres subsistent.

 

Maurice Gouiran est un auteur qui vit près de Marseille et situe ses polars dans la cité phocéenne. Néanmoins, loin d'être un de ces polars régionaux trop caricaturaux, Sur nos cadavres, ils dansent le tango nous emmène dans le sillage de l'Histoire entre Algérie et Argentine.

Le lieutenant Emma est une fille un peu atypique, androgyne et gothique, qui semble torturée par son passé. Son histoire d'amour avec Rosy semble être en fin de parcours tandis que ses aventures avec Clovis ne semblent pas complètement closes. N'étant pas marseillaise d'origine, elle n'hésite pas à critiquer et à fuir ce qui fait l'identité de la ville.

 

" [Emma] […] regrettait parfois d’être aussi éloignée des Marseillais. En fait, elle n’appréciait guère cette ville, braillarde et superficielle, dont la vie n’était ponctuée que par des règlements de compte ou des hurlements jaillissant du Stade Vélodrome. Ici, on ne semblait exister qu’à travers un club de football et nourrir son orgueil de buts et de victoires. […] Elle avait largement critiqué, auprès des uns et des autres, cette apparence de fraternité qui réunissait au creux d’une arène surchauffée les chômeurs des virages et les pontes du crus dégustant des coupettes dans les loges. Une fois la folie fiévreuse du samedi soir passée, le lundi matin les premiers se retrouvaient dans les salles d’attente des Pôles emploi tandis que les seconds, confortablement installés dans leurs limousines teutonnes, regagnaient leurs bureaux directoriaux. […] Pour elle, l’animation culturelle, les installations sportives et surtout le niveau d’une politique locale imbibée de clientélisme conféraient à la cité phocéenne le rang de première ville du tiers-monde. "

 

" Elle se demandait comment l’on pouvait proclamer aussi haut et aussi fort que l’on était fier d’être Marseillais, alors que l’OM appartenait à des Suisses, était entraîné par un Basque et ne comptait aucun enfant du pays dans son large effectif."


Ses recherches sur De Moulerin nous conduisent en effet, dans un premier temps, en pleine guerre d'Algérie où le colonel aurait pratiqué la torture qui était de norme à l'époque. La guerre fait rage et de nombreux attentats ont lieu. L'auteur, pour illustrer son propos, n'hésitera pas à s'arrêter plus particulièrement sur le massacre, fin 1962, de tous les responsables des Centres Sociaux Educatifs en pleine réunion au chateau Douïeb, fusillés de sang froid par un commando de l'OAS. De moulerin faisait-il partie des tueurs ? La question se pose. Ce dernier aurait par la suite rejoint l'Espagne où il aurait rencontré sa femme, serait devenu père d'Antoine, qui gère désormais une bonne partie de ses affaires, et n'aurait rejoint la France que bien plus tard. Néanmoins, il s'avère que De Moulerin a passé une partie de ces années mystérieuses en Argentine. Comme de nombreux anciens membres de l'OAS, De Moulerin y a été envoyé pour former la milice locale aux techniques d'intimidation et de torture apprise en Algérie...  Nous voilà alors entrainés dans les dessous de la dictature de Videla et de sa répression sanglante.

 

sur nos cadavres 02Manifestation de mères de disparus.

 

De son côté, Kévin, petit-fils de De Moulerin, fait ses propres recherches. Petit génie de l'informatique qui a décidé de ne plus quitter son écran et sa chambre, est vu comme un raté par son propre père. Adepte de Second Life, il a pourtant développé son propre business virtuel qui lui rapporte de grosses sommes d'argent. C'est le test d'un logiciel de morphing qu'il a créé lui-même qui va tout entraîner. Testant les visages familiaux sur sa création, son logiciel découvre une correspondance avec un argentin disparu, un de ses desaperecidos, victime de la dictature. De fil en aiguille, le jeune garçon va faire de surprenantes découvertes au sujet de son père et son grand-père...

 

Vous l'aurez compris, l'enquête sur le passé de De moulerin devient bien vite secondaire pour mieux nous

plonger dans les méandres de l'histoire totalitaire. La narration alterne entre Emma (et ses contacts) et Kévin, et le lecteur découvre peu à peu les découvertes de chacun.

On reconnaît ici un gros travail de recherche sur l'Algérie française et sur la dictature argentine et c'est certainement le gros atout du roman. Les faits sont précis, fouillés et s'insèrent parfaitement dans la trame du roman. La narration de l'époque se fait parfois même au présent renforçant ainsi le réalisme et l'émotion que de tels faits historiques ne manquent pas de nous plonger. On vivra par exemple la fameuse coupe du monde de Football en argentine de 1978, retranscrite ici avec brio et originalité, oscillant entre liesse générale et atrocité des emprisonnements arbitraires.

Si De Moulerin reste un personnage imaginé, le lecteur aura bien compris que l'existence de ce type de militaire est plus que probable. Gouiran dénonce ici avec brio des périodes noires de l'Histoire, en rappelant à notre bon souvenir des faits inconnus ou oubliés. 

Il n'en est pas moins proche des réalités actuelles. Réfugié dans Second Life, Kévin est complètement coupé de sa famille et des réalités quotidiennes. Il prend son repas dans sa chambre et a des relations sexuels par l'intermédiaire de son ordinateur. Ses tentatives de communication avec sa famille sont chaque fois vouées à l'échec, par sa maladresse et le manque d'affection et de reconnaissance de ses parents. Ressemblant aux Ikikomori japonais, il rejette le monde actuel et ses affres pour se réfugier dans un univers virtuel confortable.

 

"Kevin ne savait pas, ne savait plus ce qu’était la vie réelle, celle que menait sa famille. Il n’avait plus qu’un souvenir diffus d’un espace terrestre ravagé par la rapacité, la violence, l’intolérance, l’animosité, la frivolité, le mensonge, l’égoïsme… Bien entendu, il lui fallait manger et boire pour vivre. Il évoluait dans un espace où le virtuel et le réel s’interpénétraient constamment. Le frigo l’alimentait en coca et sucreries, Second Life lui offrait la liberté et l’indépendance, loin des contraintes matérielles. Il pouvait aller où il voulait, fréquenter qui bon lui semblait, faire l’amour aux filles rencontrées, voler comme un oiseau où se téléporter vers d’autres continents. C’était enivrant… "

 

sur nos cadavres 04Affiche pour le boycott du Mondial de Football en Argentine

 

Si la partie historique porte le roman, ce dernier n'en est pas moins exempt de défauts.

Le lieutenant Emma manque totalement de densité et de charisme. Au final, on ne sait quasiment rien d'elle, même son aspect physique qui semble en intriguer plus d'un reste assez énigmatique. Peut-être faut-il avoir lu les autres opus de l'auteur pour mieux la cerner ? La manière dont elle abandonne quelque peu la partie sur De Moulerin, après des recherches obsédantes ne semble pas totalement crédible. Cela sert plutôt à donner plus d'espace à la parole de Kévin et surtout à amorcer la fin qui se conclue sur une pirouette scénaristique surprenante mais un poil tirée par les cheveux.

De son côté, Kevin m'a aussi semblé parfois peu réaliste. Je veux bien croire qu'on peut trouver de nombreuses choses sur internet sans sortir de chez soi mais certains éléments découverts m'ont semblé fort improbables comme les détails précis de la vie d'un desaperecidos avec son identité par exemple. Rien n'indique par ailleurs que l'adolescent parle couramment l'espagnol et puisse décrypter et éplucher les millions d'archives sur le sujet.

 

Malgré ces quelques bémols, je vous encourage malgré tout à découvrir Maurice Gouiran car la manière dont il évoque des faits peu glorieux de notre histoire nationale et mondiale en dénonçant à mots couverts l'immobilisme ou même la dissimulation de certains dirigeants fait froid dans le dos. Si l'intrigue policière en elle-même semble un peu légère, on se passionne pour l'arrière-plan historique qui finit par avoir le rôle principal dans ce roman. Une tendance déjà initiée dans son précédent roman Franco est mort jeudi, qui se situe en pleine guerre d'Espagne. A découvrir, vraiment !

 

Liens :

Les Éditions Jigal

 

Merci aux Agents Littéraires pour cette découverte !

 


Titre : Sur nos cadavres, ils dansent le tango

Auteur : Maurice Gouiran

Editeur : Jigal

Parution :Mai 2011

272 pages

Prix : 18€


 

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 07:00

moscou-cour-des-miracles-01.jpgMaya, 15 ans, a pris un train qui l'amène à Moscou. Munie d'un simple baluchon, elle voyage avec son bébé et tente de ne pas se faire remarquer. Alors qu'un soldat tente de l'agresser, une dame affable la sauve et la prend en charge. Maya s'endort enfin apaisée. Mais à son réveil, la dame a disparue et son bébé avec ! Paniquée, Maya erre dans la gare puis tente de contacter la police. Ces derniers, soupçonneux, ne la croient pas et tentent de l'emprisonner. Réussissant à s'enfuir, elle finit par être prise sous l'aile du jeune Zenya, un ado des rues débrouillard.

Parallèlement, l'inspecteur Renko est confronté au décès d'une jeune femme dans une vieille caravane. Alors que son boss le pousse à conclure cette enième affaire de prostituée morte par overdose, Renko pousse les investigations pour ce décès qui ressemble à un meurtre.

 

Voilà un polar bien sombre qui nous transporte dans la Russie poutinienne bien tourmentée. Aucune concession n'est faite dans ce portrait moscovite qui n'épargne personne : prostitution, corruption, misère, etc...

Martin Cruz Smith réussit avec brio à dépeindre avec réalisme une ville noyée sous les problèmes politiques, économiques et sociaux.

 

moscou-cour-des-miracles 02Kazanskiy station, l'une des 3 gares de la place Komsomolskaia

 

Un pays où les parents vendent leurs enfants, où les orphelins doivent s'organiser en bandes pour survivre dans la rue, où les corruptions de tout ordre aident à enterrer des histoires bien dérangeantes ou à obtenir des informations ou des appuis. Un pays communiste qui s'est perdu dans un capitalisme à outrance où la pauvreté la plus extrême cotoient le luxe tapageur. Comme son titre l'indique, Moscou est une vraie cour des miracles où chacun cherche à survivre comme il le peut en écrasant son voisin ou en l'ignorant.

L'inspecteur Renko, lui-même, est plutôt mal loti. Il conduit une vieille Lada pourrie, interdite de stationnement dans certains quartiers riches (!). Il camoufle l'alcoolisme avancé de son collègue et n'hésite pas à outrepasser les ordres de sa hiérarchie, au risque d'être menacé de suspension et de se retrouver à la rue le lendemain. A ses côtés, nous allons passer des soirées luxueuses des riches oligarques aux banlieues misérables où le peuple s'entasse.

Son petit protégé Zenya, est un enfant des rues, qui se planque solitairement dans un casino abandonné. Il vit de menus larcins et de sa passion pour les échecs qui lui permet de remporter des parties payantes. Attiré par Maya et ému par sa quête désespérée de retrouver son bébé, il tente de l'aider malgré le mystère que laisse planer la jeune fille sur son passé. C'est dans le quartier miteux des Trois gares que les 2 jeunes nous baladeront nous faisant découvrir l'abysse de la misère et de la criminalité.

 

moscou-cour-des-miracles-06.jpgEnfants des rues moscovites


Vous l'aurez compris, rien n'est rose dans ce roman qui va osciller entre ces 2 intrigues qui ne vont jamais vraiment se rejoindre malgré les quelques passerelles qu'il y a entre elles.

L'auteur donne un langage tout aussi noir à ses personnages qui n'hésitent pas à faire dans l'humour et l'ironie, et dans le parler populaire. Le propos est dur, la violence reste quotidienne et n'épargne pas les enfants, parfois tués pour de mauvaises raisons.

La critique contre le pouvoir en place s'avère elle aussi assez violente et le constat franchement négatif.


Des personnages attachants, une construction intelligente et un portrait réaliste et vivant de la Russie contemporaine : il n'en faut pas plus pour faire de Moscou, cour des miracles, un excellent polar qui m'a, pour ma part, passionné ! Je vous le recommande !

 

" La routine. Il était du genre triste et timide. Un suicide est un suicide. Non se dit Arkady. Entre de bonnes mains, un suicide est un meurtre. "

 

" Arkady se demanda si la mort compenserait une vie entière de manque de sommeil "

 

D'autres avis :

Nahe -

 

A noter :

On peut retrouver l'inspecteur Renko dans 6 autres précédent romans...

Je sais ce qu'il me reste à faire... :)

 

moscou-cour-des-miracles 04

 

moscou-cour-des-miracles 05

 

Merci à Newsbook pour cette formidable découverte !



Moscou, cour des miracles

Martin Cruz Smith

Editions Calmann Lévy

Coll. Robert Pépin présente

Mai 2011 - 272 pages - 19,50€


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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 07:00

mygale-01.jpgRichard Lafargue est chirurgien esthétique. Il vit avec une certaine Eve qu'il tient enfermée dans sa chambre. Soumise et à la fois rebelle, la jeune femme semble souffrir de crises de violence qui justifie le fait qu'elle soit prisonnière. Pourtant, Richard est très perturbé aussi. Leur relation semble malsaine. Entre amour et dégoût, il force Eve à se prostituer et se délecte de la voir souffrir. Le quotidien du médecin est rythmé par son travail et ses visites régulières à une certaine Viviane.

 

Alex vient de réaliser un casse de banque. Un flic a été tué et le garçon est désormais en fuite, naviguant de planques en planques. Les heures d'attente sont l'occasion de se remémorer les bons moments du passé avec un de ses amis, disparu depuis plusieurs années.

 

Vincent, lui, est parti un soir sur sa moto. Alors que quelqu'un le pourchasse, il s'enfuit dans les bois où son poursuivant le rattrape. Il se réveille enfermé dans une cave aux côtés d'un ravisseur qu'il surnomme Mygale.

 

Vous l'aurez compris, ces 3 intrigues finiront par n'en faire qu'une à l'issue d'un long cheminement où les clés seront données avec parcimonie au lecteur. Une plongée dans l'horreur psychologique l'attend...

 

Voilà un roman à haute teneur psychologique ! Les 3 intrigues se déroulent lentement et le lecteur peine au début à trouver ses marques tant rien ne semble relier Lafargue à Vincent et Alex. La montée en puissance se fait de manière très subtile. Quelques élements sont distillés ici et là, on sent que quelque chose pointe sans réussir à y mettre le doigt. Pour ma part, je n'ai rien vu venir et ce n'est que très tard, à la toute fin du roman que la compréhension s'est faite. Et là : quelle claque !! Toute l'horreur des faits vous saute au visage sans que vous puissiez vous y préparer. Difficile de vous en dire plus sans révéler tout ce qui fait l'intérêt de cette histoire.

 

Sachez en tout cas que ce roman provoque malaise chez son lecteur tant par l'ambiance mystérieuse et malsaine qui est donné tout au long du récit que par la révélation finale qui nous montre à quelles extrémités un homme peut tomber, aveuglé par la souffrance, la vengeance et même la folie.

 

Mygale est un roman percutant et terriblement ingénieux dans sa narration et dans le portrait psychologique de ses personnages. J'ai vraiment été bluffée par ce polar qui date de 1984 et n'a rien perdu de sa force ! Découvez-le sans attendre, si ce n'est pas encore fait !

 

D'autres avis :

Ys - Saraswati - Pimprenelle - Calypso - Stephie

 

A noter :

Une adaptation ciné du roman vient d'être réalisé par Pedro Almodovar avec Antonio Banderas et devrait sortir sur nos écrans en Novembre 2011.


 

Mygale

Thierry Jonquet

Editions Gallimard, Série noire - 1984 - épuisé

Editions Folio - 1995 - épuisé

Editions Folio - 2011 - 160 pages - 5,70€

 

 

Challenge Thriller

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 07:00

jeu-de-l-ombre-01.jpgMalko Swann est un musicien célèbre qui porte sa notoriété comme un étendart. Profitant de son statut, il collectionne les filles, groupies faciles, pour mieux les jeter le lendemain. Seul Jack, son meilleur ami, est le pilier qui reste à ses côtés.

Pourtant, un jour, la chance semble avoir tourné. Malko, gorgé de vitesse et de cocaine, se fracasse en voiture sur le Pont du Diable et tombe dans le ravin. Il en ressort miraculeusement sans grosses blessures mais découvre peu après qu'il est désormais incapable d'entendre la musique. Un traumatisme que les médecins ont du mal à expliquer, le jeune homme n'étant pourtant pas sourd. Perturbé depuis son accident, Malko ressent d'étranges sensations. Parfois paralysé, il entend une voix qui lui chuchote à l'oreille. Parfois, il a comme des hallucinations, découvrant un chien ou un homme à ses côtés. Il lui arrive même de réentendre quelques notes. Mais tout s'emballe, quand ce dernier découvre un matin que la fille avec qui il a passé la nuit a été sauvagement assassinée. La peur devient son quotidien. Malko devient-il fou ou quelqu'un veut-il jouer avec lui ?

 

A force d'avoir lu quelques critiques positives sur cet auteur, j'ai fini par céder à une offre de partenariat pour découvrir l'auteur. Malheureusement, je dois dire que je ne suis pas du tout convaincue...

Le récit se construit autour de 2 intrigues : celle de Malko, précédement citée et celle d'une enquête policière autour d'une jeune femme dont le corps sauvagement brutalisée vient d'être repêché par la police. On y suit l'enquête du commandant Vauvert et de ses lieutenants. L'un d'eux semble d'ailleurs cacher quelques secrets qui le lie à un certain Charles Belleville, politicien fort en vue. La police remonte la piste d'un suspect et découvre que la morte aurait assistée à un concert de Malko avant de disparaitre.

Les 2 histoires alternent et suivent leur cours avant de se rejoindre bien plus tard.

Alors que l'enquête policière avance de manière classique avec preuves et un peu d'action, la narration liée à Malko, elle, avance difficilement. On suit Malko depuis son accident, on assiste aux faits quelques peu incompréhensibles auquel il est soumis mais finalement tout ça fait pas mal de sur-place. On aimerait avoir quelques clés de compréhension qui tardent à venir et finalement on assiste de manière détachée à la nouvelle vie du musicien.

Car Malko est plutôt un homme détestable, un connard égocentrique bourré de fric qui consomme les filles comme de la viande. Aucune compassion pour cet homme que l'auteur ne réussit pas à nous faire aimer. En effet, la psychologie du personnage est survolée. Si on assiste à ses questionnements sur les bizareries qui lui arrivent, l'auteur n'approfondit pas son héros. On ne saura rien de son passé ou si peu alors que ses relations amoureuses chaotiques semblent venir de difficultés à s'attacher aux autres. La répercution de son amusie (son impossibilité à entendre de la musique) sur son avenir, sa personne semble complètement oubliée. Ses réactions concernant certains faits me semblent peu naturelles. Bref, pas grand chose qui sauve le personnage pour moi. 

Quant à l'histoire en elle-même, j'y ai trouvé beaucoup de défauts...

Certains faits ne collent pas entre eux (par exemple, Malko pénètre chez lui et son mouvement active la lumière par détection et plus loin, on le retrouve dans son domicile plongé dans le noir car il n'a pas allumé la lumière...), les rapprochements sont parfois un peu tirés par les cheveux, et l'ensemble manque de réalisme (les flics font un rapprochement entre la mort de la fille et Malko et aucun d'entre eux ne pensent à aller rencontrer le musicien avant des plombes...).

Certes, une part de fantastique ou plutôt de paranormal rentre en jeu dans ce roman mais ceci n'enlève rien au fait qu' un semblant de crédibilité me semble essentiel. Un côté fantastique que j'ai apprécié malgré tout et qui surprendra le lecteur. Le Diable et les morts qui peuvent revenir de l'au-delà y auront leur place et agrémentent de quelques ressorts originaux ce roman.

Ce qui sauve le roman : la fin. L'intrigue s'accélère (enfin !) et prend un peu d'épaisseur avec quelques rebondissements. La révélation que pour ma part, je ne soupçonnais pas du tout, m'a vraiment surprise et enfin entrainé à tourner les pages avec envie pour mieux connaître le fin mot de l'histoire.

Mais que de peine pour en arriver là !

 

D'autres avis :

Stephie - Pimprenelle -Kactuss - sont fans

Joelle est plus nuancée et je rejoins son avis sur de nombreux points

Mango - Neph - n'ont pas du tout accrochées...

 

Les fans pourront retrouver l'auteur sur sa page Facebook.

 

Merci à Jérémy d'Athomédia et aux éditions Pré aux clercs.

 

 

Le jeu de l'ombre

Sire Cédric

Editions Le pré aux clercs

Mars 2011 - 480 pages - 19€


Challenge ThrillerChez Cynthia


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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
Ce blog sera à terme supprimé.
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