Auteur : Anna Luisa Pignatelli
Editeur : La différence
Date de parution : Octobre 2009
Prix : 14€
123 pages
Nous sommes en Toscane, auprès d'un homme mûr, vieil ours solitaire, qui cultive son indépendance et son côté sauvage. Attentif à la nature qui l'entoure, il préfère se contenter de l'essentiel et vivre dénué du superflu pour pouvoir mieux rester sur ses terres et chérir ses arbres qu'il protège comme de vrais enfants.
" Noir aimait cette campagne, les arbres qui y poussaient : c'était surtout cet amour qui le séparait des autres. Les gens d'ici maltraitaient la nature comme si elle pouvait tout supporter. Ils se vengeaient sur elle de leurs instincts violents, de leurs échecs, de leurs rancoeurs accumulées. "
Noir, c'est ainsi qu'on le surnomme, doit faire face aux quolibets des gens du village qui le considèrent toujours comme un étranger, aux chasseurs qui viennent braconner chez lui au mépris de ses interdictions, à son fils parti à la ville vivre dans le confort. Noir est seul, désespérement seul. Aussi, quand une louve est un jour repéré près de son habitation, il ne peut s'empêcher d'être attiré par cette autre âme solitaire qui doit aussi se battre pour sa survie.
" cette créature solitaire qu'il nourissait lui semblait être la seule avec laquelle il se fût jamais trouvé en harmonie, la seule à laquelle il se sentit véritablement lié."
Il se met à lui laisser de la nourriture, à surveiller ses passages et à la protéger des chasseurs, bien décidés à lui faire la peau.
Les Hommes sont violents, durs et sans concessions avec la Nature et ceux qui la défendent...
" Les lois de la nature voulaient que les chevreuils soient la proie des loups, par conséquent ce qui était arrivé était tolérable tandis qu'il ne l'était pas que les hommes massacrent les chevreuils pour s'amuser, puisque la plupart du temps ce n'était pas leur chair qu'ils convoitaient. Les hommes tuaient par vanité, donnaient la mort pour se prouver leur force, leur adresse. En visant un chevreuil ils murmuraient parfois : <<Tu es vraiment joli>> de façon à se faire pardonner, non sans quelque superstition, le coup mortel qu'ils s'apprêtaient à infliger. Et ils déchargeaient leur fusil sur leur victime, parce qu'ils ne savaient pas apprécier la nature pour ce qu'elle était, mais désiraient simplement démontrer qu'ils en étaient les maîtres. "
Je n'aurais jamais découvert ce texte sans Katell qui en a fait un livre voyageur.
Et je dois dire que ça aurait été une sacrée bêtise...
"Noir Toscan" est un superbe roman qui se passe presque de mots et pourrait se contenter de nombreux extraits.
C'est le portrait d'un homme comme il en existe de moins en moins. Un homme solitaire et amoureux de la Nature et des animaux. Un homme qui se bat pour préserver une certaine idée de la vie faite de respect et d'amour, quitte à sacrifier son bonheur personnel pour ses convictions.
La langue de l'auteur est d'une poésie parfaite, nostlagique et puissante à la fois.
Bref, il faut vraiment découvrir ce roman !
(et comme il voyage toujours.... )
" <<Quand une chose s'abîme, si on ne la répare pas à temps...>> pensa-t'il. Puis lui vint l'idée que parfois les choses finissaient, d'une certaine manière, par se réparer toutes seules, comme les cyprès tordus qui un beau jour se mettaient à pousser droit. Et l'âme aussi se réparait, la douleur s'effaçait avec le temps. Le temps avait raison de tout. Il suffisait de savoir attendre. "
" Etre jeune c'est faire un avec son propre passé : l'inexorable passage du temps dénoue les liens de notre identité, nous rapprochant peu à peu d'autres formes de vie auxquelles notre âme tend à s'assimiler pour se purifier. "
Les avis de Kathel, qui m'avait donné envie, Theoma, Clara, Grimmy, Fransoaz
Je me demande même s'il ne pourrait pas rentrer dans le cadre du challenge Nature Writing de Folfaérie....