Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 08:00

 

 

montagne de minuit 1

 

 

Auteur : Jean-Marie Blas de Roblès

Editeur : Zulma

Date de parution : 19 Août 2010

Prix :  16,50 €

160 pages

 

 

Bastien est le gardien taciturne d'un collège de jésuites à Lyon. Logé par charité, il exerce sa fonction en toute discrétion depuis 30 (?) ans. C'est un homme solitaire et un peu secret que ses voisins semblent fuir.

Rose est une mère célibataire. Elle vient d'emmenager dans l'immeuble de Bastien, avec son fils Paul. Ne s'encombrant pas des des médisances des voisins, elle lie peu à peu connaissance avec ce curieux vieil homme qui l'intrigue.

Elle découvre un homme doux qui vit volontairement dans le dénuement et qui réussit à tisser une relation particulière avec son fils en apaisant ses peurs. Bastien est aussi un passionné du Tibet et du lamaïsme. Ardent visiteur de la bibliothèque, il a épluché de nombreux livres et a amassé une masse de connaissances incroyables sur le sujet. Il en a fait sa philosophie de vie et compose patiemment des mandalas éphémères.

Un jour pourtant, l'équilibre de Bastien va être rompu : son protecteur au collège part à la retraite et on lui demande bientôt de faire de même et de quitter le logement qu'il occupe.

Aussi quand Rose lui propose un voyage au Tibet ensemble, ils partent pour le voyage de leur vie.

 

"La montagne de minuit" est l'histoire d'une rencontre, celle de 2 personnes que les failles réunissent.

Rose et Bastien ont tous deux un passé qui les tourmente, une culpabilité latente qui les ronge. Rose tait la mort de sa mère et Bastien occulte le passé de ses parents. Construite sur une certaine part de mensonge, leur relation n'en sera pas moins vraie et forte.


  " Si vous vous intéressez un peu au Tibet, vous savez que les coïncidences n’existent pas, il n’y a que des rencontres nécessaires. "


Leur voyage au Tibet sera une expérience forte qui leur servira de rédemption. Une quête initiatique qui leur permettra de fouiller au fond d'eux-même et de trouver la paix avec leur propre moi.

Plus que la solution, c'est le cheminement vers la solution qui est important.

 

" Un après-midi où elle était sortie faire des courses avec Gilles, mon frère ainé, je suis parti tout seul au musée Guimet. C'est là, au détour d'un couloir, que j'ai rencontré mon premier mandala. Aujourd'hui, je dirais que c'est lui, en quelque sorte qui m'a trouvé... mais je m'y suis perdu corps et âme jusqu'à l'heure de la fermeture, et il m'a fallu toute une vie pour comprendre que le centre d'un labyrinthe avait moins de valeur que nos errements pour y parvenir. "

 

montagne-de-minuit-3.jpgFabrication d'un mandala


 

La vie et le passé de ces deux êtres nous seront peu à peu dévoilés au cours du récit. Un récit à la construction étonnante avec 2 narrations qui s'alternent : la voix de Paul, qui raconte leur histoire à rebours, entrecoupée par celle de Rose qui commente et corrige avec un souci de vérité historique.


  " Finis ton roman en laissant le moindre doute sur l’existence de ces brigades, et tu contribues au déclin de la rationalité qui assombrit notre début de siècle ; une vaste embrouille des cerveaux où se nourrit le plus lointain minuit des hommes. "

 

Car de l'Histoire, il sera aussi question dans ce riche roman qui ne se laisse pas appréhender si facilement.

Le lecteur se verra projeté dans les sombres rets de l'armée nazi et de ses possibles liens avec les moines bouddhistes. Une petite étude sur la question, réalisée par Rose, sera même fournie en fin d'ouvrage.

L'invasion du Tibet par les chinois sera aussi mis en exergue à petites touches.

Jouant de la vérité et du mensonge, Blas de Roblès pousse à nous interroger sur la véracité des faits historiques, sur notre rapport à la vérité supposée.


  " Depuis que les hommes ne croient plus en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croient plus en rien, c’est qu’ils sont prêts à croire en tout. "

 

"La montagne de minuit" est un très beau roman à la langue simple et limpide. Réussissant à faire naitre sous sa plume, le portrait pudique mais néanmoins profond de 2 êtres torturés, Blas de Roblès excelle aussi à décrire son monde, que ce soit au Tibet ou à Lyon.

 

 

montagne-de-minuit-2.jpg

Colline de Fourvière

 

  " Le jour se levait sur la colline de Fourvière, détachant peu à peu les reliefs de son apparence familière : Saint-Just, sur la gauche, lointaine mais reconnaissable à ses vitraux encore éclairés de l’intérieur, puis les massifs accoudoirs de l’ancien couvent des Minimes, le contrefort des théâtres romains, juste au-dessus de l’Antiquaille, et pour finir, la basilique Notre-Dame, flanquée de sa petite tour Eiffel. On commençait à distinguer les strates diverses de toits rouges étagées sur les pentes, les bosquets de platanes ou de cyprès, les pans de murs safran, toutes choses qui palpitaient dans la clarté naissante et conservaient à cette partie de la ville son allure d’acropole surannée. Bastien ne se lassait pas de cette vision, une sorte de mirage dont la beauté culminait avec l’apparition du soleil ; par les belles journées d’hiver, comme celle qui s’annonçait, lorsque son premier rai frappait la masse byzantine de Notre-Dame, blanchissant sa muraille et détachant ses tours crénelées sur le bleu profond du ciel, il transfigurait sa lourdeur de pachyderme renversé. Les ors de la vierge  flambaient, tout au sommet de l’édifice, et malgré la présence de l’émetteur télé qui gâchait quelque peu la perspective, l’ensemble prenait une dimension orientale : pour dire les choses comme elles sont, Bastien lui trouvait alors une tournure de temple tibétain, si bien qu’il n’assistait jamais à ce moment sans que se réveillât son désir d’apercevoir un jour les terrasses du Potala. "

 

 

 

montagne de minuit 5

 

" C’était une chose d’admirer le Potala de loin, perché comme un modèle réduit sur sa colline, une autre de se retrouver dominé par sa masse ; au pied du palais, il fallait cambrer les reins pour distinguer un bout de ciel au-dessus des toits. Bâti dans un mélange de pierres, de bois et de mortier, le Potala superposait, loin devant, ses treize étages étalés en terrasses. Avec ses rampes d’accès latérales bordées de murets, ses façades chaulées aveuglantes, ses galeries supérieures ornées de colonnes en bois rouge, ses alignements de petites fenêtres brunes, ses toitures dorées où pointaient, comme autant de cheminées, de hauts cylindres noirs, il ressemblait, dans son allure de paquebot, à une montagne en partance. "

 


 

S'il m'a manqué le petit plus indéfinissable pour en faire un coup de coeur,

ce roman est définitivement est des titres de la rentrée à lire absolument !

 

 

 

Vous pouvez lire les premières pages ici.

 

 

Les avis tout aussi positifs de Bene et d'Emeraude.

 

 

1% litteraire 2010

Partager cet article
Repost0

commentaires

K
<br /> <br /> J'ai lu beaucoup de bien sur son titre précédent et celui-ci commence à me faire définitivement de l'oeil!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Ben voui, y'a plus qu'à parmi tant d'autres ! :)<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> <br /> J'ai lu des billets disant qu'il était nettement moins bon que le premier. Je devrais donc commencer par le nouveau et me frotter aux tigres plus tard.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Je n'ai pas lu le premier donc difficile de comparer. et puis dans un sens tant-mieux !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Ah bah voilà un titre de la rentrée qui va me faire craquer ! Mais je suis étonnée que les libraires lyonnais n'aient pas mis cet argument en avant - et pourtant, j'ai fait un max de librairies<br /> ces derniers jours... Et ça te donnes envie de passer par Lyon un de ces jours dis :) ?<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Oui c'est étonnant, même en dehors du fait que l'histoire débute à Lyon !<br /> <br /> <br /> Quant à une visite... un jour oui ! J'ai un copain qui vit à Lyon qui me réclame aussi... mais finances oblige, je suis limité dans mes déplacements. Et les prochains sont réservés à un retour<br /> dans le Ch'nord pour voir la famille !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Il pourrait bien me plaire celui-là, je note .. j'avais reculé devant son gros pavé.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Moi aussi, j'avais reculé !<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> <br /> Je l'ai noté chez Béné, il faut vraiment que je pense à me le procurer rapido !<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Je pense que tu en entendras encore parler à la rentrée !<br /> <br /> <br /> <br />

Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
Ce blog sera à terme supprimé.
Suivez moi désormais sur :

 

Rechercher