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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 07:00

down-under-t1-01.jpgL'Australie, en cette fin du XIXème est une terre en pleine colonisation. Les navires anglais appareillent avec à leur bord, prisonniers, prostituées, orphelins et quelques jeunes hommes de bonne famille. Ici, l'histoire va s'attacher à Lonan O'Farrell, jeune garçon sans famille, que les nonnes destinent à l'adoption auprès d'un homme fort peu sympathique, bien heureux de trouver de la main d'oeuvre pas chère. Sur le bateau, le jeune Lonan a fait la connaissance d'Abigail Sheeman qui l'aidera à fuir cet avenir peu réjouissant en le cachant dans une charrette.

De son côté, Ian McFarlane, un fils de migrant écossais, rejoint la propriété familiale après plusieurs années d'absence, en compagnie de l'irlandais Paddy et d'Allambee, un aborigène. Alors que les 3 amis découvrent leur jeune passager clandestin, McFarlane a la mauvaise surprise de découvrir que les terres de sa famille sont aux mains d'une certaine Elizabeth Barnes, et ce, de manière quelque peu frauduleuse. Obligé de fuir avec un orphelin sur les bras mais résolu de se venger et de récupérer son domaine, McFarlane s'enfonce dans les terres aborigènes.

 

Voilà un premier tome très enthousiasmant d'une série de qualité qui se profile ! Ce western à la sauce australienne nous emmène sur des terres encore vierges et peu habitées. Remarquablement rendus, les paysages ont le goût de la poussière et du soleil. Les couleurs, dans une palette chaude et forte, sont très réussies et rendent avec force l'immensité de ces grands espaces.

Les personnages ne sont pas en reste et leur profils et psychologie, plutôt bien étudiés. Si Lonan et McFarlane semblent être ses principaux acteurs, on peut supposer avec force que la belle Abigail aura son rôle à jouer dans la suite de cette histoire. Le rôle d'Allambee n'est pas négligeable, lui non plus, permettant de faire le lien avec le peuple des aborigènes qui aura toute sa place dans l'intrigue, mais je ne vous en dis pas plus !

Une intrigue intelligente, rondement menée avec des dialogues percutants et une mise en place dynamique de la base du récit. Ici, pas la peine d'attendre 3 tomes pour que le lecteur sache le pourquoi du comment. Bref, un scénario peut-être un peu classique mais qui fonctionne extrêmement bien.

Au delà de cette aventure entre vengeance et réglements de compte, on découvre également en arrière-fond l'histoire de l'Australie et surtout la position des aborigènes auprès de colonisateurs blancs, sans gêne et sans scrupules. Comme aux Etats-unis, le racisme n'est pas une légende et on découvre à travers le quotidien des personnages, les répercutions sur ce peuple, repoussé plus loin de ses terres, banni des commerces et traqué par les soldats anglais.

 

Bref, Down Under est un vrai western australien, reprenant les codes du genre : un peuple opprimé, des terres arides où des flots de migrants tentent de faire leur vie, un personnage de tête brûlée qui crie vengeance et des réglements de compte qui se profile à l'horizon, un jeune garçon en plein voie initiatique, et quelques méchants sans scrupules, etc...

Attendons de voir comment la suite de l'histoire se développe avant de crier au coup de coeur mais surtout n'hésitez pas à vous plonger dans cette aventure dans le bush qui plaira à un large public, amateur d'aventures en tout genre ou curieux d'une des rares séries située en Australie. On se demande bien pourquoi d'ailleurs le lieu n'a pas été plus exploité précédement... Personnellement, j'attends la suite avec impatience !

 

 

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Titre : Down under, tome 1 : L'homme de Kenzie River

  Scénariste : Nathalie Sergeef

Dessinateur : Fabio Pezzi

Coloriste : Jean-Jacques Chagnaud

Éditeur : Glénat

Parution : Juin 2012

  48 pages

Prix : 13,90€


 

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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 06:00

aigle-sans-orteils-01.jpgEn cet été 1907, le Tour de France bat son plein. Pendant ce temps-là, Amédée Farot, un jeune conscrit, est réquisitionné pour porter des caisses de matériel en haut du pic du Midi. A cet occasion, il y fait la connaissance de Camille Peyroulet, un astronome qui, en dehors de sa passion pour le ciel, cultive l'amour du vélo et suit le Tour avec les maigres informations qui atteignent le haut de sa montagne. Peu à peu, à force d'échange entre les deux hommes, Amédée attrape le virus du vélo. Quand ce dernier termine son service militaire, il rentre chez lui et choisit de continuer à approvisionner le Pic du midi. Son but : faire le plus de trajet possible, peu importe le temps, pourvu qu'il puisse économiser de quoi acheter un vélo. C'est que Amédée a décidé de tenter le Tour de France !

 

Lax nous livre ici une histoire d'une grande humanité. Une histoire d'hommes simples et vrais, prêt à tout pour aller au bout de leurs rêves.

Amédée, soutenu par Camille, donne beaucoup de sa personne pour arracher les économies nécessaires pour l'achat du vélo de ses rêves. Grimpant sans répit, été comme hiver, qu'il neige ou qu'il pleuve, il monte au Pic du Midi sans faillir, malgré les recommandations de prudence de ses proches et le danger qui guette parfois. Plus loin, c'est dans son combat contre son propre corps que nous le verrons progresser avant, enfin, de le voir rouler sur les pistes du Tour, affronter ses adversaires, repousser ses limites et continuer années après années à monter sur ce vélo malgré les échecs, les difficultés, le manque d'argent.


Véritable hymne au courage, L'aigle sans orteils démontre combien la volonté d'un homme peut être déterminante dans ses choix de vie. Amédée, dans ce personnage de cycliste amateur, solitaire et même handicapé représente l'humanité dans toute sa plénitude. Un homme simple avec ses propres failles, comme vous et moi, qui, à force de volonté, réussit à se dépasser et à réaliser des exploits dont personne ne l'aurait crû capable. Un homme passionné qui n'oublie pourtant pas les amis qui le soutiennent et cette femme, si belle, qu'il a réussit à séduire. Un homme qui connaîtra une fin tragique mais qui vécu comme il l'aura souhaité, de cette manière pleine et entière, qui fait qu'on peut mourir sans regrets ou presque.

 

Au fil des années et des Tour de France qui les accompagnent, le lecteur plongera avec nostalgie dans cette France encore épargnée par le capitalisme et le dopage. On découvrira en compagnie d'Amédée le quotidien des Tours de l'époque : les difficultés d'un coureur isolé face à des concurrents en équipe, les crevaisons et les chutes en pagaille, les brûlures de la selle, les avancées technique sur le matériel.

 

Fort bien documenté, Lax rend ici une copie extrêmement réaliste de cet univers daté. Le dessinateur utilise une palette extremement riche pour donner vie à ses personnages et magnifier des décors de toute beauté.

Réunissant ses deux passions, le cyclisme et la montagne, Lax nous offre un album de grande qualité qui s'adressera aux amateurs de vélo comme aux autres. Je n'ai aucune accointance avec cet univers et pourtant l'auteur a su m'embarquer dans la quête de son héros qui a su me toucher par son humanité et sa force mentale.

Un bel album au charme suranné à découvrir et à prolonger avec la suite de l'histoire de la famille d'Amédée dans Pain d'alouette.

 

 

D'autres avis :

Lunch et Badelel - Yvan - Oliv' - Mr Zombi -

 

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Titre : L'aigle sans orteils

Auteur : Lax

Éditeur : Dupuis, Aire libre

Parution : Juin 2005

  78 pages 

Prix : 16,50€


 

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Challenge roaarrr

Chez Mo'

Prix du Jury Œcuménique 2006


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27 juin 2012 3 27 /06 /juin /2012 06:00

chevaux-du-vent-t1-01.JPGchevaux-du-vent-t2-01.jpgCalay est un fermier népalais qui a la malchance d'avoir parmi ses 3 enfants, un garçon sourd et muet. Le jeune Kazi est sans cesse persécuté par les enfants du village et leur derniere attaque a bien failli le noyer. Alors que ses 2 grands frères sont fatigués de le soutenir et que la famille peine à subvenir aux besoins de tous, Calay décide d'envoyer Kazi dans un monastère du Mustang. Une décision difficile et déchirante qui, bien qu'elle soit traditionnelle, implique de ne plus le voir pendant de nombreuses années. De fait, les années passent. Les 2 grands frères, Basanta et Resham, se disputent la même femme, au point d'en venir aux mains. Resham finit par quitter le village pour s'enrôler dans l'armée britannique, au grand dam de son père qui n'apprécie guère les "colonisateurs". Toujours affecté par l'absence de Kazi, c'est bientôt au tour de Calay de prendre la route pour revoir son fils. Mais les frontières sont fermées et le seul moyen de les franchir est de devenir un cartographe espion pour le compte des anglais...

 

Formidable dyptique qui nous plonge avec dépaysement dans les royaumes himalayens ! Lax a imaginé cette histoire au retour d'un voyage au Népal. Si le premier tome était sorti en 2008, voilà enfin le deuxième et dernier volume de cette histoire.

Nous sommes donc dans un Népal historique, encore sous le joug des colonisateurs anglais qui n'hésitent d'ailleurs pas à parler aux locaux comme des moins que rien. On découvre à travers le trajet de Calay, le rôle des cartographes qui, déguisés en mendiants, avaient la charge de dresser les cartes du pays à l'aide d'instruments aussi rudimentaires qu'un thermomètre caché dans une canne et du papier dans les moulins à prière. Un rôle ingrat et dangereux qui pouvait conduire en prison pour espionnage.

Pourtant ce qui importe ici, c'est l'histoire boulerversante et même tragique de cette famille de paysans pauvres qui, malgré les aléas et les conflits, tente de rester soudé, par delà la distance et le temps.

Rythmé par de faux chapitres, signalés par une page blanche suivie d'une illustration pleine page, le récit alterne habilement les moments de tension et d'apaisement. Les personnages extrêmement attachants, la bienveillance de Calay et du vieil amchi (médecin traditionnel qui s'appuie sur l'usage des plantes), le courage de Resham parti à la recherche de son père rendent l'atmosphère particulièrement forte.

Graphiquement, le premier mot qui me vient pour definir le dessin de Fournier est : Lumineux. Les jeux de couleurs donnent beaucoup de consistance au dessin très documenté de l'auteur. Un grand sens du détail est apporté aux décors, aux vêtements, aux accessoires et cela donne un récit très authentique tant par sa narration que par son dessin. Une lumière donc qui imprègne les êtres comme les terres du Toit du monde et qui éclaire les hommes d'une lueur positive et éternelle. La lumière des dieux peut-être, qui président aux destinées humaines

 

Les chevaux du vent (ces fameux drapeaux de prières qui partent à l'assaut des vents pour mieux les porter vers les dieux) est une vraie réussite ! Une de ces histoires qui vous emportent sur une terre et dans une culture différentes. Une histoire qui vous convie à partager l'intimité d'une famille et à trembler pour elle. Une histoire à la fois simple et compliqué comme peut l'être la vie. Une magnifique aventure humaine que j'ai adoré et que vous devez lire !

 

Liens :

Premières pages du tome 1 à découvrir

Interview des auteurs sur le tome 1

 

 

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Titre : Les chevaux du vent

  Scénariste : Lax

Dessinateur : Jean-Claude Fournier

Éditeur : Dupuis, Aire Libre

Parution : Octobre 2008 / NED Juin 2012 (tome 1) - Juin 2012 (tome 2)

  72 / 80 pages

Prix : 16,50€


 

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25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 07:00

otaku-blue-t1-01.jpg Otaku Blue, tome 1 :

 

Asami est étudiante en sociologie. Elle travaille sur une thèse qui a pour sujet, les otakus (fans qui vouent une passion monomaniaque aux jeux vidéos, aux mangas, etc...). Mais rien n'est simple entre son petit ami qui lui reproche son manque de disponibilité, son boulot de serveuse en tenue de soubrette sexy et ses études qui demandent plus de temps que prévu. Elle tente de pénétrer le petit monde des otakus en intégrant un groupe de jeunes filles qui s'habillent à la manière de poupées sexy et découvre bientôt l'existence d'un otaku ultime, le fameux Buntaro que tout le monde connaît sans l'avoir jamais vu.

Au même moment, à Tokyo, la police traque un tueur en série qui s'est attaqué à plusieurs jeunes femmes. Elles sont retrouvées mutilées, tantôt leur pieds, tantôt leurs mains ou leurs seins.

Deux intrigues qui ne rejoindront dans le deuxième et dernier volume à n'en pas douter !

 

Avec cette couverture particulièrement belle et son intrigue qui se déroule dans le Japon contemporain des otakus, cet album avait tout pour me plaire. Pourtant, me voilà malgré tout déçue en le refermant. Graphiquement, j'ai trouvé qu'on était déjà à mille lieux de ce que la couverture laissait suggérer. Le trait s'avère finalement assez classique, voire simple. Si les décors font preuve d'un vrai travail de documentation et de précision, j'ai pourtant eu l'impression que c'était plutôt les couleurs qui donnaient vie aux personnages. Les couleurs, plus ou moins agressives et fortes rendent bien le côté ultra contemporain du sujet mais paraissent un peu artificielles. Le scénario, quant à lui, s'il ne fait preuve d'aucun défaut majeur, m'a hélas peu emballé. Le rythme est un peu poussif, le lien entre les 2 intrigues parallèles ne se fait pas encore et, connaissant bien le sujet, je n'ai rien découvert du monde des otakus, ce qui fera peut-être la différence avec des lecteurs néophytes.

Bref, ce premier volume d'un dyptique se laisse lire mais ne m'a pour ma part, pas totalement convaincue. Je lirais tout de même la suite ! A vous de voir donc.

 

Lien :

Les premières pages à lire.

 

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Titre : Otaku blue, tome 1 : Otaku

Auteur : Richard Marazano

Dessinateur : Malo Kerfriden

Éditeur : Dargaud

Parution : Juin 2012

  56 pages 

Prix : 13,99€


 

 

 

Au-royaume-des-aveugles-t1-01.jpg Au royaume des aveugles, tome 1 :

 

Londres, 2060. Les libertés individuelles n'ont plus droit de cité dans ce futur où tout est controlé, surveillé par des webcams, par les réseaux sociaux, etc... Tout le monde est connecté et chacun peut suivre les allers et venus de son voisin... ou de sa fille. Laurette, jeune adolescente rebelle, cherche à s'échapper de la main mise quelque peu étouffante de son paternel, ancien flic mis sur la touche. Seul son frère arrive encore à lui parler mais ce dernier s'inquiète des relations de la jeune femme. C'est que Laurette fréquente depuis peu un groupe d'activistes qui prépare un attentat pour manifester son refus du tout protectionnisme de l'état. Leur action tourne mal et Laurette disparait. Alors que son père se met à sa recherche, Laurette se voit proposer de devenir une membre active d'une grosse organisation...

 

Ce sont les Salsedo et Jouvray qui nous offrent cette histoire futuriste à la trame finalement assez classique. Le reste est à l'avenant et cette mise en place de l'intrigue et des personnages se révèlent assez peu enthousiasmants. L'idée du Big Brother ne semble pas sufisamment exploité et le traitement pas franchement critique sur cet état de fait. L'intrigue qui ne s'attarde guère sur l'aspect futuriste des choses laisse espérer une suite un peu plus intéressante autour d'un affrontement familial (frère contre soeur, père qui semble cacher quelques secrets) et offre quelques pistes à exploiter.

Graphiquement parlant, ce n'est pas l'extase non plus. L'univers futuriste n'est absolument pas marqué et l'ensemble semble assez plat, vide et froid. Seule la couleur semble animer cette histoire mais elle reste dans une palette assez terne qui ne suffit pas à rattraper le reste.

Autrement dit, Au royaume des aveugles est plutôt une déception qui peine pour le moment à démarrer. Attendons tout de même, le deuxième volume avant d'enterrer définitvement cette série !

En attendant, relisez  Nous ne serons jamais des héros des mêmes auteurs, autrement plus intelligent et subtil !

 

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Titre : Au royaume des aveugles, tome 1 : Les invisibles

  Scénariste : Olivier Jouvray

Dessinateur : Frederik Salsedo

Coloriste : Greg Salsedo

Éditeur : Le lombard

Parution : Mai 2012

56 pages

Prix : 14,45€


 

 

zodiaque-belier-01.jpg Zodiaque - Le défi du bélier :

 

Depuis un an, un tueur en série sévit dans la ville de Chicago. 10 victimes dont il donne à chaque fois quelques indices pour la trouver et laisse sur leurs corps un étrange signe qui ressemble à une tête de bélier stylisée. Hélas, la police peine à trouver une quelconque piste. Stephen Aries qui enquête sur ces affaires est mis au pied du mur par ses chefs, excédés de se voir ridiculisé par le tueur. Sa compagne qui étudie les sérials killers avec ses étudiants lui vient à confier la réflexion de l'un d'eux : le tueur pourrait être un flic. Peu à peu mis en cause, Stephen ne serait-il pas le coupable idéal ?

 

Zodiaque est la nouvelle idée de ces séries concepts qui ont tant le vent en poupe ces derniers temps. Il s'agit ici de réaliser un album autour d'un signe astrologique et d'un personnage affublé des traits de caractère inhérents à son signe (et d'un pouvoir particulier que je vous laisse découvrir). 12 tomes donc qui devraient paraître en un an, le tout clotûré par un 13ème qui refermera la série. Corbeyran scénarise le tout mais c'est un dessinateur différent qui s'y colle à chaque fois.


Ce premier tome qui s'attaque au Bélier nous offre une histoire de tueur en série, tout ce qu'il y a de plus classique. Un tueur qui se joue de la police, un flic dont la place et les compétences sont remises en cause, des personnages secondaires anecdotiques. En 48 pages, l'enquête est vite bouclée et si les auteurs réalisent l'exploit de tout condenser en si peu de pages, on regrette tout de même de n'avoir pu "savourer" toute la perversion du tueur, depuis ses premiers meurtres et de voir grandir la tension qui règne au sein de la police. De fait, on reste un peu en dehors de l'histoire. La psychologie des personnages est peu approfondie et le retournement fantastique de la chute nous prend totalement au dépourvu, tombant un peu comme un cheveu sur la soupe.

Vous l'aurez compris, c'est encore une fois un album peu convaincant que voici. Mais vous pouvez espérer que les signes suivants soient d'un autre niveau... A ce jour, le Taureau, le gémeaux et le Cancer sont disponibles et sachez que chaque histoire peut se lire indépendamment des autres.

 

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Titre : Zodiaque, le défi du bélier

  Scénariste : Corbeyran

Dessinateur : Sebastien Goethals

Éditeur : Delcourt

Parution : Mars 2012

48 pages

Prix : 13,95€


 

 

 

 


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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 23:30

les-beaux-jours-reviennent-01.jpgJoseph Lapouthre est professeur au lycée Georges Brassens. Il découvre le nouveau président de la république qui vient d'être élu :  Pierre-Marie Tardjet. Ce dernier met rapidement en place une politique sécuritaire et traditionaliste. Il instaure le catéchisme à l'école, les cours de morale, la conscription militaire et les professeurs doivent se conformer aux nouvelles directives. Joseph, choqué, semble pourtant résigné et préfère s'intéresser de près à la jolie et nouvelle collègue, Marie.

 

Voilà une histoire à forte teneur réaliste qui nous conte la plongée d'un état vers une prise de pouvoir totalitaire. Tardjet, après de premières mesures qui ne semblent pas rencontrer beaucoup d'opposition, intensifie ses actions. Bientôt des caméras de surveillance envahissent les rues et même les salles de classe. Une milice chrétienne est créée et les contestations publiques qui commencent à se faire entendre sont durement réprimées. Au milieu de tout ceci, Joseph tente de contester gentiment au sein de l'école ces mesures mais face à lui il n'y a qu'indifférence ou pire encouragement de son directeur au visage fasciste. Seule Marie, qu'il va bientôt fréquenter, semble éclairer son morne quotidien fait de passivité. Mais, en attendant que les beaux jours reviennent, Joseph va peut-être finir par s'en mêler...

 

C'est avec effroi que l'on découvre les dérives totalitaires de cet état qui ressemble tant au nôtre... Un état raciste, ultra-sécuritaire qui utilise les peurs des habitants et manipule la population et qui ne sera pas sans rappeler une présidence sarkozyste qui aurait extrêmement mal tournée. Manolo Prolo signe ici un album très engagé envers toute forme de mesure liberticide mais dénonce par ailleurs les dangers de la passivité. Si une certaine opposition secrète finira par se manifester, on ne pourra que constater que le mal et la violence ont, hélas, déjà pris place dans le pays.


On ne peut que remercier l'auteur pour cette intention louable de mise en garde contre les extrêmismes, en ces temps d'élections en tout genre. Si les nouvelles règles édictées se mettent en place progressivement et de manière tout à fait insidieuse, leur accumulation dans un temps plutôt court semble malgré tout moins réaliste. Les personnages, très différenciés, offre d'un angle d'approche très intéressant. Joseph est un monsieur tout le monde qui, tout en s'indignant immédiatement sur ces différentes mesures, peine malgré tout à aller au bout de son engagement et à s'impliquer de manière plus concrète dans la rébellion. Son direteur, au contraire, présente un visage plus que déplaisant, appuyant avec enthousiasme toute sorte de réflexions racistes et moralisantes, stigmatisant les intellectuels forcément inutiles, les arabes forcément tous intégristes, les pauvres forcément des branleurs, les jeunes forcément tous des sauvages, etc...

Marie et l'histoire d'amour qu'elle entraîne m'a semblé plus effacée et moins pertinent.

 

Manolo Prolo déploit un trait fort adéquat à cette histoire morose et délaye de beaux lavis en noir et gris.

Il nous offre un album intelligent qui nous rappelle de ne pas être des moutons et de n'accepter aucune action qui tenderait à resteindre nos libertés. Une histoire plus qu'intéressante mais qui peine quelque peu à s'éléver et à être véritablement marquante. A découvrir sans se poser de question pour la piqure de rappel libertaire et pour apprécier son expression graphique !

 

 

D'autre avis :

Paka -

 

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Titre : Les beaux jours reviennent

Auteur : Manolo Prolo

Éditeur : Même pas mal

Parution : Avril 2012

    112 pages

Prix : 20€


 


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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 07:00

ghostopolis-01.jpgFrank Gallows est un chasseur de fantômes de la Force d'Intervention de l'Immigration surnaturelle qui traque les esprits tentant de prendre un peu de bon temps dans le monde des humains. C'est en poursuivant un cheval squelette que Frank croise le jeune Garth. Garth vit seul avec sa mère et est atteint d'une maladie incurable qu'aucun médecin ne sait soigner. Alors que le cheval fuit et passe à travers les murs, Frank réussit à le renvoyer à Ghostopolis, le monde des fantômes, in extremis. Mais ce qu'il ignore, c'est qu'il y envoit par la même occasion Garth, coincé entre les côtes du cheval ! Alors que son poste déjà menacé vient d'être totalement mis à mal par cette bourde, Frank décide de mener ses propres recherches, en parralèle de ses patrons. Il part aussitôt à Ghostopolis, en compagnie de Claire, son ancienne fiancée et découvrent bientôt que la ville est sous la direction du terrible Vaugner qui fait régner sa loi et semble fort perturbé par les étranges pouvoirs que Garth développe dans ce nouveau monde.

 

Bienvenue à Ghostopolis ! Une ville où tous types de morts déambulent : les momies, les squelettes, les loups-garous et autres spectres. Alors que Doug "sympathise" avec le cheval squelette qu'il appelle "Cotelette", Frank retrouve rapidement la trace du jeune garçon. Le petit groupe tente de retourner dans le monde des vivants mais doit bientôt afffronter les sbires de Vaugner, bien décidé à éliminer un concurrent en devenir.

L'auteur nous emmène dans cet étrange univers fantastique où les morts semblent vivre une seconde vie. Loin de toute atmosphère plombante et mortifère, le récit s'avère au contraire très dynamique et parfois même humoristique. Les réparties ironiques de Frank, le fatalisme de Doug qui vit sa maladie incurable sans pathos et qui, curieux et courageux, va faire preuve d'un allant formidable et s'attacher l'amitié des autres membres du groupe, la joyeuse étrangeté des autres personnages, le méchant qui semble aussi attachant à sa façon.


Tout concourt à faire de cet album, une histoire originale et efficace. L'importante pagination s'appréhende sans lourdeur et les nombreux rebondissements donnent du rythme à la narration.

Le trait du dessinateur est plutôt épais et la colorisation se fait sur de grand aplats aux teintes douces. Cela donne un album très aéré où les personnages sont vivants et leurs émotions palpables.

Ghostopolis est un album vraiment très accessible qui peut se donner à lire aux adolescents tout en donnant beaucoup de plaisir aux plus grands !

J'ai eu, pour ma part, un petit coup de coeur pour cette histoire qui oscille entre un récit fantastique et une quête initiatique, le tout ponctué d'une belle dose d'humour, de fraicheur et d'optimiste !

 

 

D'autres avis :

Joelle - Archessia - David Fournol - 1BDparjour -

 

Lien :

Site de l'auteur

 

 

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Titre : Ghostopolis

Auteur : Doug TeNapel

Éditeur : Milady

Parution : Mars 2012

    272 pages

Prix : 23,30€


 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 20:00

Billy-Wild-t1-01.jpgBilly-Wild-t2-01.jpgBilly-Wild-integrale.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Billy Wild, le plus grand chasseur de tête de l'Ouest en est à son 240ème corps. C'est que notre homme est une fine gâchette et qu'il semble résister aux balles. Pour le moment, la préoccupation de Billy est de retrouver ce satané Linus qui a disparu. Cet "ami" qui lui fournit un curieux élixir qui l'aide à résister aux balles. Quelques gouttes suffisent pour que les plaies se referment, comme par enchantement. Mais pour la première fois en 2 ans, Linus reste introuvable et Billy s'impatiente...

Mais retournons au commencement de cette histoire.


Billy Wild est alors un jeune garçon du nom de Hans Gut qui rêve de devenir le plus grand tireur de l'Ouest. Mince, filiforme, il est constamment embêté par une bande d'enfants plus forts que lui. Jusqu'au jour où Linus, un mystérieux charlatan, se pose en défenseur providentiel de ce dernier. Reconnaissant envers son bienfaiteur, il n'aura de cesse de l'accompagner et de vanter les produits que Linus colporte. Usant de sa naïveté et de ses faiblesses, Linus finit par lui offrir un immense pouvoir qui permettra à Hans de devenir Billy Wild. Mais Billy découvrira bientôt que le prix à payer de ce pacte contre nature est élevé avant que la colère ne se transforme en froide vengeance.

 

L'histoire de Billy Wild, entre western et fantastique, est un concentré de noirceur qui se déploie dans une ambiance malsaine et crépusculaire.

Car ce qui marque avant tout ici, c'est l'extraordinaire graphisme de Griffon qui étend le noir de l'histoire à toutes les pages. Usant d'un trait acéré, tranchant, il donne magnifiquement corps à ce western gothique. Les corps sont longilignes, parfois démesurés. Les visages, taillés à la serpe, offrent des expressions grimaçantes, tordues qui laissent affleurer la cruauté ou le malheur qui les habitent. Les paysages désertiques, torturés, sont sous la surveillance de corbeaux de mauvais augure. L'encre noire habite pleinement les pages et l'auteur joue habilement des effets de lumière et d'ombre qui accentuent durablement l'atmosphère plombante et post-apocalyptique qui se dégage ici. Griffon a fait naître de la beauté dans ce maelström où le Mal et l'Enfer ne sont pas absents. Bientôt, les 13 cavaliers de l'apocalypse apparaîtront pour semer la mort.

La narration en voix off remplace judicieusement une prolifération de dialogues qui n'ont pas leur place dans ce monde en décadence où l'humain disparaît au profit de l'occulte.

 

Ce diptyque fut à l'époque une véritable claque graphique. Sa relecture, aujourd'hui, est loin d'affaiblir mes impressions et je reste tout aussi impressionnée par le travail en noir et blanc de Griffon qui allie efficacité, beauté et originalité dans un même trait. L'histoire, même mâtinée de détails fantastiques, reste simple et classique : une vengeance qui prend naissance dans un pacte avec le diable ou ses acolytes.  Mais sa mise en images est d'une telle force, d'une telle puissance à travers ce fourmillement de détails qu'on ne peut qu'être emporté par la qualité de l'ensemble.

 

Une histoire plus que saisissante donc que les amateurs de graphisme original et étudié doivent lire absolument !

 

 

Liens :

Preview

 

D'autres avis :

Mo' - Mike, tome 1 et tome 2 - Yvan - Joelle -

 

 

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Titre : Billy Wild

  Scénariste : Céka

Dessinateur : Guillaume Griffon

Éditeur : Akileos

Parution : Janvier 2007 / Mai 2008

Intégrale : Avril 2009 - 220 pages

Prix : tome 1 et 2 épuisés - 25,50€ l'intégrale




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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 06:00

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Addidas Em et son père vivent dans une ville industrielle, hérissée de hautes cheminées. La petite fille, par sa petite taille, aide son père ramoneur à se nettoyer les conduits étroits où ce dernier ne peut pénétrer. Petite fille dégourdie, elle semble parfois bien plus mature que son papa qui s'oublie parfois dans la boisson en ressassant la perte de sa femme dans une cheminée et se souciant de l'étrange maladie de sa fille. C'est que Addidas plonge parfois dans un bref coma inexplicable qui l'a laisse inanimée, et ce, plusieurs fois par jour. Un matin, alors que le papa cuve sa cuite de la veille, Addidas part seule effectuer le travail de ramonage. Sa rencontre avec leurs plus sérieux concurrents qui veulent lui prendre le contrat se terminera sur des paroles malheureuses qui poussera la petite fille à s'enfoncer au plus profond de la cheminée. C'est là qu'elle y rencontre une étrange créature qui lui fera découvrir les machines secrètes liées aux hommes.

 

Série incontournable, c'est avec quelques années de retard que je découvre ce petit bijou !

Peeters et Wazem nous emmène sur les pas de la petite Addidas pour une histoire sombre et poétique.

Addidas est une petite fille profondément attachante dont la naïveté émeut. Portant un regard innocent sur les choses, elle n'en est pas moins parfois incroyablement adulte. Son père semble faire ce qu'il peut pour ne pas se laisser sombrer et on comprend que sa fille est tout ce qui lui reste, la seule chose qui compte à ses yeux. Sa disparition dans les cheminées, comme sa mère, est une véritable déchirure pour lui qui fera tout pour la retrouver. La relation entre Addidas et son père est particulièrement forte et d'autant plus puissante que la mère a disparue. Ces deux-là se soutiennent mutuellement mais parfois l'un se perd quand l'autre a encore besoin du réconfort paternel. C'est alors dans les entrailles de la ville que Addidas cherchera refuge.


La ville semble ici tentaculaire. La campagne, totalement absente, sonne comme une promesse lointaine, comme un fantasme idéal inatteignable. A quoi servent toutes ces cheminées qui ponctuent le paysage ? Quelle est cette étrange créature chassée par les siens qui s'attache à Addidas ? Que cherchent ces hommes en secret dans les entrailles de la terre ? A quoi servent ces machines sur lesquelles travaillent sans repos des êtres inconnus à la force surhumaine ? Addidas a -t'elle rencontré ce qu'ils s'escriment à trouver depuis si longtemps ?

Les rouages urbains semblent menaçants et l'administration s'obstine à manipuler ses habitants et les envoyer contre leur gré creuser un trou dont personne ne connaît le but.

 

Au fur et à mesure de l'histoire, la fraîcheur et l'innocence d'Addidas s'oppose à la fumée, à la grisaille d'un monde trop terre à terre. L'espoir et les rêves n'existent plus que dans l'imagination. Et seule Addidas comprendra son importance, cette capacité de recréer un monde parfait, sans les contraintes du réel, tel un démiurge devant sa création.


Peeters déploie dans ces albums un univers à l'époque et à la géographie indéfinie. Addidas est dessinée avec beaucoup de tendresse : de grands yeux innocents qui ne peuvent laisser indifférent, une bouille adorable et pleine de candeur. Le trait est dense, profond ; les personnages sont expressifs, mis en valeur par l'économie de paroles. Si le dessin de Peeters se passe sans aucun problème de couleurs, ces dernières, réalisées ici par Albertine Ralenti, donnent encore plus d'ampleur, de chaleur et de lumière à cette géographie urbaine assombrie par les cheminées, la fumée, la résignation.

 

Koma est tout simplement inexplicable. Fable métaphysique et bien plus encore, échappant à une compréhension pleine et entière, cette histoire semi-réaliste s'épanouit dans un onirisme final qui donne au récit une autre dimension. Série indispensable qui ne se refuse à tout classement, Koma est juste un chef d'oeuvre de poésie, de tendresse et d'amour. Une oeuvre unique qui rend hommage au pouvoir de l'imagination et du rêve face à la bêtise des hommes.

 

D'autres avis :

Yvan - David - Champi -

 

A noter :

Une intégrale des 6 tomes existe depuis peu en version non colorisée.

 

 

 

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Titre : Koma

Dessinateur : Benoir Peeters

Scénariste : Pierre Wazem

Éditeur : Humanoides associés

Parution : de 2003 à 2008

    48 pages

Prix : 11,20€

Intégrale noir et blanc : Mai 2010 / 279 pages / 24,95€

 


 

bd du mercredi

Chez Mango

 

 


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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 14:10

Demain-demain-01.jpgOctobre 1962. Soraya et ses 2 enfants débarquent d'Algérie pour rejoindre Kader, installé en France. Alors qu'elle pensait arriver dans un palace, Soraya découvre que le logement n'est qu'une miséreuse cabane située dans un bidonville. C'est le choc ! Pas d'électricité, pas d'eau courante, un toit en tôle qui fuit. Soraya peine à accepter la réalité, pourtant elle n'aura pas le choix. Comme des milliers d'autres immigrés entassés dans ce bidonville, la famille Safiri va devoir vivre dans des conditions insalubres, attendant désespérément le logement espéré dans ces grandes barres d'immeubles en construction.

 

Laurent Maffre revient dans cet album sur cette période peu glorieuse de l'histoire française : en pleine reconstruction d'après-guerre, la France a favorisé l'immigration massive de portugais, maghrébins, ... main d'oeuvre peu coûteuse pour les usines et les industries du bâtiment. Des immigrés dont on se soucie peu du logement et qui se retrouve entassés aux portes de Paris tandis qu'ils oeuvrent dans la journée à construire les habitations qui leur manquent. De cet état de fait est né le 127 rue de la Garenne. Ce terrain de 21 hectares situé à Nanterre va devenir un des plus grands bidonvilles de France. On le baptisera La Folie. 8000 à 10 000 habitants qui n'ont pour seule adresse que le 127 rue de la Garenne.

S'appuyant sur le travail de Monique Hervo qui, durant de longues années, vécut à La Folie pour soutenir ses habitants, sur des rencontres avec des familles immigrés ayant vécu au bidonville, Laurent Maffre retranscrit avec succès la situation de l'époque dans cet album très documenté qui offre un témoignage poignant.

 

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A travers l'histoire de la famille Safiri, nous allons découvrir le parcours d'une famille immigrée au sein de la République Française. La France, mirage fantasmé où coulerait l'argent à flot est loin de cette image d'Epinal. Mais pour ceux qui ont quittés leur pays, il est de bon ton de continuer à entretenir l'illusion. Mise en scène truquée de photos familiales avec décors architecturaux parisiens, cartes postales grandiloquentes, retour au pays triomphal avec argent et cadeaux. Il est difficile de détruire le mythe et de révéler ses difficultés lorsque l'on a tout quitté. La famille qui rejoint le mari ultérieurement n'en est que plus choquée.

La vie au bidonville est loin d'être sereine. La police rode et interdit tout construction en dure. Les habitants travaillent alors la nuit pour rendre "habitable" leur misérable cabane, planquant derrière la tôle et autres déchets le mur en briques monté en cachette. Des destructions arbitraires se font régulièrement. Les incendies menacent. Les ordures s'accumulent et sont brûlés lorsque l'odeur devient trop forte. Les enfants jouent près des camions et vont à l'école du quartier. Stigmatisés par leurs camarades mieux lotis qui vivent dans les HLM,  les "chaussures sales" en prennent leur parti avec la naïveté de l'enfance. Pendant ce temps-là, les pères triment, s'occupent de l'approvisonnement en eau, doivent faire face aux récriminations de leurs femmes, affronte une administration française odieuse et parfois même corrompu.

POurtant, malgré les difficultés, entraide et chaleur n'ont pas disparus, bien au contraire. Il y a les hommes qui se donnent des coups de main pour améliorer leurs logements. Il y a les enfants d'une accouchée qu'on prend en charge. Il y a ceux dont la maison à brûler qu'on reloge ici et là. Il y les français qui n'hésitent pas à fraterniser et à offrir leur aide. Il y a les fêtes aussi où les danses et les chansons amènent lumière et joie.

Voilà la vie d'un immigré au 127, rue de la Garenne.

 

L'auteur offre un récit réaliste et profondément humain sur ces hommes et ces femmes, unis dans l'adversité. Conçu dans le prolongement de son précédent album L'homme qui s'évada, l'auteur a souhaité mettre l'accent sur le témoignage direct de ces immigrés. Il leur laisse la parole, évitant une voix off narrative, et permet une identification plus facile, une empathie plus naturelle vis à vis de ses personnages.

Son trait, épuré et précis à la fois, fourmille de détails et rend avec beaucoup d'ampleur les sentiments et les émotions vécus. Les couleurs absentes se sont pas nécessaires tant le dessin se révèle fort.


Pour ma part, je vous avoue bêtement que j'ai tout découvert des bidonvilles de Nanterre avec cet album. Au delà du contenu historique, j'ai été frappé de la résonnance toute contemporaine de cette histoire. Combien de personnes vivent encore de cette manière-ci en France ? Bien plus qu'on ne l'imagine, je crois. Je pense entre autres aux roms qui subissent encore de nos jours le même genre d'oprobe et de difficultés.

Demain, demain me semble un album essentiel pour qui veut comprendre à quoi rime immigration et intégration. Celle d'hier mais celle d'aujourd'hui également. A l'heure où ces termes sont plus des arguments de campagne et des concepts chiffrés, il me parait indispensable de voir et de comprendre la réalité humaine qui se cache derrière ces mots. Laurent Maffre peut se féliciter d'avoir atteint son objectif : celui de donner la parole à celles et à ceux qui ont été sacrifiés sur l'autel du travail et de la rentabilité.

C'est un véritable coup de coeur que je partage avec vous et je vous enjoins de découvrir cette histoire !

 

 

Liens :

Interview audio de l'auteur et de Monique Hervo.

Archives audio de Monique Hervo : Cette dernière a enregistré des centaines d'heures de témoignages d'habitants du bidonville. Aujourd'hui, plusieurs heures ont été numérisés et vous sont proposés en libre accès, accompagnées des dessins de Laurent Maffre. Je vous encourage chaleureusement à aller écouter ces voix qui ont traversées les années offrant ainsi une prise directe sur la situation de l'époque.

 

D'autres avis :

Mo' -

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  Titre : Demain, demain - Nanterre, bidonville de la folie

Auteur : LAurent Maffre

Éditeur : Actes Sud BD / ARTE

Parution : Mars 2012

    160 pages

Prix : 23,40€



 

 

 


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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 07:00

veridique-histoire-des-compteurs-a-air-01.jpgDans un monde futuriste et quelque peu aseptisé, l'air que nous respirons est devenu une denrée si rare qu'il est désormais compté. L'homme se balade désormais avec un compteur à air dans le dos et est tenu d'économiser coûte que coûte ce précieux "carburant". Des quotas sont imposés et les parents d'Emile dont nous suivons l'histoire lui interdisent bien d'en consommer pour « des bêtises comme respirer des fleurs ou monter l’escalier quatre à quatre ».

 

Cette fable si moderne est pourtant une réédition d'un album ô combien visionnaire paru en 1973. Evoquant de manière directe une dégradation de l'environnement telle que des compteurs deviennent nécessaire pour vivre, il pointe aussi du doigt les inégalités sociales. Alors que pour le petit Emile, le simple fait de respirer une fleur en cachette ou même de rire est du gaspillage, on voit d'autres enfants plus nantis avoir la chance de posséder un animal et de courir en leur compagnie. Plus loin, ce sont des ouvriers d'usine qui meurt dans l'indifférence. Et plus loin encore, on découvre une zone où l'air est tellement pollué qu'il en est gratuit.


Cardon dessine ici un monde effrayant, presque déshumanisé. Les humains sont affublés d'un boite disgracieuse sur le dos qui engendre une mode en conséquence et n'évite pas la surenchère sur de nouveaux compteurs toujours plus performants. Les rues sont vides, silencieuses. Il n'y a plus de voitures, plus de cris d'enfants, plus de vie pourrait-on dire. Résignation et désespoir semblent être le quotidien.

 

La mise en forme graphique dans un format à l'italienne est tout aussi curieuse. Le texte ne prend pas place dans le dessin et l'album se présente comme une alternance de dessins muets et de page de texte. Un texte court, percutant qui tient en une phrase mais éclaire l'image d'à côté. Les dessins sont donc en pleine page ou même en double page. Le trait est épuré, se construisant sur des lignes graphiques étouffantes, écrasantes qui laissent peu de place à la liberté des hommes. Aucune couleur pour alléger l'atmosphère pesante. Les seuls tâches colorées présentes ne font que souligner l'importance d'un détail : les nouveaux compteurs, la fleur interdite,...  Le monde de Cardon se veut fort sombre...

 

La véridique histoire des compteurs à air est une histoire à la fois surréaliste et se basant sur des réalités sociales et environnementales bien réelles. Vu à travers le regard d'un enfant d'ouvrier qui se confie à son journal intime, le monde inégalitaire est dénoncé de manière subtile. Un album atypique d'une grande force et qui n'a pas perdu son étonnante actualité.  

 

Liens :

Interview de Cardon

 

D'autres avis :

L'accoudoir - Du9 -

 


 

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Titre : La véridique histoire des compteurs à air

Auteur : Jacques-Armand Cardon

Éditeur : Buchet Chastel, Les cahiers dessinés

Parution : Février 2012 (1ère édition : 1973)

    160 pages

Prix : 28,40€


 

 

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Humeur

Le 26 Août 2013 :
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