Auteur : Cynan Jones
Editeur : Joelle Losfeld
Date de parution : 14 Octobre 2010
Prix : 15,90 €
136 pages
Gareth est fermier. Il vit avec sa femme Kate et ses 2 enfants, Dylan et Emmy dans la ferme que lui a légué son père. Ce matin-là, quand il se lève, il s'aperçoit qu'une vache sur le point de vêler s'est échappée. Dès lors, Gareth parcourt la campagne pour retrouver cette dernière. Une quête difficile qui prendra peu à peu une forme d'introspection sur sa propre vie. Les souvenirs et les questionnements se font jour, les difficultés familiales apparaisssent et peu à peu se dresse le portrait d'un homme résigné qui cherche encore à redresser sa vie.
La sécheresse sévit et accable les bêtes sur ses terres difficiles. Une sécheresse qui touche aussi les hommes. La femme de Gareth semble quelque peu dépressive. Elle se réfugie dans le sommeil pour mieux oublier sa famille et les soucis.
" Depuis toute petite, elle avait toujours estimé que le mieux à faire quand on avait un souci ou mal quelque part, c'était d'aller se coucher. Parce que la chose qui vous faisait mal était obligée de dormir elle aussi. "
Une sécheresse qui la touche au plus profond d'elle-même. Les fausses couches successives et une infidélité ravageuse ont annihilées tout désir envers son mari qui continue néanmoins à la trouver belle sans qu'elle se laisse approcher.
Dylan, le fils ainé souvent absent, ne souhaite qu'une chose : quitter la ferme. La petite Emmy, elle, vit dans un monde à la fois poétique et terre à terre.
Et Gareth, lui, parcourt la campagne. A la recherche de sa vache, à la recherche de lui-même et du bonheur perdu.
Opiniatre, il persiste à vouloir retrouver sa bête alors que que le vétérinaire doit passer pour euthanasier leur vieux chien Curly, alors que les autres vaches doivent bientôt vêler, alors que sa femme est parti s'allonger, oubliant le reste du monde.
Situé sur une seule journée, le roman découpé en courts chapitres, donne à entendre les différentes voix intérieures des personnages. Un narrateur omniscient viendra même nous éclairer sur le drame à venir auquel le lecteur n'assistera pas, situé dans un futur qui dépasse le cadre de cette journée.
On y sentira l'amour des bêtes et de la campagne, sa simplicité de l'existence, l'amour de la famille et des souvenirs d'enfance, l'amour pour une femme aussi qui n'ose plus assumer son statut de mère et d'épouse et que la vie à la ferme pèse sur ses épaules, l'amour des enfants bien sûr qui dans leur innocence réussisse à affronter les écueils des adulte. L'amour donc pour lequel Gareth se refuse à la résignation et qui le pousse toujours plus avant dans sa vie.
" Le souvenir lui revient en force, avec ce goût très fort ; il remonte très distinctement du fond de lui-même. C’est comme les sentiments, ça. Les souvenirs et la vraie tendresse sont sous la surface, comme des réservoirs immobiles attendant qu’on y puise. C’est facile, il le sait, de cueillir à la surface de ces choses, comme si on plongeait délibérément un seau dans l’eau : on peut rappeler ces choses-là. Mais lorsque le souvenir vient sans être sollicité, hors de votre contrôle, déclenché par un parfum dans l’air, une peur, il peut vous frapper par sa profondeur, que vous portez en vous tout le temps."
"Longue sécheresse" est un très beau texte sur l'amour d'un homme pour la vie, sur sa foi en l'existence et sur sa volonté de ne pas baisser les bras devant les difficultés. Si le roman peut être un peu déstabilisant dans sa forme narrative et quelque peu frustrant pour la lenteur de cette unique journée racontée, il en emmerge une telle poésie qu'il ne laissera personne insensible à la beauté de son écriture, lumineuse et nostalgique à la fois.
L'avis de Keisha, Clara, Cathulu,
Merci à BOB pour cette belle découverte !