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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 07:00

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Nous sommes à l'extrême sud du Chili, dans une zone à moitié désertique uniquement fréquentée par de rares géologues. C'est dans ce quasi isolement que grandit Paolo en compagnie de ses parents. Un jour, un homme survient. Et tue ses parents pour s'approprier le refuge et se cacher de la police. L'enfant est épargné et doit désormais partager son quotidien avec Angel, l'assassin. Le temps fait son oeuvre et finit par rapprocher les 2 hommes en silence.

 

Paolo est un garçon assez mutique qui parle peu. Son enfance ne semble pas totalement épanouie, ni remplie d'amour. L'arrivée d'Angel et la disparition de ses parents n'entament pas beaucoup son silence. Son émotion est assez peu palpable et donne presque une impression d'indifférence. Pourtant, peu à peu, au contact de l'assassin, Paolo reprend vie. Tout comme Angel qui s'humanise au contact du jeune garçon.

Puis c'est Luis, un étranger un peu vagabond qui va atterrir à leur cabane. Echappant au couteau d'Angel, il va partager leur vie. Bientôt la faim les oblige à retourner en ville, à Punta-Arenas. Où le passé ne manquera pas de rattraper Angel.

 

"Les larmes de l'assassin" est tout d'abord un roman d'Anne-Laure Bondoux. C'est Thierry Murat qui signe ici l'adaptation BD. Le dessinateur construit son récit à partir de Paolo qui est le narrateur de l'histoire. Tout en retenue et en silence, il est constitué de vastes planches découpées le plus souvent en 3 cases laissant ainsi la part belle au décor et aux personnages. Les dialogues sont rares et ne prennent pas place dans un phylactère. La narration, elle, prend place sous chaque vignette. Les couleurs se font ternes et assez neutres, majoritairement en ocre, accentuant ainsi l'effet désertique des paysages. Murat s'arrête longuement sur les paysages dont il rend avec brio l'âpreté et la difficulté qu'il y a à vivre dans cet environnement.

Mais finalement, l'album s'avère riche en émotion. La relation entre Paolo et l'assassin de ses parents évolue vers un attachement qui devient indispensable à chacun.

 

"Je ne t'abandonnerai jamais. J'imagine que je devais être la seule personne au monde à qui il pouvait dire des mots aussi improbables que "toujours" ou "jamais"."

 

Angel, malgré sa violence intrinsèque, atteste de gestes affectueux : il s'inquiète de sa disparition, lui ramène un bébé renard, ... Le jeune garçon découvre, de son côté, la conscience d'exister aux yeux de quelqu'un, tout assassin soit-il.

 

"- C'est quoi le jour de ta naissance, essaye de te souvenir...

- C'est le jour où tu es arrivé ici. Je ne me souviens de rien avant ce jour."

 

Car leurs rapports restent malgré tout ambigus. Paolo n'oublie pas qu'Angel est un tueur. Et c'est tout l'art de l'auteur de suggérer cette ambivalence.

Aussi n'attendez pas ici un album trépidant : il s'agit d'un récit contemplatif où tout se tient dans l'ambiance et les non-dits.

Les larmes de l'assassin est finalement un très bel album à la fois noir et poétique qui remuera le lecteur pour la charge émotionnelle qu'il contient et le portera par son dessin très évocateur.

A découvrir absolument !

 

 

D'autres avis :

Noukette - Théoma - Kactuss - Yvan - Chiffonnette - Véro - sont tous sous le charme.

Joelle qui n'a pas été touchée.

 

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Titre : Les larmes de l'assassin

Dessinateur / Scénariste : Thierry MUrat

Editeur : Futuropolis

Parution : Février 2011

  128 pages 

Prix : 18€


 

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Prix du Jury Œcuménique de la Bande Dessinée 2012


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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 17:40

Groenland-Manhattan-01.jpgIl y a un mois, je vous parlais d'une bande dessinée sur l'histoire de Minik, le jeune inuit qui a été emmené avec d'autres membres de sa communauté en plein New York, par le commandant Peary. Ma lecture du Minik d'Hippolyte et de Marazano a donc été suivie de peu par l'album ici présent de Cruchaudet.

 

Nous sommes au Groenland en 1897. Le commandant Peary et ses hommes sont sur le départ pour retourner en Amérique. Les cales sont chargés de "souvenirs" à ramener de son expédition comme une énorme météorite qui devrait impressioner le muséum. Les questions du petit Minik au commandant vont entraîner un peu par hasard son départ avec sa famille pour ce pays qui lui semble si étrange qu'il ne croit pas à son existence. L'arrivée en Amérique et le quotidien qui les attend va être rude... Vous le savez déjà : sur les 5 inuits arrivés, seul le petit Minik survivra à la maladie contre lesquels ils n'étaient pas imunisés. Et c'est seul que Minik devra affronter cette nouvelle existence.

 

Difficile de ne pas inscrire cette lecture dans un procédé de comparaison avec l'autre album.

Ici Chloé Cruchaudet débute son récit au Groenland. On y découvre l'attitude un peu détestable de Peary qui semble ne chercher qu'un quelconque profit et remercie les locaux à coup de boites de conserves et d'aiguille à coudre alors qu'il se lance dans de grandes diatribes poétiques dans son journal personnel ! Mais c'est surtout l'occasion pour l'auteur de nous faire partager la vie quotidienne des inuits en pénétrant l'intimité de quelques uns. On y découvre leur générosité, leur timidité et leur maladresse face aux objets occidentaux. Y sera évoqué également les avis partagés qu'ils ont sur le commandant Peary, sorte de fou un peu têtu. L'arrivée à New York se révèlera assez traumatisante pour eux, assaillis par des milliers de curieux qui viennent les voir comme des animaux exotiques. Alors qu'ils se meurent peu à peu, Peary se préoccupe bien plus de l'argent que cette expédition peut lui revenir à coup de représentations, objets-souvenirs, etc... qui lui permettrait de repartir. On voit le jeune inuit grandir et s'intégrer comme il peut, jusqu'au jour où une découverte choquante réveille  violence et désir de vengeance contre ce Peary qui ne tient pas ses promesses.

 

Bien évidement, Peary comme d'autres américains sont ici montrés du doigt pour leur égoisme et leur racisme intrinsèque. Pour eux, les "esquimaux" sont juste des bêtes curieuses qui rapporteront quelque avantage financier ou dépayseront pour un temps les badauds locaux. Leurs sentiments sont totalement niés et la découverte fracassante du petit Minik le prouve bien.

Pas grand chose à dire que je n'ai déjà dit pour l'album Minik. On retrouve la même trame et les mêmes dénonciations.

Néanmoins, Chloé Cruchaudet choisit ici de débuter et de terminer son récit au Groenland. Elle évoque ainsi le retour de Minik sur sa terre natale et surtout l'impossibilité du garçon de se réadapter à son ancienne vie et à s'intégrer dans un nouveau groupe qui a tout oublié de lui et de sa famille. Voilà une perspective fort intéressante qui était absente de Minik et donne un nouvel éclairage à la destinée du jeune homme, plus tout à fait esquimau, ni tout à fait américain.

Néanmoins, du fait qu'il fasse suite à ma lecture de Minik, je ne lui ai pas trouvé la force et l'impact que le premier album m'avait offert. La découverte de Minik qui va entraîner sa rébellion m'a, par exemple, semblé moins "choquante", moins forte : certainement que je m'y attendais déjà.

 

Côté dessin, rien à redire ! Le trait de Cruchaudet que je découvre est de grande qualité. Les tons sont majoritairement éteints et soulignent le froid de la banquise comme celui de New York. Elle intercale dans son récit des pages plus oniriques dans un style graphique différent plus coloré de genre naïf, comme des articles de journaux évoquant Peary ou Minik.

Dans sa narration, elle réussit avec brio à relever les différences et les incompréhensions entre les 2 peuples. On trouvera par ailleurs une postface documentaire accompagnée de photos anciennes et d'une bibliographie.

 

En conclusion, j'ai pris du plaisir à lire cet album qui tient d'une certaine façon au récit ethnographique en s'interrogent sur l'éthique de l'exploration et sur les difficultés d'intégration de différentes cultures, mais j'ai pour ma part une petite préférence pour le Minik qui, par ma découverte personnelle du sujet, par le parti-pris plus dramatique et poétique m'a emporté avec plus de force sur les pas du jeune inuit.

 

Un album à découvrir dans tous les cas !

(malgré ce laborieux billet dont je ne suis pas du tout satisfaite...j'ai vraiment trop trainé pour la rédaction...)

 

D'autres avis :

Théoma - Keisha - Joelle

 

Liens :

Les premières pages sont à lire ici !

 

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Titre : Groenland Manhattan
Scénario et Dessin : Chloé Cruchaudet
Editeur : Delcourt, Mirages
Parution : Mars 2008

128 pages

Prix : 16,50 €


 

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17 août 2011 3 17 /08 /août /2011 07:00

elle-ne-pleure-pas-elle-chante-01.jpgLaura est réveillée un matin par un coup de fil qui lui annonce que son père est dans le coma. C'est le choc. Mais pas celui attendu car Laura, elle, est heureuse... L'homme dont elle a si souvent souhaité la mort, git désormais inconscient à sa merci. La jeune femme se rend à la demeure familiale, soutient sa mère effondrée et retrouve toute la famille unie autour de ce drame. Elle se rend à l'hôpital avec le médecin de famille et une infirmière lui signale qu'il faut parler aux comateux qui se souviennent des paroles de leurs proches. L'impuissance de son père permet alors à Laura de se vider de tout ce qui lui pèse depuis de nombreuses années et de se libérer de l'emprise d'un père trop aimant.

 

Elle ne pleure pas, elle chante est un album adapté du roman éponyme d'Amélie Sarn où cette dernière évoque, disons-le crûment, l'inceste paternel. Un sujet difficile que Corbeyran et Murat ont réussi à illustrer sans pathos.

Tout le récit est vu du point de vue de Laura et en effet, c'est la voix de la victime qui est ici mis en valeur.

Les retrouvailles avec sa famille dont elle s'était éloignée sont lourdes de silences et de non-dits. Sa mère semble lui reprocher son indifférence ou sa froideur par un " ce n'était pas un monstre, tu sais" que le lecteur devine pas si loin de la vérité finalement...

La vision de son père, presque mort, à l'hôpital est un électrochoc pour Laura qui laisse enfin ses larmes couler et se remémore tout un passé difficile. L'impuissance et le silence de son père comateux est l'occasion pour la jeune femme de se délivrer du poids des actes paternels et d'exprimer sa haine pour ce père qui l'a souillé mais aussi de manière plus surprenante son amour.

Alors Laura raconte et le lecteur découvre les faits. Les propos sont à la fois pudiques et extrêmement forts. Elle raconte combien ce père lui a fait mal mais évoque aussi la sensation d'amour qui naît de ces échanges contre-natures. Une sensation dérangeante qui montre toute l'ambiguïté des rapports incestueux avec la conscience que cet acte est mauvais mais qu'il est aussi d'une certaine façon une marque d'amour.

Laura parle de la force dont elle a dû faire preuve pour continuer à avancer malgré tout dans la vie, du fait qu'elle ne s'est pas laissée complètement détruire et que désormais c'est elle la plus forte alors que lui, son père, gît inerte et inconscient sur un lit.

 

Vous l'aurez compris, cet album est d'une puissante intimité tout en ayant un caractère universel. Le propos est difficile et ne peut évidemment pas laisser indifférent. On découvre la portée de tels actes dans la vie d'un enfant, les répercutions à long terme et les difficultés de se construire. On partage la haine de la victime, sa révolte, les cris dont elle peine à se libérer.

Néanmoins, j'émets une certaine réserve par rapport à cet album. L'ambiguïté évoquée ci-dessus m'a fortement gênée. Même si je peux la concevoir, elle n'en est pas moins dérangeante pour un lecteur lambda qui n'a pas vécu lui-même ce type de drame. Le sous-entendu de Laura évoquant presque "l'affection" qu'elle éprouve pour ces gestes déplacés, symbole d'un amour bien trop débordant (mais amour tout de même) d'un père pour sa fille m'a franchement désarçonné...Même si je sais qu'on peut continuer d'aimer ses parents, malgré des actes répréhensibles qu'ils auraient commis contre vous, même si je sais que toute marque d'amour est mieux qu'indifférence, il m'a été difficile d'accepter qu'on puisse "apprécier" (mes termes sont mal choisis mais je n'en trouve pas d'autres...) ou les attendre d'une certaine manière. (attention, je ne dit pas que l'héroine aimait se faire violer par son père !)

La pirouette finale, innatendue, est d'une ironie désespérée. Mais la réaction de Laura m'a laissée aussi perplexe. Qu'en est-il du travail de deuil du passé ? Le père aurait-il finalement "gagné" contre sa fille qui pourtant nous a montré tout au long de cet album qu'elle avait enfin trouvé la force d'affronter son passé et qu'elle était enfin plus forte que lui ? J'avoue que je m'interroge encore quant au sens final...

Et qu'en est-il du reste de la famille ? La mère était-elle au courant des actes de son mari en les minimisant ou les ignoraient-elle sciemment ? Beaucoup de questions restent en suspens pour moi.

 

Au niveau du dessin, le trait est surprenant. Les contours sont épais, de grands aplats de couleurs forment les corps et les décors. Les personnages semblent se mouvoir dans un certain flou, synonyme peut-être de l'entre-deux (haine/amour - passé/ futur) dans lequel navigue la victime. Le découpage est classique mais renforce la mise à distance d'une histoire forte qui évite le pathos tout en étant juste et fine. Le dessinateur évite l'écueil de la représentation de l'inceste pour mieux se concentrer sur l'émotion et les sentiments de Laura.

 

Elle ne pleure pas, elle chante est un album indubitablement fort et un témoignage important sur ces violences faites aux enfants. Un récit poignant et dérangeant qui n'épargne pas le lecteur.


 

D'autres avis :

Mo' - Yaneck - David - Théoma - Noukette -

 

A noter :

Une adaptation cinématographique, qui me semble fort intéressante, a été réalisée et est sortie en juin 2011 en Belgique. A suivre pour une sortie française...

 

 

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Elle ne pleure pas, elle chante

Scénariste : Corbeyran, d'après Amélie Sarn

Dessinateur : Thierry Murat

Editions Delcourt, Mirages

Novembre 2004 - 101 pages - 14,95€


 

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 07:00

ensembles-contraires-t1-01.jpgensembles-contraires-t2-01.jpgBrest, années1990. Christophe et Eric sont 2 adolescents très différents qu'une première rencontre n'avait pas permis de sympathiser. Mais quelques mois plus tard, ils se revoient et c'est alors le début d'une grande amitié qui va perdurer envers et contre tout. Cette histoire, c'est celle autobiographique de Kris et de Eric T. qui l'accompagne au scénario.

 

" ce n’est pas une fiction. Pas une histoire extraordinaire non plus. Juste le quotidien de deux types qui ne se sont pas cherchés, mais se sont néanmoins trouvés. Pour le meilleur et pour le meilleur encore à venir." nous précisent les auteurs.

 

Les ensembles contraires nous raconte une belle histoire d'amitié et d'humanité entre 2 garçons que tout sépare.

Christophe vit heureux dans une grande maison familiale animée et se passionne pour le ping-pong alors que Eric se débat avec la maladie de son père en fin de vie et l'alcoolisme rampant de sa mère. En plein échec scolaire, il prépare un CAP couture qui ne le mènera à rien et le conduira à une vie de galère. A la mort de son père, il part vivre dans un foyer de jeunes travailleurs et vit avec difficultés de petits boulots. Sa seule fenêtre positive est Christophe qui lui apporte un peu de bonheur et d'insouciance mais bientôt la présence de son ami ne suffira plus et Eric va s'enfoncer dans la dépression jusqu'au drame...

Dans le deuxième tome, nous retrouvons nos 2 protagonistes en 1994 à la suite du drame arrivé à la fin du tome 1. Christophe tente de renouer solidement avec Eric et de le soutenir, malgré lui. Il tente de le réintégrer dans une société qu'il rejete et l'avait rejeté. Eric est désormais installé dans la demeure familiale de Kris et reprend pied peu à peu. Mais bientôt, c'est au tour de son ami de vivre une mauvaise passe et à Eric de le soutenir.

 

Vous l'aurez compris, c'est le récit sincère et intime d'une amitié forte qui nous est dévoilé ici. La narration alterne entre Eric et Christophe, d'ailleurs identifiés par des codes couleurs différents. Les 2 garçons évoquent la naissance de leur amitié, leur adolescence avec ses bons et mauvais moments, le temps de l'amour et des filles, les galères d'argent et de boulot, les drames personnels. Le récit n'est pas linéaire et consiste en tranches de vie représentatives de leur histoire.

Il y sera aussi question de sujets forts : maladie, suicide, alcoolisme, illetrisme, drame de l'amour. La vie n'est pas toujours rose et les auteurs ont à coeur de nous montrer aussi les pendants les plus noirs de la société dont ils font partie.

 

J'aime les histoires d'amitié. C'est une valeur que j'affectionne particulièrement. J'y ai retrouvé ici tout la force de ses relations si puissantes qui défie le temps et les obstacles de la vie.  L'amitié entre Chris et Eric est belle, pudique et à la fois très intime. Une intimité qui m'a cependant ici empêché de me projeter dans cette histoire tant elle est personnelle. Et c'est peut-être mon petit regret. J'ai lu et découvert cette relation de manière très extérieure, touchée par l'intensité mais aussi par la banalité quotidienne de leurs relations mais sans vibrer de manière forte à leur histoire. Le bouleversement attendu n'est pas venu.


On ne peut que saluer le travail et le recul nécessaire qu'il a fallu pour mettre en forme un tel projet autobiographique dessinée par un 3ème homme extérieur à leur amitié. Nicoby a su pourtant retranscrire leurs émotions avec beaucoup de réalisme et en proposant un dessin original. Comme je l'indiquais plus haut, chaque personnage se meut dans une ambiance graphique qui lui est propre. Le récit d'Eric est dans de ston  jaunes, orangés alors que celui de Christophe s'effectue dans une ambiance mauve.

 

Les ensembles contraires se révèlent 2 très beaux albums qui plongent dans l'humain, dans l' intimité forte d'une amitié exceptionnelle.

 

"J'arrive pas à profiter d'un moment heureux parce que quand je réalise que j'en vis un, je sais qu'il est déjà parti, qu'il est mort et que tout est à refaire. "

 

"Quand la vie nous laisse à poil, on se fringue des moindres riens"

 

"Bref, je n'avais pas l'amour, mais j'avais la tendresse. Celle des amis éternels. celle qui comble les sentiments inassouvis et la solitude. Celle qui la creuse aussi malheureusement"


 

D'autres avis :

Mo : tome 1, tome 2 -

 

Liens :

Lire les premières pages du tome 1

Lire la preview du tome 2


 

Tome 1 :ensembles-contraires-t1-02.jpg

 

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Tome 2 :

 

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Les ensembles contraires

Scénario : Kris et Eric T.

Dessin : Nicoby

Editions Futuropolis

Tome 1 - Mai 2008 - 189 pages - 24€

Tome 2 - Septembre 2009 - 219 pages - 25€

 

 

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 07:00

toppi thiers 01

Pour ce mercredi de la BD, je vais vous présenter exceptionnellement une exposition !

Ceux qui me suivent régulièrement savent certainement que je suis amoureuse du travail de dessinateur de Sergio Toppi que j'ai présenté à de nombreuses reprises sur ce blog.

L'exposition exceptionnelle sur l'auteur qui a lieu actuellement à Thiers, dans le Puy de dôme, ne pouvait bien évidemment pas me laisser indifférente et il était indispensable que je m'y rende ! Une escapade lyonnaise dont je reviens a été l'occasion de faire un détour par Thiers qui, outre cette formidable expo, s'est révélée une ville charmante.

Cette exposition évènement initiée par un adjoint de la mairie, fan de l'auteur, est remarquable. Elle prend place dans une ancienne usine, l'Usine du May, désormais  "Maison de l'aventure industrielle" servant de lieu d'exposition et de musée.

 


 


 

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Le troisième étage est réservée au grand maître italien et présente 350 dessins originaux de l'auteur !


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Les fenêtres sont décorées de grand kakémonos reprenant des illustrations du dessinateur.


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Les différentes planches ont été présentées par thèmes : Japon, Préhistoire, Far-west, Mille et une nuits, Armes blanches, Bestiaire,... et une notice infomative présente rapidement le sujet avec une citation de Toppi et une illustration sur le thème.


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" Le Japon, c'est pour moi une vieille passion, je dois avouer que je ne saurais à vrai dire pas expliquer à quoi elle est dûe. Ce qui me fascine chez les Nippons, c'est cette précision maniaque et c'est ce qui me manque. J'ai pour cet univers une admiration mêlée d'effroi. "

 

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La scénographie de l'exposition est plutôt sobre mais on note la présence de quelques objets en lien avec certains albums.

Pour l'album Blues, par exemple, une vieille voiture américaine rouillée vous accueille alors qu'une bande-son de saxophone se met en route lorsque vous êtes devant les planches, illustrant ainsi l'instrument accroché un peu au dessus.

 

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Devant les dessins de Saint acheul, ce sont des bruits de bombardements et de fusillades qui vont accompagneront, avec quelques armes posées à terre.

 

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Les planches originales en noir et blanc étaient présentées sur 3 hauteurs et je dois dire que ceci m'a pas mal gênée, la rangée du haut étant finalement inacessible pour nos yeux curieux des petits détails.

Néanmoins la qualité des dessins était bien là et va au-delà de ce qu'on l'on peut voir dans les albums imprimés... Ici, nous pouvions découvrir tout le travail du dessinateur, la précision des traits, le temps aussi qu'il a fallu consacrer à chaque dessin. Voir que certaines parties du dessin sont totalement coloriées à l'aide de hachures, découvrir la finesse de certaines taches travaillés à l'aquarelle, apercevoir les traits faits au crayon de papier sous l'encre noire... inutile de vous dire que j'ai pris mon pied !

 

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Mais là où j'ai pris une véritable claque visuelle, c'est au niveau des illustrations couleurs...

J'avais toujours préféré les albums en noir et blanc de Toppi qui me semblaient offrir plus de contraste, plus de détails. ça, c"était avant.... Car maintenant je peux vous affirmer que les dessins couleurs de Toppi sont de véritables chefs d'oeuvres !!!

Je n'ai pas de mots pour décrire la beauté de ces planches, sublimées par un travail à l'aquarelle qui ne se laisse pas vraiment deviner au vu des albums papiers. Les couleurs sont mille fois plus fortes et plus profondes, les fondus sont totalement magnifiques, et j'en passe !

Les photos ne rendent malheureusement pas honneur à leur qualité ... mais vous donneront peut-être une petite idée.

 

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On pouvait aussi découvrir 3 grandes illustrations sur le thème de la préhistoire et des vikings :


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Mais le clou de l'exposition était la présentation des planches originales du Tarot des origines.

En 1987, Sergio Toppi reçu la commande d'une série de cartes de tarots.
Après avoir manifesté quelques réticences, il se prit au jeu et réalisa 56 illustrations avec comme sujet les hommes primitifs. Il dessinait pour la première fois, une longue série sur un même thème. Cette oeuvre forte et profondément originale montre toute l'empathie du maître milanais pour les hommes préhistoriques, tout en gardant - thème oblige- une part de mystère et de magie. (source Mosquito).

 

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Voilà, j'espère réellement vous avoir donné envie de découvrir Sergio Toppi

ou d'aller visiter cette belle exposition !

Vous pouvez la voir jusqu'au 31 Août 2011.

L'entrée est de 5€ ou 3,80€ en tarif réduit : autant dire pour rien du tout !


A l'issue de la visite, vous trouverez quelques goodies en vente :

- l'affiche de l'exposition à ?€

- une sérigraphie signée par l'auteur à 50€

(que je n'ai pas trouvé fantastique... J'étais décidée à m'offrir ce petit luxe bien avant l'expo, 

mais je suis finalement repartie sans...)

- 6 cartes postales différentes à 1€ reprenant les illustrations des tarots

(que j'encadrerais faute d'illustration)

- le livre "Tarots des origines" à 30€, exemplaire numéroté et signé par Toppi

(tirage de 1500 exemplaires dont 200 numérotés et signés)

(j'ai craqué pour un n°182 ^^)


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L'ouvrage est un recueil d'illustration reprenant les 56 dessins imaginés pour ce tarot bien particulier, commandé au dessinateur en 1987.

Le jeu de tarots fut publié par la maison d’édition Lo Scarabeo. Pietro Alligo raconte :  "Connaissant sa prédilection pour les arbres, les pierres et les peuplades anciennes, je lui proposai de réaliser un jeu sur les hommes primitifs. C’est ainsi que naquirent « Les tarots des origines ». Nous étudiâmes comment adapter ce thème à l’univers des tarots.
Les quatre séries classiques ont été réparties selon quatre couleurs. Dans cette clé chromatique, les coupes sont remplacées pour L’âme par le bleu couleur de la nuit, des rêves de la spiritualité.
Pour Les Deniers et les Bijoux, le jaune symbolise la luminosité du jour, l’énergie et la joie.
Dans la série Les Bâtons, le bleu et le jaune unis, génèrent le vert, couleur de la nature, symbole de l’harmonie, le cycle de la vie et des saisons.
Pour Les Epées, opposé et complémentaire au vert, le rouge exprime le sang, l’agressivité, la survie.
C’est sur cette base que Toppi a réalisé ces images, qui nous plongent dans un univers émouvant et magique."

Découpées en 4 gammes chromatiques (rouge, bleu, vert, jaune), elles ont pour thème les hommes primitifs.

Chaque illustration est accompagnée d'une petite phrase poétique qui sert de titre au dessin.


" Enfant d'âme

l'hérédité nourrit la jeunesse"

 

"Animal de nature

Ecoute le singe en toi"

 

Le livre est de haute qualité : dos toilé, papier épais.

Je regrette néanmoins une chose : après avoir vu les originaux, je sais combien les illustations sont vives et extrêmement nuancées. Quel dommage de ne pas les retrouver de manière aussi forte dans cet ouvrage !

 

 

Le tarot des origines

Sergio Toppi

Editions Mosquito, Nec plus

Juin 2011 - 64 pages - 30€

 

 

Découvrez les autres albums de Toppi sur ce blog : 

- Soudards et belles garces

- Le joyau mongol

- Le sceptre de Muiredeagh

- Saint Acheul, 17 / Comme un ours en furie / Mietzko

- Le trésor de Cibola

 Un dieu mineur

 

Le site de l'éditeur qui propose aussi quelques photos de l'expo.

Quelques pages du Tarot des origines à découvrir.

 

 

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 07:00

cinq-mille-kilometres-par-seconde-01.jpg Lucia et sa maman emmenage dans leur nouvel appartement italien sous le regard curieux de Piero, voisin habitant l'immeuble d'en face. En compagnie de Nicola, son inséparable ami, il grandit avec insouciance et se prend à rêver à sa belle voisine. Timide et réservé, il finit par la séduire malgré la rivalité amicale de Nicola, plus séducteur.

Quelques années plus tard, nous retrouvons Lucia à Oslo où elle est étudiante. Elle a quitté Piero et se remet difficilement de sa rupture en tombant dans les bras de Sven, le fils de sa logeuse. De son côté, Piero est parti faire des fouilles archéologiques en Egypte. Alors que Lucia tombe enceinte, PIero apprend qu'il va devenir père. Les années ont passées mais ni l'un ni l'autre n'ont oubliés leur premier amour.

 

Cinq mille kilomètres par seconde est clairement une histoire d'amour. De ces amours qu'on n'oublie pas, de ceux qui vous marquent à vie et perdurent à travers le temps.

Piero et Lucia se sont rencontrés, se sont aimés quelques mois (années ?). Ils se sont séparés pour une raison que l'on ignore. Et ils ont chacun continué leur route. Le destin les réunira encore mais pour combien de temps ?


Voilà une histoire d'amour ratée puis impossible qui avait tout pour me plaire. Mais c'est la déception qui a été au rendez-vous...

L'auteur dresse par petites touches le récit de vie de ces 3 personnages. Les séquences sont parcellaires et de nombreuses ellipses emmaillent le texte. Très subtile, la narration reste très simple et rentre peu finalement dans l'intimité des personnages. On suit nos 3 personnages à différentes époques et on constate qu'ils n'ont rien oubliés de ce premier amour. Ils se sont aimés, perdus puis retrouvés. Mais l'adolescence est loin et il est difficile de revenir en arrière.

Je m'attendais à une histoire de premier amour qui m'emporte par la force des sentiments et des émotions. Mais j'y suis restée complètement extérieure. Je n'ai ressenti aucune empathie pour les personnages. Je n'ai pas vibré à leur côté. Au final, au risque de choquer ses autres lecteurs, j'ai trouvé cette histoire franchement quelconque et plate... Adepte des non-dits et de toute subtilité qui nécessite observation, je n'ai pourtant pas su déceler ici le sel et la subtilité de cette histoire.

J'attendais, qu'à cette histoire universelle qu'on a tous plus ou moins connu, un supplément d'âme qui n'est pas venu. L'ambiance de cette histoire est bien évidemment nostalgique et offre même une vision quelque peu triste et désabusée de l'amour et du couple. Celà ne m'a posé aucun problème mais a, d'une certaine manière, accentué la froideur qui ressort de cet album.

 

Et ce n'est, hélas pas, le beau dessin de Manuele Fior qui a pu me faire modifier mon impression.

Le dessin fait à l'aquarelle s'étend dans unne palette bien particulière de couleurs acidulées : de jaune, de vert qui m'a paru cependant un poil en décalage avec l'aspect désabusé et nostalgique de l'album. Néanmoins, j'ai appréciée plus particulièrement les magnifiques paysages reflétant parfaitement une Italie estivale, une Norvège glaciale et un désert brûlant.

 

Cinq mille kilomètres par seconde est un album sur l'amour mais pas que. Il évoque aussi le hasard et les circonstances de la vie qui fait que l'on ne se rencontre pas toujours au bon moment. Il parle des choix de vies que nous faisons et qui conditionnent tout le reste de notre existence. Il évoque le temps qui passe et les regrets liés au passé, les erreurs que nous faisons tous. Un propos universel donc où chacun devrait se retrouver. Mais pour moi, la magie n'a pas du tout fonctionnée et c'est amertume que je constate une rencontre ratée avec cet album qui a su faire vibrer les autres lecteurs.

Et d'autant plus amère que l'album a reçu le prix Fauve d'Or du meilleur album au festival d'Angoulême 2011. Peut-être faudrait-il que je la relise un peu plus tard.

Peut-être saurez-vous y déceler plus de qualités que je n'en ai su trouver...

 

Les autres avis, tous séduits :

Mo' - Yvan - Lunch et Badelel - Hélène - KBD - Cécile - Kactuss -


 

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Cinq mille kilomètres par seconde
Dessinateur / Scénariste : Manuele FIOR
Editions Atrabile

janvier 2010 - 144 pages - 19€

 

palsechesChallenge PAL sèches chez Mo'

 

Challenge roaarrrPrix Fauve d'or 2011


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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 07:00

ines-01.jpgLes Leblon vivent dans un immeuble collectif avec leur petite fille. Les voisins s'inquiètent et s'agacent de l'entendre pleurer tous les soirs. N'y tenant plus, leur voisine décide d'aller prendre des nouvelles auprès de ses parents sous l'oeil indifférent de son compagnon. Le père ouvre et explique les scènes de la petite fille pour aller dormir : " Si on commence à marcher dans son jeu, je crois qu’on n’a pas fini. " La voisine repart rassurée.

Mais le lecteur va vite comprendre que la réalité est tout autre. Inès pleure car sa maman est battue par le père... 

Les pages qui suivent nous permettent de découvrir tout l'envers du décor de la violence conjugale.

 

Voilà un album fort sur un sujet difficile.

J'avais déjà abordé ce thème par un autre album lu précédemment : ...A la folie de Ricard et James, que j'avais trouvé extrêmement bien construit et très "éducatif" sur les ressorts psychologique de cette violence.

BIen, malgré moi, la lecture d'Inès s'est faite d'une certaine manière en regard de cette lecture.

 

Inès est donc la tranche de vie d'une famille et plus précisement d'une femme battue par son mari. Le lecteur va la suivre durant 48h et découvrir la violence physique et morale dont fait preuve son compagnon à son égard. Dévalorisant sa femme, la rendant coupable de ses emportements, sa cruauté s'accentue encore plus avec l'alcool. Il ne semble même plus dormir avec elle et la force à avoir des rapports sexuels.

Sa femme, elle, semble impuissante à faire face. La tentation de partir pour le bien-être de sa petite fille est grande mais l'inconnu, la difficulté, la peur de devoir revenir l'effraie et l'empêche de passer à l'acte.

Alors Mme Leblon se refugie dans son amour pour sa fille. Les moment passés avec elle sont une source de bonheur et d'oubli de son terrible quotidien. Mais le retour de son mari et l'image pleine de bleus que lui renvoit son miroir la ramène inexorablement à sa souffrance.

Les proches, eux, semblent peu présents. Les voisins sentent que quelque chose ne va pas mais difficile pour eux d'aller voir plus loin. Le collègue qui passe à leur domicile découvre les marques de coups, passe une soirée horrifiante où Mr Leblon traite sa femme pire que tout mais sa proximité avec le mari ne lui permet que de réagir mollement.

La tension monte crescendo et le drame qui se profile est inévitable.

 

Inès est l'histoire d'une femme battue, comme il en existe d'autres malheureusement. Seule face à la violence de son mari, elle peut difficilement réussir à s'en sortir. Les auteurs ont fait le choix de nous montrer juste ces 48h de vie. On ne saura rien de comment le couple en est arrivé là, on ne connaitra pas l'avenir des Leblon et de la petite fille. Au lecteur d'imaginer le pire ou le meilleur. 

On s'immerge malgré tout très facilement dans la vie de cette jeune femme. Les dialogues sont parfois absents et les longues plages de silence qui pontuent l'histoire font passer autant d'émotion par le non-dit et la pudeur.

Car Inès finalement joue beaucoup sur l'émotion. Le père est abject et ne suscite aucune compassion. La mère est une simple victime. Tout se déroule dans la spère familiale, en huis-clos.  Et c'est peut-être ce qui m'a gêné ici. ...A la folie, dont je vous parlais au début de ce billet, m'a semblé bien plus dense et plus riche au niveau des raisons de cette violence conjugale. Comment en vient-on à frapper sa femme ? POurquoi la femme battue ne part-elle pas ? Comment cache-t'elle les faits à l'extérieur ? Comment les proches doivent réagir face à ce genre de situation ? Ici, rien n'est expliqué. On vous montre abruptement les faits. Pour ma part, je n'ai pas attendu de lire ces albums pour découvrir l'ampleur du phénomène. Ce qui m'intéresse, c'est justement les raisons du pourquoi, de les analyser, de comprendre la passivité qu'on reproche souvent injustement à ces femmes battues.

 

Côté dessin, rien à redire. J'ai beaucoup apprécié le graphisme en noir et blanc de Jérôme d'Aviau. Le trait est simple mais montre beaucoup d'expressivité. Le côté hachuré de certaines textures renforcent l'aspect inquiétant du récit.


Alors, oui, l'album est excellent, et même nécessaire. Il réussit à aborder un sujet casse-gueule sans tomber dans le larmoyant et le pathos. Il provoque malaise et colère, de manière nécessaire.

Mais je regrette néanmoins qu'il ne donne pas plus de clés de compréhension sur ce fait qui touche de nombreuses femmes de manière bien trop souvent invisible.

Le but n'était pas, je suppose, d'expliquer mais de montrer cette violence bien trop cachée, de la dénoncer. Mais je pense qu'un complément d'information, si je puis dire, n'aurait pas nuit à la qualité de cet album.

Du coup, sa lecture fut pour moi une légère déception mais celà ne m'empêche pas malgré tout de vous recommander cette lecture salutaire.

On ne parle jamais trop des femmes battues : 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon...Si cet album permet au moins à quelque personnes de se poser les bonnes questions, il aura rempli son rôle.

 

D'autres avis :

Mo' qui a été submergée par le malaise

David - Lunch et Badelel - KBD -

 

Liens :

Les premières pages à lire

INterview de Dauvillier

Interview vidéo des auteurs en plusieurs chapitres

 

 

 

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Inès
Dessinateur : Jérôme D’Aviau
Scénariste : Loïc Dauvillier
Édition Drugstore

Mars 2009 - 102 pages - 15€C


 

 

bd du mercredi

chez Mango

 

palseches

Challenge PAL sèches chez Mo'

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 07:00

voyage-aux-iles-de-la-desolation-01.jpg2010. Emmanuel Lepage, le dessinateur, vient d'obtenir la possibilité de voyager à bord du Marion Dufresne en direction des TAAF (Terres australes et  antarctiques françaises). Voyage aux iles de la désolation est son carnet de voyage où se mélange aquarelles et récit de son périple.

 

Les îles de la désolation, mais où sont-elles ? En fait, il s'agit du surnom donné aux îles Kerguelen situées au beau milieu de l'océan indien, à proximité des terres arctiques. Au départ de La Réunion, Emmanuel Lepage est donc parti à bord d'un navire qui effectue la navette dans les TAAF et ravitaille ses terres éloignées qui ne doivent leur survie qu'à ces maigres voyages.

Iles Crozet, Saint-Paul-et-Amsterdam, Kerguelen : des terres difficiles donc qui sont pour la plupart habitées par des scientifiques passionnés qui sacrifient souvent leur vie personnelle au service de leur travail.

 

A travers les yeux d'Emmanuel Lepage, nous découvrons la vie à bord du bateau et le quotidien de l'équipage : la navigation difficile, le poste de commandement, les repas avec les membres de l'équipage qu'il nous présente par ailleurs individuellement, les manoeuvres de déchargement des marchandises qui se compliquent avec la réduction du personnel. L'immersion dans ce voyage maritime est totale. 

Les arrêts dans les îles sont l'occasion pour Lepage de croquer ses habitants, humains ou animals. On découvre les difficultés de la communauté scientifique, ses récriminations (l'absence trop fréquente de légumes frais par exemple dû à la suppression des potagers locaux, susceptibles de menacer la flore locale) comme ses joies (nuits étoilées sans pareil). On assiste aux magnifiques ballets des animaux : les manchots, les éléphants de mer, les albatros, ...

Le dessinateur n'hésite pas à évoquer les conditions difficiles  pour son art : vent d'une force à vous envoler, pluie battante qui ponctue les feuillets, animaux curieux, ou même temps compté qui oblige à un crayonné fait dans l'urgence.

 

Et pourtant, quel résultat !! Cet album est tout simplement magnifique !

Ces 5 mois de voyage ont donnés un recueil extrêmement vivant qui rapporte avec une palette chatoyante une expérience rare. L'album est construit sur une base de noir et blanc mais se ponctue régulièrement de vignettes ou de pages totalement en couleurs. Utilisant l'aquarelle, Lepage magnifie avec brio les immensités glaciales de l'arctique, les mers agitées, les colonies d'animaux. Certaines double-pages sont même de véritables peintures !

 

Vous l'aurez compris, ce carnet de voyage est une vraie réussite et ravira tous les amateurs de voyage martime ou non. Un beau coup de coeur pour moi !

 

 

D'autres avis, tous conquis  :

Zorblog - Yvan - GuigzzYaneck -

 

Liens :

 

Vous pouvez lire les premières pages ici !


Le journal de bord des aventuriers du Marion Dufresne où vous pouvez retrouver dessins et photos des Lepage.

Le site de François Lepage, photographe et frère d'Emmanuel avec ses belles photos du périple.

 

Petite vidéo pour découvrir le voyage en image et le travail du dessinateur :



Voyage aux îles de la Désolation - Teaser... par Futuropolis

 


 

 

 

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" En arrivant aux Kerguelen, on touche au but. Rien que le nom est mythique et incarne l'essence du voyage. A bord régnait une grande fébrilité. A l'aube (rose) et par grand froid, on monte sur le pont au-dessus de la passerelle. Devant nous, une sorte de montagne rose complètement pelée, sans végétation, fouettée par le vent. Autour, de l'eau turquoise bouillonnante, aux vagues décapitées. C'était absolument magique, et donnait le sentiment d'être au bout du monde. "

 

 

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Voyage aux îles de la désolation

Emmanuel Lepage

Editions Futuropolis

Mars 2011 - 160 pages - 24€


 

bd du mercredi

Chez Mango

 

challenge récit de voyage

Chez Tiphanya

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 07:00

enrage-t1-01-copie-1.jpgAnton Witkowsky est un jeune ado des cités. Fils d'immigrés, il compte bien s'élever au dessus de sa condition à la force de ses poings. Car Anton est passionné de boxe. Alors que son père refuse de croire qu'il puisse vivre de sa passion et veut l'obliger à abandonner la boxe au profit du travail à la boucherie du quartier, Anton outrepasse les ordres paternels pour se lancer corps et âme dans la boxe. Le clash est inévitable et Anton prend la porte de l'appart familial, bien décidé à prouver à son père qu'il a eu tort.

Aidé de Marco, son entraineur et de Mo, son meilleur ami, Anton va débuter sur les rings pour des combats de petite envergure. Les succès sont au rendez-vous et Antoin est rapidement repéré par un manager d'importance. Il va devenir champion d'Europe avant de pratiquer les rings américains. Anton dit Witko, d'un tempérament teigneux, prend rapidement la grosse tête. Son orgueil, son goût pour l'argent facile et les joies futiles du succès agace profondément son ami Mo, devenu journaliste, avec qui il finit par se fâcher à la suite d'un article négatif sur sa personne. Il s'éloigne peu à peu de ses origines honteuses, au point de finir dans le box des accusés d'un tribunal...

 

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On connaissait déjà Baru pour son goût pour la boxe déjà présent dans l'album Le chemin de l'Amérique. Le milieu de la boxe est à nouveau la toile de fond de cet album qui nous plonge dans les rouages du système des combats. Suivant le héros dans sa quête de richesse et de célébrité,  le lecteur découvre les dessous d'un milieu où coups-bas et magouilles sont systématiques.

Mais au delà d'une immersion dans ce domaine sportif, cet album est surtout le portrait d'un homme enragé, que sa condition de pauvre et d'immigré rend haineux envers ce qui le relie à son passé. Une sorte de honte qui le pousse à tout prix à sortir de sa condition. Mais si l'ascension vers le succès est rapide, la chute le sera tout autant.

 

Baru nous retrace ici encore le formidable destin d'un homme qui misait sur ses poings pour s'en sortir mais va sortir écrasé par cette réussite qu'il croyait acquise à jamais. Fasciné par l'argent, reniant ses origines et ses amis, Anton mettra beaucoup de temps à comprendre qui il est vraiment et à s' accepter. C'est la trahison, le remord et la culpabilité qui lui seront salutaire.

 

enrage-integrale-01.jpgJ'ai découvert Baru il y a quelques années avec le premier tome de cette histoire. J'en avais gardé une impression forte. Sa relecture aujourd'hui l'est tout autant. La rage du héros et sa façon d'aller en guerre contre les préceptes paternels m'ont touchés malgré ses innombrables défauts. On comprend que la relation houleuse qui le lie à son père est la clé de tout, de son envie de s'en affranchir comme de son désir caché de le rendre fier et de faire tout ça pour lui. On s'attache à la personnalité du héros malgré ses extravagances. On sait que tout cela cache une meurtrissure dont Anton peine à se libérer.

 

Entre portrait social et récit d'initiation, L'enragé est une vraie réussite. Le dessin nerveux fait lien avec la violence du sujet et des actes de Witko et a acquis une force supérieur par rapport aux précédents albums de l'auteur. Les scènes de combat de boxe sont partuclièrement de qualité et Baru réussit à rendre le mouvement des combattants avec maestria. Les couleurs, à leur tour, sont fortes et éclatantes et renforcent le côté vivant et mouvementé d'un album dont la narration est rarement posée.

 

Baru trace, ici encore, avec beaucoup de réalisme, un portrait sans concession d'une France qui offre peu de perspectives d'avenir aux enfants d'immigrés.

On notera d'ailleurs la présence dans la narration de faux extraits d'articles de journaux qui viennent appuyer la carrière du boxeur et l'actualité sociale, ainsi que la présence prémonitoire des émeutes de banlieues (nous sommes en 1995...)

 

Autant vous le dire, L'enragé est, à ce jour, mon album préféré de Baru !

 

 

D'autres avis :

Bulles et Onomatopées - Phylactérium -

 

Liens :

Une interview de Baru sur L'enragé.

 

 

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L'enragé

Dessinateur / Scénariste : Baru

Editions Dupuis, Aire libre

Tome 1 - Novembre 2004 - 72 pages - 14,95€

Tome 2 -Avril 2006 - 63 pages - 14,95€

Intégrale - Novembre 2010 - 135 pages - 24€


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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
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