Les ouvrages lus et à chroniquer s'accumulant dangereusement, je me résous à vous parler de manière rapide de quelques ouvrages.
J'ai choisi pour cela quelques titres qui ne m'ont pas totalement convaincus (malgré un engouement majoritaire envers ces derniers qui ne manquera pas de me valoir quelques hauts-cris ) et dont je peine à rédiger un vrai long billet. Sans compter que certains titres ont été lus, il y a plus de 2 mois, et que mes souvenirs deviennent quelque peu évanescents !
Les derniers jours d'un immortel - Bonneval / Vehlmann
Nous sommes dans une société futuriste. Elijah est exo-psychologue, c'est à dire qu'il sert de médiateur dans des conflits opposant des êtres de différentes races qui ne parviennent pas à s'entendre, à cause de culture différente. C'est un monde à mille lieux de notre réalité où les hommes sont immortels et ne peuvent enfanter sans autorisation. Une vie sans fin donc mais qui peut se démultiplier. En effet, chacun peut créer des clones temporaires (des échos) qui leur permettent d'effectuer plusieurs tâches en même temps avant de refusionner leur mémoire.
Elijah coure les missions et multiplie les clones mais la "mort" récente d'un ami qui a choisi de ne plus donner de continuité à sa mémoire, le perturbe quelque peu.
Voilà un récit qui nous mène en pleine science-fiction, mais une SF intelligente qui propose en son sein une vaste réflexion philosophique sur l'homme, ce qui fait son existence, sur l'importance de la mémoire. Beaucoup de questionnements existentiels donc qui ont finis par me perdre... Tout en reconnaissant l'intelligence de la réflexion et l'habileté des auteurs à transmettre dans une intrigue fantastique autant de subtilité, je dois reconnaître que je me suis ennuyée... Je ne devais pas être dans un état propice à de tels élancements du cerveau ! Le dessin ne m'a pas non plus particulièrement marqué : très épuré, il laisse un champ assez libre à l'imagination et ne s'encombre pas de détails futuristes inutiles. Un flou qui ne m'a pas permis de m'investir dans cet univers particulier où seuls les personnages et leur paroles ont de l'importance.
C'est donc une lecture quelque peu ratée, compte tenu de l'enthousiasme quasi unanime sur cet album, faite peut-être à un mauvais moment.
D'autres avis :
Titre : Les derniers jours d'un immortel
Scénariste : Fabien Vehlmann
Dessinateur : Gwen de Bonneval
Editeur : Futuropolis
Parution : Mars 2010
152 pages
Prix : 20€
Dors et fais pas chier - Adam Mansbach
Sous l'apparence d'un petit album jeunesse, Dors et fais pas chier est en fait un livre d'humour destiné aux parents. Reprenant l'idée de l'histoire destinée à endormir les enfants, l'auteur propose ici une sorte de petite comptine qui exhorte l'enfant à trouver le sommeil. Sauf que ici, loin d'être une petite chanson douce, le ton est résolument ironique et pointe du doigt le ras le bol du parent qui n'en peux plus d'attendre que l'enfant s'endorme. En effet, chaque couplet se termine par cette engageante remarque : " fais pas chier" ou autre expression du même acabit.
" Les lumières de la ville sont éteintes, mon biquet. / Les baleines somnolent dans les grands fonds marins. / Je te lis une dernière histoire si tu me promets / De dormir sans faire chier jusqu’à demain matin. "
Vous l'aurez compris, ce n'est donc pas une histoire pour les petits ! Le parent de la chanson se prête de plus en plus à la colère et le "gentil mantra" du début finit par devenir un poil vulgaire et déplacé : "ton doudou tu peux te le mettre où je pense". Bien évidement, prévu pour aller à contre-courant de l'imagerie jeunesse où les parents sont aux petits soins pour border leurs gamins, cet album figure comme une pique destinée à faire sourire les parents excédés qui ont peut-être eu envie de jeter le bébé avec l'eau du bain. Pour ma part, je suis restée de marbre devant de récit qui a fini par devenir agaçant et par trop répétitif. Je l'ai refermé en me disant "tout ça pour ça ?!" Bref, un ouvrage inutile et gadget dont on peut allègrement se passer au profit d'un vrai bon livre d'humour.
D'autres avis :
Jérome, tout aussi critique.
Titre : Dors et fais pas chier
Auteur :Adam Mansbach
Editeur : Grasset
Parution : Novembre 2011
32 pages
Prix : 10€
En 1979, le monde est secoué par un évènement inexplicable : tous les poulets se sont retrouvés dotés de la parole. Une parole qu'ils se sont empressés de s'approprier et d'utiliser pour améliorer leur intelligence. Après plusieurs années de ce régime, les volatiles ont acquis un certain statut dans la société : ils parlent, travaillent, vivent un quotidien quasi semblable aux humains. Une intégration parfaite en apparence mais qui continue de faire malgré tout quelques remous.
2003. Jack Gallo, le personnage principal, se révolte contre le mariage de sa soeur avec un humain. Sa situation n'est pas reluisante et son père est souffrant. A sa mort, le fils va plonger dans les carnets intimes de son père et découvrir les détails et les coulisses de ce cataclysme qui a permis aux poulets de raisonner. Un bouleversement qui ne s'est pas fait sans mal et qui a vu le sang versé.
Voilà une histoire complètement abracadabrantesque qui recèle pourtant en son sein une bien intéressante réflexion. On plonge tout d'abord dans une belle histoire de mémoire et de transmission où l'on voit un père léguer sa propre histoire et celle de son peuple à un fils naïf et intolérant.
Enfin, il s'agit surtout d'une immense métaphore sur le genre humain et les relations entre les peuples. On découvre une race (les poulets) discriminée par une autre (les hommes), ses problèmes d'intégration, l'intolérance de chacun envers un être qui ne lui ressemble pas, une mixité qui est mal considéré, la discrimination dans le travail, une descendance qui ne connaît pas les détails de sa propre histoire. Vous l'aurez compris, si on oublie les poulets et qu'on les remplace par n'importe quelle origine ethnique, on retrouve ces mêmes travers dans nos sociétés contemporaines.
Une allégorie formidable donc mais qui m'est restée totalement hermétique...Je n'ai absolument pas aimé le dessin, qui tire vers un style plutôt comics (ceci expliquant peut-être plutôt cela) et j'ai eu beaucoup de mal à digérer cette histoire totalement irréaliste de poulets qui parlent. Cela sert tout à fait le propos mais pour ma part, un récit réaliste m'aurait laissé beaucoup plus sensible. Bref, difficile de sabrer cet album qui contient une immense dose de tolérance envers nos prochains étrangers ou différents de quelque manière que ce soit et stigmatise toute sorte de racisme. En conclusion, un excellent album mais que je n'ai pas aimé (paradoxe, quand tu nous tiens ! ^^ )
- Prix Asie - ACBD 2011
- Prix Ouest-France/Quai des Bulles 2011
D'autres avis :
Yvan - Jérome - K.BD - Zorgblog - Lunch et Badelel - Mo' - David - Mango - Mathieu -
Titre : Elmer
Auteur : Gerry Alanguilan
Éditeur : Ça et Là
Parution : Novembre 2010
140 pages
Prix : 14€