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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 15:00

 

le-pont-flottant-des-songes-01.jpgTadasu est un adulte aujourd'hui et il revient avec nostalgie sur son enfance et les 2 femmes qui ont bercées ses rêves. Sa mère Chinu le laisse orphelin à l'age de 5 ans, à la suite de complications lors de sa 2ème grossesse. Au bout de quelques années, son père décide de se remarier avec une femme un peu plus jeune que lui. L'affection que Tadasu porte à ces 2 femmes est très forte et le texte de Taniguchi est une vraie ode à l'amour.

 

Le titre Le pont flottant des songes fait référence à un célèbre texte de la littérature japonaise : Le dit de Genji.La mère de Tadasu reprend le titre d'une des parties dans un poème :

 

"En ce jour où le coucou      

A l'ermitage aux hérons      

Vient chanter                     

Le pont flottant des songes 

Est désormais franchi. "      

 

Tadasu débute le récit de ses souvenirs mais ces derniers sont un peu flous.  L'image de ses 2 mères se confond et il ne sait pas toujours exactement à laquelle des 2 femmes ils sont associés. C'est le père de Tadasu qui a voulu que la nouvelle venue prenne la place de sa première femme dans le coeur et l'esprit de son jeune fils. Elle sera renommée Chinu elle aussi et effectuera les mêmes gestes que sa première mère. Elle jouera du koto sur l'instrument de la morte et bercera le garçon en lui donnant le sein comme autrefois. Aussi, les 2 femmes finissent pas ne plus faire qu'une dans l'esprit du petit garçon, comme son père le souhaitait.


" je voudrais que tu ne penses pas que c'est une deuxième maman qui est venue, mais que c'est ta maman, celle qui t'a mis au monde, qui vit toujours et qui est revenue après avoir fait un long séjour quelque part ! D'ailleurs, même si je ne te le disais pas maintenant, tu finirais tout naturellement par le penser un jour. Tes deux mamans se fondront en une seule, et tu ne pourras plus les différencier. Ta maman s'appelait Chinu, et ta nouvelle maman s'appellera aussi Chinu ! Et de plus, elle fera tout comme l'aurait fait ta première maman, elle agira comme elle et te parlera comme elle."

 

le-pont-flottant-des-songes-02.jpgSôzu (ou shishi-odoshi)

 

Tadasu se souvient avec bonheur de la beauté des pieds nus de sa mère trempés dans l'eau de l'étang, du bruit sec et régulier du sôzu, des berceuses maternelles au creux des seins, des séances de koto que son père écoutait religieusement... A 10 ans, quand sa deuxième maman arrive, ces mêmes habitudes reprennent.

Leur vie se déroule harmonieuse et sans tâche. Chinu attend un enfant mais le bébé est très rapidement confié et éloigné à la campagne sous le prétexte qu'il reste la priorité de la famille.


"Mais à mon âge, je ne tiens pas à avoir un bébé. D'ailleurs, moi, tant que j'ai mon petit Tadasu, je suis comblée ! "

 

Tadasu grandit et continue d'aimer sa mère et de lui prodiguer affection et calineries. L'éloignement de son frère le dérange et il cherche à le retrouver mais en vain. Même son mariage sera lié à Chinu, son père lui imposant de ne pas faire d'enfant ou de les faire adopter afin qu'il se dévoue exclusivement à elle.En mauvaise santé, il espère bien que, après sa mort, son fils qui lui ressemble tant devienne le soutien de Chinu.

 

" Soucieux de renforcer encore, en prévision de ce qui se passserait après sa mort, les liens intimes que j'avais noués avec maman, ne l'avait-il pas persuadée de me considérer après sa disparition comme un autre lui-même ? "


Un bonheur sans tâches ? Des rumeurs vont pourtant bon train : la famille sort peu et on les soupçonne de relations coupables.

Et effectivement, le lecteur très attentif pourra relever quelques notations ambigües qui laisse plâner un certain doute et révèle que les choses ne sont peut-être pas si simples qu'elles y paraissent.

 

" ... plus je réfléchissais au sens caché de tout cela, et moins je comprenais ce qui s'était passé. ..."

 

Tout l'art de l'auteur est là : celui de ne pas dire toute la vérité tout en la suggérant. A travers une narration pure et délicate, Taniguchi insère dans son récit des subtilités si légères qu'on peut facilement passer dessus sans s'arrêter. Le texte mérite même une deuxième lecture afin de mieux repérerles indices.


"Je peux certes affirmer que tout ce qui est rapporté ici est strictement véridique, exempt de la moindre invention, de la moindre déformation, la vérité a néanmoins des limites, et il y a une ligne au-delà de laquelle on ne peut plus l'écrire. Aussi, bien que je n'invente rien, je ne livre pas pour autant toute la vérité. Il se peut que, par respect pour mon père, pour ma mère, pour moi-même aussi, et pour d'autres encore, je laisse de côté une partie de cette vérité. Certains diront que ne pas raconter toute la vérité, c'est déjà mentir ; je ne me risquerai pas à les contredire, c'est leur façon de voir les choses. ... [...]"

 

Au lecteur de juger ! L'auteur n'en livrera pas plus !

Le pont flottant des songes se révèle finalement un petit texte bien malsain qui va au-delà d'une simple ode à la maternité. Je vous le recommande mais sachez lire entre les lignes !



D'autres avis :

Mrs pepys - Ambroisie - Purple velvet - Jana -

 

le-pont-flottant-des-songes-03.jpg

 

CHALLENGE-2-EUROS.jpgchallenge In the mood for Japan

 

 

 

 

 

 

 

 

quinzaine nippone Quinzaine nippone - Jour 12

 

Vous pouvez découvir également :

 

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commentaires

P
<br /> <br /> Je vois que tu as aussi cédé au charme du Sôzu.. :)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Ouiiii ! Moi aussi, ce bruit me fait "fantasmer" !<br /> <br /> <br /> <br />

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