Auteur : Benoit Sokal
Editeur : Casterman
Date de parution : Septembre 2010
Prix : 18 €
94 pages
On connait Sokal pour son célèbre inspecteur Canardo et voilà qu'il nous surprend avec un album aux antipodes de l'univers policier et de son dessin ligne claire.
Yuma est un jeune garçon indien qui vit dans une vallée perdue de l'Alaska. Vivant avec sa tribu, son quotidien est fait de chasses et de contes chamaniques racontés près du feu. Fasciné par un jeune aiglon orphelin, il prend la responsabilité de s'en occuper et de le nourrir, n'en déplaise à certains.
Jusqu'au jour où la vie de la tribu va être bouleversé : des promoteurs sont bien decidés à les faire quitter le territoire pour qu'ils puissent exploiter les nombreuses ressources naturelles du sous-sol et construire la grande cité prospère dont ils rêvent : Klontown. Refusant de partir, la tribu est alors massacré.
Le jeune Yuma qui en réchappe va dès lors associer sa vie et son destin à son aigle, qu'il va appeler Kraa et crier vengeance auprès de ces hommes qui lui ont tout pris, sa famille et sa terre.
Voilà un très bel album qui plaira aux amateurs de mythologie indienne, d'aventures et aux défenseurs de la nature.
Yuma va en effet se lier de manière extrêmement forte avec cet aigle : un lien d'ordre chamanique qui n'étonnera pas lorsque l'on découvre le culte que la tribu vouait à l'animal. L'aigle est d'ailleurs un personnage à part entière dans cette histoire où l'on trouve régulièrement en narration ses propres pensées. Le jeune garçon ne fait qu'un avec son animal totem qui l'aidera à défendre son territoire et à venger la mort de sa tribu. Se fondant complètement avec l'animal, il devient une partie de cette nature qu'il défend. Une entité à la fois bonne et mauvaise qui doit parfois blesser pour sauver ce qui est important. Une nature difficile donc où la survie se fait parfois aux détriments des autres et qui exige aussi sa part auprès des hommes.
Il y a d'ailleurs un côté Jack London dans cette grande fresque primitive qui oppose la Nature et les Hommes.
Graphiquement, le dessin est vraiment très beau. Sokal a su mettre en valeur cette nature sauvage et difficile. Les décors nous embarquent dans des contrées étrangères et le dessin de l'aigle est remarquable de finesse. On ne peut certes pas en dire autant pour les chevaux qui, je dois dire, sont absolument ratés... En tant qu'ancienne cavalière, j'ai pu relever des disproportions notables et des mouvements un peu improbables au niveau des jambes des chevaux. Mais vous allez dire que je chipote !
Les couleurs sont douces,sombres et denses à la fois et servent bien le récit et son petit côté surranné des récits d'aventure du 19ème siècle justement.
Le récit est prévu en 2 tomes. La suite devrait sortir en 2012. (patience !)
Vous pouvez lire les premières pages ici ! Et une interview très intéressante de Sokal là !
L'avis de Saraswati qui m'avait donné envie !