Auteur : Barry Gifford
Editeur : 13e note Editions
Date de parution : Septembre 2010
Prix : 19 €
335 pages
" Une éducation américaine" est un curieux roman. C'est l'histoire de Roy, jeune garçon qu'on suit sur plusieurs années, pas toujours de façon chronologique. Roy vit à Chicago avec sa mère qui le trimballe de droite à gauche. Son père apparait ici et là, avant et après le divorce, parfois on le retrouve même mort. Sa mère collectionne les maris et laisse souvent son fils se débrouiller seul. Alors Roy grandit en compagnie des copains, de son oncle qui l'emmène parfois à sa suite et construit sa future vie d'adulte.
Instantanée de la vie de Roy de ses 5 à 18 ans, "Une éducation américaine" livre un portrait original, organisé en de multiples petits récits indépendants qui forment, au final, le visage contrasté d'un jeune garçon qui grandit en s'arrêtant sur le monde et ses étrangetés.
Evoluant entre ses différents beaux-pères, Roy va découvrir l'amitié, les filles mais aussi la lecture ou la violence que peut prendre parfois la vie. Les figures paternelles et maternelle s'effacent au profit d'une éducation solitaire ponctuée de petits évènements insignifiants qui peu à peu conduisent notre jeune homme sur la voie de la maturité.
Entre ennui quotidien, petits boulots et questionnements naïfs, Roy trouve une échappatoire dans les romans d'aventures de Conrad et autres explorateurs qui le fascinent.
Mais à travers le portrait de l'enfance de ce jeune américain, c'est aussi le portrait de la ville de Chicago qe l'auteur dresse ici. Ville impitoyable à l'environnement dangereux, ses rues sont occupées par les petits caïds du coin et par la mafia qui ne s'encombre pas de principes lorsqu'il s'agit de refroidir un gars...
Une réalité difficile pour une éducation typiquement américaine, reflétant les années 50 et 60, vécu par l'auteur lui-même.
"Une éducation américaine" se révèle assez déstabilisant. Si les différents récits forment un portrait homogène de la vie de Roy qu'on finit par reconstruire, le lecteur n'y trouvera pas de fil conducteur dans ces textes qui n'ont pas d'autres but que de narrer des épisodes de vie, plus ou moins anecdoctiques.
Si l'ouvrage se lit sans déplaisir, si le jeune Roy finit par être attachant par ses questions et son regard innocent sur le monde, "Une éducation américaine" reste malgré tout une succession de tranches de vie linéaires qu'on oubliera très vite...
"Soeur Margaret Mary portait un habit noir classique, des lunettes cerclées d'écaille, et la peau de son visage était aussi pâle que celle d'une des épouses de Dracula. J'avais vu récemment le film de Tod Browning, Dracula, joué par Bela Lugosi, et je me souviens avoir pensé qu'il était curieux que Dieu et Dracula apprécient le même type de femmes. "
" Roy en conclut que quand les choses vont mal, les gens sont traumatisés de découvrir à quel point ils manquent de maîtrise sur les évènements."
" Bronko Schulz était un grand type, accomodant, qui aimait bien raconter aux élèves ce qu'il considérait comme des histoires cochonnes. Il m'avait ainsi demandé un jour pourquoi un pénis était la chose la plus légère du monde. Je lui avais répondu que je l'ignorais. Bronko avait rétorqué :
- Une simple pensée peut le soulever. "
L'avis d' Amanda.
Merci à BOB pour cette découverte !