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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 07:00

Comments rêvent les morts 01Thomas, qu'on appelle T., montre une passion pour l'argent depuis son plus jeune âge. Il stocke les pièces de monnaie dans sa bouche et coince les billets sous son matelas, il recompte inlassablement son petit pécule et utilise de nombreuses ruses auprès de sa famille et de ses amis pour leur extorquer de l'argent.

Devenu adulte, il devient un agent immobilier qui joue avec l'argent des autres et spécule sur tout type de terrain et de demeures.

Jusqu'au jour où l'accumulation de petits couacs dans sa vie finit par le désorienter.

 

T. est plutôt un personnage antipathique qui semble éprouver peu d'émotion et dont la vie parait bien lisse sous la froide caresse de l'argent. C'est la mort d'un coyote qu'il a renversé en voiture qui le bouleverse tout d'abord. Ensuite, c'est le départ de son père, parti vivre une nouvelle vie en larguant tout, femme comprise, lui laissant la charge de gérer les pots cassés auprès de sa mère.

 

  "Pendant toutes ces années, je ne me suis jamais réveillé une seule fois. Rien n'était réel pour moi. Tu sais qui tu voyais pendant toute ton enfance et ton adolescence? Un fantôme. Je n'étais pas vraiment là. Je ne sais pas comment te dire... c'est comme si j'était entré par erreur dans la vie d'une autre type."

 

Des émotions passagères mais la vie de T. se poursuit sans remise en question. Il faudra attendre le drame sentimental qui lui tombe dessus avec la disparition de Beth, la femme merveilleuse qu'il avait rencontré pour que notre homme commence à voir sa vie sous un autre oeil. Il se passionne alors pour les animaux en voie de disparition et arpente les zoos en toute illégalité, met à l'écart ses anciennes relations d'affaire qui bientôt le dégoûte, s'attache à la jeune Casey, une invalide qui lui donne l'impression d'exister. 

 

" Il avait besoin de Casey, pensa-t-il, parce qu’il aimait sa compagnie, parce que sa présence le rendait plus complet, mais il ne pouvait nier qu’au départ il avait également pensé lui faire une faveur. Voilà où s’était située son arrogance. C’était une erreur de penser que parce qu’une personne était déchue, blessée, malade ou  imparfaitement complète, vous lui donniez davantage par votre présence qu’elle ne pouvait elle-même vous offrir. C’était une triste erreur."

 

Avant que T. ne plonge bientôt dans un univers sauvage où ses valeurs ne comptent pas et où il se sent vivant et où la menace ne fait qu'accentuer ce sentiment nouveau. Un sentiment qui n'est à nouveau qu'un leurre sur sa condition d'être humain.

 

Je dois dire que Comment rêvent les morts m'a un peu déstabilisé. J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire, je ne voyais pas où l'auteur, que je lisais pour la première fois, voulait en venir. Il a fallu quelques échanges avec une autre lectrice pour éclairer quelque peu cette lecture.

T. est un personnage totalement froid. Il semble ne ressentir aucune émotion. Son couple avec Beth est à peine décrit et il ne nous est fait part d'aucune sensation particulière à son égard.

Bref, impossible d'avoir une quelconque empathie pour cet homme. Et de fait, c'est  l'ennui qui fut mon compagnon pour cette lecture... L'histoire de T. se déroule lentement et même les a-coups majeurs de sa vie ne donnent pas une véritable dynamique au roman. Seul le final, à l'image de son personnage principal, décolle et offre une bouffée d'air, de vie et de liberté.

Après coup, je me rend compte que le roman est une véritable critique de la société capitaliste qui semble trouver réconfort et émotion dans la possession et l'argent.

T. est finalement un être vide qui tente de se sentir exister en se passionnant pour des causes, presque perdues d'avance, sans toutefois sortir de son immobilisme primaire.

Hélas, pour moi, la narration et T. sont un peu à l'image de ce que l'auteur dénonce : un immobilisme et un désengagement donnant un roman assez fermé qui, pour ma part, ne se livre pas facilement.

Si je comprends désormais tout le sel de cette histoire, je ne peux pourtant pas me départir de ce sentiment d'ennui et de platitude qui colle à cette lecture qui me laisse perplexe...

Mes attentes sur un réveil quant à la défense animale et écologique ont peut-être aussi joués. La quatrième de couverture m'a peut-être trompé car le propos n'est pas là.

Peut-être, saurez-vous, à l'instar d'autres lecteurs, trouver plaisir à cette lecture  et rédiger un avis autrement plus constructif qu celui-là... !


 

D'autres avis :

Lili que je remercie pour nos échanges - Keisha - Clara -

 


Titre : Comment rêvent les morts

Auteur : Lydia millet

Editeur : Cherche-midi, Lot 49

Parution : Octobre 2011

    289 pages 

Prix : 17,50€


 

Merci à Hérisson pour ce partenariat !

 

1% littéraire 2011

 

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commentaires

M
<br /> <br /> Je suis en train de me dire que j'aurais exactement le même vécu car j'ai les mêmes attentes vis-à-vis de ce livre ! Ca t'étonne ? <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Pas du tout !  C'est en lisant la 4ème que j'ai cru que l'implication pro-animale serait mise en avant... sauf<br /> que je me suis totalement planté !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Tu t'es ennuyée à ce point ? Mince!<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Voui, totalement... J'en suis bien désolée !<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> "Hélas, pour moi, la narration et T. sont un peu à l'image de ce<br /> que l'auteur dénonce : un immobilisme et un désengagement donnant un roman assez fermé qui, pour ma part, ne se livre pas facilement.<br /> <br /> <br /> Si je<br /> comprends désormais tout le sel de cette histoire, je ne peux pourtant pas me départir de ce sentiment d'ennui et de platitude qui colle à cette lecture qui me laisse perplexe..."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce que tu dis là me rappelle ce qu'avait dit un de mes profs de XIXe à la fac à propos de "L'Education sentimentale" de<br /> Flaubert : "c'est un livre sur l'ennui, et le style reflète le propos". Ben, j'ai trouvé que l'auteur avait TELLEMENT bien réussi à refléter le propos que j'ai jms dépassé les 140 pages du roman<br /> tellement je m'ennuyais à mourir... <br /> <br /> <br /> Il y a des livres comme ça!<br /> <br /> <br /> Merci à toi aussi pour nos échanges ! :)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> ah ben pourtant l'ennui de Flaubert, je l'ai encaissé sans problème ^^<br /> <br /> <br /> Bon en tout cas, nos quelques échanges m'ont vraiment permis de réfléchir à peu plus à ce que j'avais lu et tu m'as ouvert les portes de sa compréhension.<br /> <br /> <br /> Après, reste toujours l'impression première de lecture hélas !<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> <br /> Une auteur que j'ai noté, mais sans urgence... je ne sais pourquoi, je l'associe à Richard Powers, ses thématiques ont l'air un peu semblables, et je pense que cela doit demander beaucoup de<br /> disponiblité d'esprit dela lire...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> J'imagine que Powers et Millet ont des accointances pour être éditer dans la même collection. Comme je découvre l'auteur, j'ai dû mal à me faire un avis sur le sujet...<br /> <br /> <br /> Mais oui, je pense que c'est un roman intelligent qui demande de se concentrer plus que je ne l'ai fait, je l'avoue...<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> J'ai lu son précédent et j'avais bien aimé, même si je ne me souviens plus trop du rythme de lecture ... Je crois que ce n'était pas non plus un page-turner. ;)<br /> <br /> <br /> J'ai celui-ci sur ma pal, je le lirai dans quelques mois. ;)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Ah, je suis bien curieuse de lire d'autres avis en ce qui le concerne. J'ai vraiment eu l'impression d'être passé à côté... Bon qqs mois, j'ai le temps de mourir <br /> <br /> <br /> <br />

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