Thomas Nesbitt est un écrivain d'une cinquantaine d'années. Spécialisé dans les récits de voyage, il a passé son temps sur les routes pour mieux fuir son foyer et toute forme d'engagement, malgré un mariage et une fille bientôt adulte. Une fuite perpétuelle qui semble prendre source dans son enfance mais aussi dans un passé qu'il peine à dévoiler à sa famille. Sa femme, bien consciente qu'il ne l'a, en quelque sorte, jamais aimé demande le divorce. Il s'installe peu après dans un cottage isolé au bord d'un lac, acheté sur un coup de tête et où il reçoit peu après un courrier d'un certain johannes Dussman, qui semble le troubler profondément.Un flash-back nous emmène alors dans le passé de Thomas, 25 ans avant, à l'occasion d'un voyage à Berlin. Où il rencontra une certaine Petra qui changea sa vie...
Parti à Berlin pour écrire et fuir une relation amoureuse qui devenait trop sérieuse, Thomas va pourtant rencontrer la femme de sa vie. Travaillant pour une radio de propagande américaine à Berlin ouest, il va y faire la connaissance de Petra Dussman, une réfugiée de l'Est. Tout d'abord mystérieuse sur son passé, la jeune femme va peu à peu dévoiler les souffrances morales et physiques qu'elle a dû subir. Profondément amoureux, il est prêt à tout pour elle jusqu'à ce qu'une autre vérité éclate sous le signe de la trahison et du mensonge. Thomas fait alors un choix qui lui pèsera toute sa vie et ce, d'autant plus lorsqu'il lira les manuscrits qui lui ont été envoyés par la poste.
Vous l'aurez compris, la majeure partie de ce roman est constitué par le flash-back qui nous mène dans un Berlin coupé en deux par le fameux mur et agité par les suspicions d'espionnage entre les deux camps.
La découverte de Berlin est plutôt plaisante. Thomas observe beaucoup la ville pour ses notes d'écriture et un portrait historique et réaliste nous est offert de la ville et de son ambiance. On découvre les mauvais quartiers, ses troquets tenus par des turcs, le mur qui écrase la ville. On accompagnera aussi le héros du côté de Berlin-Est où la misère et la tristesse attendues sont au rendez-vous.
On y découvre des personnages secondaires intéressants comme le colocataire de Thomas, peintre homosexuel et drogué qui aime jouer de la provocation dans des réparties réjouissantes ou comme son ami turc qui doit cacher à sa famille et à sa femme ses préférences sexuelles. Les marginaux ne sont pas les mieux accueillis dans le Berlin des années 80.
Leon Herschtritt - Noël 1961
Et puis, il y a l'histoire d'amour... Et là, autant vous dire que ça passe beaucoup moins bien...
Thomas et Petra tombent amoureux dès le premier regard. Ils couchent ensemble le premier soir. Le lendemain, ils se disent je t'aime et décident d'habiter ensemble. Avant bientôt de parler mariage et enfant...
Cette histoire ne m'a semblé, bien évidemment, d'aucune crédibilité. Je viens bien croire au coup de foudre mais ici tout va bien trop vite. Sans compter, le traitement romantico-mièvre que l'auteur ne nous épargnera pas et qu'on retrouvera en abondance dans des dialogues dégoulinants de guimauve.
Quant au sujet, et bien, en gros, il va être question de trahison et de regret. Malheureusement, la trahison était un peu le sujet du formidable "Mon traître" lu juste avant et.... comment dire... ici, on peut dire que c'est traité sans aucune envergure, sans profondeur aucune. On ne rentrera pas plus que ça dans les détails des sentiments des personnages. On sait qu'ils souffrent et c'est amplement suffisant pour l'auteur qui tente de nous construire une histoire d'amour éternel où le tragique (à travers une vaste affaire d'espionnage) vient pimenter un parcours par trop linéaire.
Bref, Douglas Kennedy reprend comme toujours les mêmes ficelles : l'inévitable histoire d'amour, un scénario et une écriture sans surprises et une récit à la psychologie limitée. Dommage car il y avait sans conteste des choses intéressantes à sauver.
Alors vous pouvez éventuellement passer un bon moment à le lire sans vous poser trop de questions (quoique tout ça est tout de même un peu longuet...) comme vous pouvez allègrement vous dispenser de cette lecture totalement inutile...
Entre le premier roman de l'auteur, seul que j'avais lu, et ce titre-là, je ne vois pas franchement d'évolution... Un peu paradoxal pour un auteur à la dizaine de romans. Je me dispenserais donc à l'avenir de piocher dans cet entre-deux ! (excepté pour Cul de sac, le série noire qui semble être au-dessus du lot).
Piochez donc dans votre vieille PAL, il y aura forcément mieux !
Sinon, ceux qui ont du temps à perdre peuvent aller se renseigner sur la page Facebook de l'auteur.
D'autres avis :
Titre : Cet instant-là
Auteur : Douglas Kennedy
Editeur : Belfond
Parution : Octobre 2011
491 pages
Prix : 22,50€
Titre : Cet instant-là