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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 07:00

atsuko-01.jpgJonathan est un voyageur au long cours qui a posé cette fois-ci ses bagages en Birmanie de manière un peu forcée à cause d'une panne de bus. Un matin, il découvre une ombre furtive sur le balcon de sa chambre. Il s'agit de Atsuko, une jeune japonaise qui revient sur les pas de ses ancêtres. Sa mère serait née dans la chambre que Jonathan occupe. Ils sympathisent rapidement et bientôt Atsuko lui raconte l'histoire de sa famille et plus particulièrement celle de Hisa, la soeur de son grand-père. Disparue de manière inexpliquée en 1949, Hisa effectuait des recherches sur le boudhisme et affirmait que les 8 cheveux de Bouddha sur lesquels a été construite la grande pagode de Rangoon au VIème siècle avt JC auraient été remplacés par des faux sous la menace de l'invasion anglaise, au 19ème. Mais pressée par le départ, Atsuko le quitte bientôt non sans inviter Jonathan à la retrouver au Japon. Peu après, Jonathan quitte à son tour l'hôtel mais un des employés lui confie un carnet à remettre à celle qu'il croit être son amie. Il s'agit du carnet d'Hisa dans lequel il y découvre quelques cheveux.... Intrigué par ce concours de circonstances, Jonathan change ses plans et part à Tokyo retrouver Atsuko pour lui remettre le carnet.

 

Voici la quinzième aventure du célèbre voyageur aventurier Jonathan. Créé en 1975 par Cosey, Jonathan nous fait voyager à ses côtés depuis de nombreuses années. Après avoir particulièrement parcouru les terres tibétaines, c'est au Japon que nous le retrouvons cette fois. Parti à Tokyo, Jonathan se voit obligé de continuer vers le Nord, dans la région du Takayama pour retrouver la jeune femme. La neige recouvre la montagne, le paysage est silencieux et apaisant. Ou presque. Car quelqu'un semble roder autour de la cabane qui les héberge et les menacer.

L'atmosphère est envoutante et très vite, le lecteur est plongé dans un décor mythique sorti tout droit d'une estampe japonaise. Les décor sont purs et enneigés. Le trait se fait doux et aérien. Une certaine forme de poésie se dégage, en cela accompagnée par les citations de quelques haikus dont est friande Atsuko. L'étrangeté se mêle à l'histoire. Seuls au milieu de la forêt, ils doivent faire face à une incursion mystérieuse dans la cabane, à des traces de pas dans la neige. Les Yokais sont-ils de la partie ?


Personnage à la fois mystérieux et charismatique, Jonathan donne une dimension différente au récit d'aventure classique en s'approchant de la quête intérieure et spirituelle. Voyageur au long cours, curieux et sans attaches, il sait partir au bout du monde pour les beaux yeux d'une inconnue. Silencieux et solitaire, il recherche avant tout l'harmonie et la simplicité des échanges, des rencontres. C'est un homme sensible, pudique et plutôt sentimental qui nous offre bien souvent de belles amours impossibles.

 

Cosey nous offre ici encore un très bel album qui ne dépareille pas de ses prédécesseurs. Le lecteur suit avec lenteur et empathie le parcours de Jonathan. Le héros s'attache à la belle Atsuko et son histoire de famille plus qu'intriguante. L'auteur réussit avec succès à faire tenir en un seul album une histoire complète sans temps mort mais sans hâte excessive, bien au contraire. Cosey laisse une large place à la contemplation, aux silences qui ont parfois plus de poids que les paroles. Les paysages grandiloquents qu'il nous offre sont d'une beauté toute particulière entre réalisme et poésie picturale. On y découvre des arbres aux branches noueuses, de grand toris de bois et des ponts aux courbes toutes japonaises. L'évasion est garantie mais n'est pas le seul élément de cet album. Le scénario tourne autour d'un mystère familial dont la révélation finale sera plutôt surprenante, et autour de l'amour, éternel vecteur de vie. D'ailleurs Jonathan, fidèle à lui-même, oscillera entre amitié et amour platonique avec Atsuko.

 

Voilà donc un album qui, tout en nous menant sur les pas d'un secret de famille, nous offre une magnifique tranche de rêverie et d'imagination. Le passé et le présent s'entremêlent pour mieux pousser ses personnages dans des voyages intérieurs qui les aideront à mieux se connaître eux-mêmes.

 

« Crois-tu que connaître l’histoire de quelqu’un, c’est le connaître ? »

 

C'est un très beau voyage en terre japonaise, un album aux couleurs du souvenir et de l'amour qui, tel un haiku, ne manquera pas de faire mouche en peu de mots. Une parenthèse de douceur et de sérénité qui donne à voir la part lumineuse des hommes. N'hésitez donc pas à aller à la rencontre de Jonathan !

 

Liens :

Interview de l'auteur

 

 

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Titre : Jonathan, tome 15 - Atsuko

  Auteur : Cosey

Editeur : Le lombard

Parution : Novembre 2011

    58 pages 

Prix : 15,95€



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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 21:50

 

Les ouvrages lus et à chroniquer s'accumulant dangereusement, je me résous à vous parler de manière rapide de quelques ouvrages.

J'ai choisi pour cela quelques titres qui ne m'ont pas totalement convaincus (malgré un engouement majoritaire envers ces derniers qui ne manquera pas de me valoir quelques hauts-cris ) et dont je peine à rédiger un vrai long billet. Sans compter que certains titres ont été lus, il y a plus de 2 mois, et que mes souvenirs deviennent quelque peu évanescents !

 

 

derniers jours d'un immortel 01 Les derniers jours d'un immortel - Bonneval / Vehlmann

 

Nous sommes dans une société futuriste. Elijah est exo-psychologue, c'est à dire qu'il sert de médiateur dans des conflits opposant des êtres de différentes races qui ne parviennent pas à s'entendre, à cause de culture différente. C'est un monde à mille lieux de notre réalité où les hommes sont immortels et ne peuvent enfanter sans autorisation. Une vie sans fin donc mais qui peut se démultiplier. En effet, chacun peut créer des clones temporaires (des échos) qui leur permettent d'effectuer plusieurs tâches en même temps avant de refusionner leur mémoire.

Elijah coure les missions et multiplie les clones mais la "mort" récente d'un ami qui a choisi de ne plus donner de continuité à sa mémoire, le perturbe quelque peu.


Voilà un récit qui nous mène en pleine science-fiction, mais une SF intelligente qui propose en son sein une vaste réflexion philosophique sur l'homme, ce qui fait son existence, sur l'importance de la mémoire. Beaucoup de questionnements existentiels donc qui ont finis par me perdre... Tout en reconnaissant l'intelligence de la réflexion et l'habileté des auteurs à transmettre dans une intrigue fantastique autant de subtilité, je dois reconnaître que je me suis ennuyée... Je ne devais pas être dans un état propice à de tels élancements du cerveau ! Le dessin ne m'a pas non plus particulièrement marqué : très épuré, il laisse un champ assez libre à l'imagination et ne s'encombre pas de détails futuristes inutiles. Un flou qui ne m'a pas permis de m'investir dans cet univers particulier où seuls les personnages et leur paroles ont de l'importance.

C'est donc une lecture quelque peu ratée, compte tenu de l'enthousiasme quasi unanime sur cet album, faite peut-être à un mauvais moment.

 

D'autres avis :

Yvan - Oliv' - Lunch -

 


Titre : Les derniers jours d'un immortel

  Scénariste : Fabien Vehlmann

Dessinateur : Gwen de Bonneval

Editeur : Futuropolis

Parution : Mars 2010

    152 pages 

Prix : 20€


 

 

dors et fais pas chier 01 Dors et fais pas chier - Adam Mansbach

 

Sous l'apparence d'un petit album jeunesse, Dors et fais pas chier est en fait un livre d'humour destiné aux parents. Reprenant l'idée de l'histoire destinée à endormir les enfants, l'auteur propose ici une sorte de petite comptine qui exhorte l'enfant à trouver le sommeil. Sauf que ici, loin d'être une petite chanson douce, le ton est résolument ironique et pointe du doigt le ras le bol du parent qui n'en peux plus d'attendre que l'enfant s'endorme. En effet, chaque couplet se termine par cette engageante remarque : " fais pas chier" ou autre expression du même acabit.

 

" Les lumières de la ville sont éteintes, mon biquet. / Les baleines somnolent dans les grands fonds marins. / Je te lis une dernière histoire si tu me promets / De dormir sans faire chier jusqu’à demain matin. "

 

Vous l'aurez compris, ce n'est donc pas une histoire pour les petits ! Le parent de la chanson se prête de plus en plus à la colère et le "gentil mantra" du début finit par devenir un poil vulgaire et déplacé : "ton doudou tu peux te le mettre où je pense". Bien évidement, prévu pour aller à contre-courant de l'imagerie jeunesse où les parents sont aux petits soins pour border leurs gamins, cet album figure comme une pique destinée à faire sourire les parents excédés qui ont peut-être eu envie de jeter le bébé avec l'eau du bain. Pour ma part, je suis restée de marbre devant de récit qui a fini par devenir agaçant et par trop répétitif. Je l'ai refermé en me disant "tout ça pour ça ?!" Bref, un ouvrage inutile et gadget dont on peut allègrement se passer au profit d'un vrai bon livre d'humour.

 

D'autres avis :

Jérome, tout aussi critique. 

 


Titre : Dors et fais pas chier

  Auteur :Adam Mansbach

Editeur : Grasset

Parution : Novembre 2011

    32 pages 

Prix : 10€


 

 

Elmer-01.jpg Elmer - Gerry Alanguilan

 

En 1979, le monde est secoué par un évènement inexplicable : tous les poulets se sont retrouvés dotés de la parole. Une parole qu'ils se sont empressés de s'approprier et d'utiliser pour améliorer leur intelligence. Après plusieurs années de ce régime, les volatiles ont acquis un certain statut dans la société : ils parlent, travaillent, vivent un quotidien quasi semblable aux humains. Une intégration parfaite en apparence mais qui continue de faire malgré tout quelques remous. 

2003. Jack Gallo, le personnage principal, se révolte contre le mariage de sa soeur avec un humain. Sa situation n'est pas reluisante et son père est souffrant. A sa mort, le fils va plonger dans les carnets intimes de son père et découvrir les détails et les coulisses de ce cataclysme qui a permis aux poulets de raisonner. Un bouleversement qui ne s'est pas fait sans mal et qui a vu le sang versé.

 

Voilà une histoire complètement abracadabrantesque qui recèle pourtant en son sein une bien intéressante réflexion. On plonge tout d'abord dans une belle histoire de mémoire et de transmission où l'on voit un père léguer sa propre histoire et celle de son peuple à un fils naïf et intolérant.

Enfin, il s'agit surtout d'une immense métaphore sur le genre humain et les relations entre les peuples. On découvre une race (les poulets) discriminée par une autre (les hommes), ses problèmes d'intégration, l'intolérance de chacun envers un être qui ne lui ressemble pas, une mixité qui est mal considéré, la discrimination dans le travail, une descendance qui ne connaît pas les détails de sa propre histoire. Vous l'aurez compris, si on oublie les poulets et qu'on les remplace par n'importe quelle origine ethnique, on retrouve ces mêmes travers dans nos sociétés contemporaines.

Une allégorie formidable donc mais qui m'est restée totalement hermétique...Je n'ai absolument pas aimé le dessin, qui tire vers un style plutôt comics (ceci expliquant peut-être plutôt cela) et j'ai eu beaucoup de mal à digérer cette histoire totalement irréaliste de poulets qui parlent. Cela sert tout à fait le propos mais pour ma part, un récit réaliste m'aurait laissé beaucoup plus sensible. Bref, difficile de sabrer cet album qui contient une immense dose de tolérance envers nos prochains étrangers ou différents de quelque manière que ce soit et stigmatise toute sorte de racisme. En conclusion, un excellent album mais que je n'ai pas aimé (paradoxe, quand tu nous tiens ! ^^ )

 

Challenge roaarrr

 

  - Prix Asie - ACBD 2011
- Prix Ouest-France/Quai des Bulles 2011

 

 

D'autres avis :

Yvan - Jérome - K.BD - Zorgblog - Lunch et Badelel - Mo' - David - Mango - Mathieu -  

 


Titre : Elmer

  Auteur : Gerry Alanguilan

Éditeur : Ça et Là

Parution : Novembre 2010

    140 pages 

Prix : 14€ 



 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 07:00

Aama t1 01Verloc se réveille au beau milieu d'un cratère désertique. Il ne se souvient de rien, excepté qu'il a une fille et qu'il doit la rechercher. Mais bientôt un androide à l'apparence de singe surgit et s'annonce comme son garde du corps. Alors que Verloc le harcèle de questions pour essayer de retrouver la mémoire, ce dernier lui tend un carnet où Verloc a détaillé lui-même les aventures de ses derniers jours. A la suite de Verloc, nous voilà plongé dans son récent passé.

 

Voilà la nouvelle série de science-fiction de Frederik Peeters après son excellent  Chateau de sable : un premier tome d'envergure qui annonce une excellente série !

 

Nous sommes donc dans un univers futuriste où on navigue de planètes en planètes et où les nombreuses races extra-terrestres sont légions. A l'aide du flashbacks, nous allons donc découvrir le personnage de Verloc. Séparé de sa femme et surtout de sa petite fille, c'est un homme un peu perdu qui peine à trouver sa place. Il traine dans les bas-fonds de Radiant et consomme à l'excès le shia, une drogue qui le laisse sur le carreau. C'est d'ailleurs dans le caniveau que son jeune frère le retrouve un jour. Les deux hommes ont des personnalités bien différentes qui les opposa longtemps. Verloc refuse toute avancée technologique et se refuse à porter des implants qui améliorerait sa condition physique. Il préfère se plonger dans les délices rétrogrades et prohibés des livres. Son frère Conrad semble, au contraire, occuper une place d'importance au sein d'une grande entreprise et jouit d'un certain statut.

Dans un geste qu'on croit d'amitié et de fraternité, Conrad pousse son frère à l'accompagner dans l'une de ses missions. Il est chargé de reprendre contact avec une colonie envoyée sur Ona(Ji) dans un but scientifique puis laissée à l'abandon lors d'une crise économique. Ce petit voyage présenté comme une simple routine va s'avérer pourtant bien différent...

 

C'est donc une grande aventure qui se lance avec ce premier tome qui ne fait qu'aborder les premiers jours du carnet intime. Comment Verloc a-t'il perdu la mémoire ? Comment est-il arrivé dans ce cratère ? Les questions se bousculent et Peeters réussit à nous mettre l'eau à la bouche avec beaucoup de facilité. Pourtant, le scénario s'avère très riche tout comme le dessin et les différents personnages et univers esquissés. On sent bien l'énorme potentiel d'intrigues que cette série possède et l'auteur nous les livrera sans aucun doute.

 

Le rythme de l'intrigue est assez lent, les choses se mettent en place petit à petit sans que le lecteur ressente une impression de lenteur, le contenu étant, comme je le disais, plutôt dense avec beaucoup d'incertitudes et de compréhension qui font que le lecteur est plus attentif aux détails pour démêler les noeuds de l'intrigue. Nous sommes donc loin des récits épiques de batailles rangées et de course-poursuite dans l'esapce.


On retrouve ici tout un univers futuriste où les habitants sont constrastés. Le monde, ou plutôt les mondes, que nous découvrons, malgré leurs avancées tehnologiques semblent être loin d'une perfection et on a le sentiment que cette modernité a emmené l'homme vers quelque chose de moins humain. Qu'en un sens, il est dénaturé. On y retrouve les mêmes travers que dans notre société actuelle : appât du gain, du profit avant toute humanité envers autrui. Finalement, Verloc sous des dehors réactionnaires, est le seul à avoir des émotions plus humaines. Les autres personnages sont plutôt froid et ce n'est pas le robot singe qui changera la donne. Aussi, en un certain sens, on pourrait presque voir une transposition de notre société dans le futur, en pire.

 

Graphiquement, Peeters produit ici un dessin en couleurs qui donne de la consistance à ces mondes futuristes et imaginés. Le trait est plus limpide, plus allégé sans pour autant sacrifier à un luxe de détails au niveau des décors et des paysages. Plus surprenant, je trouve même au dessin un petit côté rétro qui ne me déplaît pourtant pas.

 

Alors voilà, ce premier tome d'Aâma pose les premières pierres d'un vaste édifice qui ne manquera pas de combler les amateurs de récits de science-fiction comme les autres lecteurs. Je ne suis pas moi même une fanatique de ce genre de récit mais j'ai su apprécier le mélange des genres caractéristique de l'auteur. Au delà du récit de science-fiction classique, Peeters y apporte un je ne sais quoi d'étrangeté qui réussit parfaitement à libérer l'intrigue des contraintes du genre. Nous avons un album futuriste qui, paradoxalement, s'appuie sur le ressort narratif de la mémoire. Je trouve que c'est un étonnant retournement qui dénote d'une profonde réfléxion et qui ne manquera pas de nous surprendre et de s'enrichir dans les tomes suivants que j'attends avec impatience ! En clair, Aâma est une vraie réussite, au cas où vous en douteriez encore !

 

 

D'autres avis :

David Fournol - David IDBD - Bulles et onomatopées - Jérome - Oliv' - Yvan

 

 

Liens :

Blog du projet Aâma

Interview de l'auteur

Preview à lire

 

 

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Titre : Aâme, tome 1 - L'odeur de la poussière chaude

  Auteur : Frederik Peeters

Editeur : Gallimard

Parution : Octobre 2011

    88 pages 

Prix : 17€


 

bd du mercredi

 

Chez Mango

 


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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 07:00

ete-79-01.jpgNous sommes en 1979. Hugues a 14 ans.  Un soir où il aide sa mère à faire la cuisine, cette dernière lui suggère de l'aider à tuer son père, en lui décrivant son idée : le pousser dans les escaliers. C'est aussi violent que ça. Une violence morale qui l'atteint de plein fouet tandis que sa mère, elle, subit les coups. Hugues tente de garder la tête hors de l'eau en s'éclipsant chez la grand-mère et en se rapprochant d'une tante qui l'aide à découvrir la lecture.

 

L'été 79 est clairement un récit autobiographique. Le jeune Hugues est l'auteur lui-même, 30 années auparavant comme il nous l'annonce d'emblée.

Il revient sur ce fameux été 79 où tout a basculé et sur les quelques mois qui l'ont précédés.

Le père de Hugues s'est mis à boire. Il ne rentre plus à la maison que de manière aléatoire. Les disputes avec sa femme sont devenues monnaie courante et désormais il n'a aucun scrupule à être très violent avec elle. Avec son plus jeune frère, Hugues se réfugie dans leur grenier aménagé où le père ne vient jamais. Poltronné dans ses couvertures, il tente d'occulter le bruit des coups.Hugues a véritablement peur de son père dont il fuit la présence.


" Pour Olivier et moi, la journée commençait lorsqu'on entendait claquer la portière de la camionnette. Et se terminait le soir quand il rentrait. C'est l'été où j'ai appris à devenir invisible. "

 

Pour cela, il va le plus souvent possible chez sa grand-mère qui fait mine de ne pas savoir ce qu'il se passe dans leur foyer.

L'été 79, c'est aussi l'été où le jeune homme se met plus sérieusement au dessin. Son professeur d'art plastique manifeste un intérêt pour son travail. Sa tante Dominique qu'il voit ponctuellement l'encourage et lui offre régulièrement des livres. Une chaleur et un intérêt inespérés auquels se raccroche désespérement le garçon.

Mais la situation à la maison se dégrade de plus en plus et bientôt des mesures vont être prises qui vont laisser Hugues seul, désarmé et véritablement abandonné.

 

Ce n'est donc pas une adolescence particulièrement joyeuse que nous raconte ici l'auteur. il se penche avec beaucoup de sérieux et d'abandon sur une période sombre de sa vie qui l'a profondément marqué. L'été 79 est un moment de basculement où sa vie prend un nouveau tour entre une nouvelle condition familiale et de récentes aspirations artistiques qui, comme nous le prouve cet album, finiront par porter leurs fruits.

Le personnage de Hugues est bien évidement authentique et l'auteur a su retranscrire avec force détails ses étâts d'âme de l'époque. On ne peut que rester bouleversé devant la peur totale qu'il éprouve face à son père, devant la violence physqiue qui imprègne toute la vie de la maison, devant sa manière encore enfantine de fuir les blessures morales qui l'atteignent malgré tout. On s'indigne devant le laissez-faire des proches et devant la solitude des enfants face à ce drame familial. Le garçon semble seul et démuni au sein même de sa famille. Ses frères sont quasi absents de la narration et on ne saura rien les concernant. Sa mère est une victime qui reporte sa souffrance sur ses enfants, incapable de prendre les décisions qui s'imposent.

Voilà donc un témoignage plutôt courageux qui, de manière peut-être cathartique, raconte avec beaucoup de force sans tomber dans le pathos une expérience d'enfance difficile. Une sorte de témoignage qui démontre une fois de plus que, ce genre d'agressions et de souffrances, sont bien plus monnaie courante qu'on ne le croie. Une violence physique excercée sur la mère mais surtout une violence morale encore plus forte qui touche les enfants témoins invisibles et silencieux de ce gâchis.

On peut d'ailleurs se poser la question de l'impact de cette histoire sur la propre famille de l'auteur. Est-ce une manière de communiquer sur le sujet, de mettre le doigt là où ça fait mal ?  

 

Graphiquement, le trait en noir et blanc faussement simple s'accorde bien à l'histoire et évite d'accentuer l'aspect tourmenté du sujet. A travers de petits détails, l'auteur souligne avec finesse certains faits. Par exemple, les propos du père saoul sont retranscrit à un moment dans des phylactères tourbillonnants. La mère est toujours cachée derrière de grosses lunettes noires. Quant au père, son visage ne sera jamais montré, toujours situé hors-cadre. Reste ses mains menaçantes armées de couteau, sa voix qui hurle des insultes ordurières à sa femme et sa présence étouffante. Je ne connais véritablement pas les oeuvres précédentes de l'auteur et ne saurais donc juger de son évolution graphique. Mais malgré tout, je trouve l'album plutôt abouti, retranscrivant à merveille ce que l'auteur a voulu nous faire passer.

 

Voici donc un récit bouleversant sur une adolescence brisée par la violence, un été qui signe la fin d'une époque tourmentée pour partir peut-être sur des lendemains qui chantent. Période charnière entre deux âges, cet été est aussi le symbole de transition entre adolescence et maturité adulte. On pourra d'ailleurs découvrir plus précisement la suite du parcours de l'auteur dans un second opus, intitulé L'automne 79, à paraître cette année. L'été 79 est donc un ouvrage assez violent dans son propos qui n'épargne pas le lecteur mais réussit avec brio à mettre des mots et des images sur un passé douloureux. 

 

D'autres avis :

Livresse - Margotte - Lydia

 

Liens :

Interview très intéressante de l'auteur chez BDGest.

Le site de Hugues Barthe

Un diaporama sonore de l'auteur

 

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Titre : L'été 79

  Auteur : Hugues Barthe

Editeur : Nil

Parution : Novembre 2011

    137 pages 

Prix : 17,90€


 

Merci à l'éditeur et à Newsbook pour ce partenariat !

 

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 07:00

Mort dans l'ame 01Un fils qui se remémore ses souvenirs d'enfance avec son père. Un homme qui arrive dans un centre médical. Un coup de fil amer qui évoque la fin prochaine d'un homme et la nécessité des soins palliatifs. Mr Vanadris se meurt, vraisemblablement d'un cancer. Il est affecté désormais dans un centre de soins palliatifs, où il finira ses jours. Son fils tente de l'accompagner alors que le vieil homme essaye d'apréhender la mort et la déchéance. Des moments intenses de fin de vie entre un père et son fils.

 

Mr Vanadris entre donc dans cette unité médicale en sachant qu'il n'en ressortira pas vivant. L'accueil est chaleureux, le personnel tente de le mettre à l'aise mais comment accueillir sereinement l'idée de finir. Vient la ronde des traitements de plus en plus forts, les attentions des infirmières qui sont d'une cruelle ironie.


" - Il faut manger pour prendre des forces...

- Des forces ? Pour quoi faire ? "

 

Son quotidien se rythme au gré des visites régulières de son fils et de ses discussions avec un jeune prêtre sur la foi et la mort. Mais, la déchéance le guette inéluctablement et les fantômes qu'il croise dans les couloirs ou gisant dans leur lit d'hôpital sont d'autant plus effrayants lorsque l'on sait que cela sera votre devenir.

Cyril, le fils, tente le plus possible d'être présent auprès de son père. Il essaye de tenir le choc en gardant une vie en apparence normale. Mais le magasin des pompes funèbres n'est pas loin et les inquiétudes de son père qui tente de lui faire comprendre qu'il souhaiterait qu'on abrège ses souffrances ne fait qu'accentuer sa douleur. Une souffrance dont les autres tiers seront victimes, par ricochet. 

 

Il est évident que La mort dans l'âme n'est pas un livre gai. Mais la force de cet album est telle qu'elle ne pourra que toucher au coeur chacun d'entre nous. 

Un homme se meurt. Il apprend à accepter l'idée de sa finitude, et à ne plus craindre la mort. Accepter la mort, oui, mais vouloir aussi décider de quelle manière on ira l'embrasser. Un dernier sursaut de dignité pour un homme qui vit ses derniers instants, une façon de rester encore maître de ce qui reste de vie.

Un fils voit son père mourir. Il se sent impuissant à l'aider, à apaiser ses douleurs physiques. Un fils qui peine lui aussi à accepter la fin de son père et se refuse à y jouer un rôle actif. 

Mais surtout entre ces deux hommes, il y a ces derniers moments de complicité, d'affection, de conversation.

La fin imminente de l'un renforce la force du lien qui les attache.

La relation entre le père et son fils, voilà ce qui m'a le plus bouleversé dans cet album.

Sans y toucher, les auteurs donnent vie avec une grande force de réalisme à ces derniers moments de vie commune. La façon des bien portants de parler de banalités, de garder une apparence joviale et presque positive pour ne pas plomber un peu plus l'ambiance et surtout cacher leur propre souffrance afin de ne pas alourdir celle du malade. Ces silences pesants qui contiennent à eux seuls plus de mots que vous ne pourrez en dire. Ces petits bonheurs futiles, comme le vol d'un papillon, auquel on fait désormais attention. Ces moments intenses où l'on essaie malgré tout d'avouer ses peurs et d'en partager le poids. La maladresse des proches, les formules éculées pour réconforter. La douleur qui reflue lorsque la porte de l'hôpital est tournée.

Pour tout cela (et bien d'autres choses encore, comme la mémoire, la transmission, le rapport avec son propre statut de père, etc...), cet album est totalement bouleversant.

Alors même si le sujet principal était surtout la question de la fin de vie, de l'euthanasie et du choix d'une mort digne, La mort dans l'âme m'a touché personnellement pour cette relation-là, pour l'authenticité de ces moments.

Il est évident que chaque lecteur ressentira une émotion différente selon sa propre expérience, sa sensibilité. Pour ma part, mon père est heureusement bien vivant et on ne peut "m'accuser" d'y retrouver là une part de vécu. Pourtant, cet album renvoit à d'autres pertes, à nos propres peurs aussi peut-être. Chacun ne pourra nier de devoir faire face un jour à la mort d'un proche et il me semble que cette histoire ne pourra que parler, peu importe la manière, à tous les lecteurs.

Je vous l'avoue  donc sans honte, j'ai terminé cet album à chaudes larmes. Des larmes arrivées de manière totalement impromptue au détour d'une page, sans que j'en sache la raison. Et la rédaction de ce billet me fait sensiblement le même effet...

 

Alors voilà, pour une fois, je ne m'étalerais pas sur les caractéristiques plus "techniques" de cet album, sur son scénario, sur son dessin crayonné si torturé.

Seule l'émotion qui reste est essentielle. Et nos questionnements. Que feriez-vous à la place du fils ? Comment réagiriez face à la déchéance de ceux que vous aimez ?

Je vous invite très très chaleureusement à trouver vos propres réponses dans ce formidable album qui s'arrête sur des questions quelques peu taboues tout en bouleversant son lecteur sans tomber dans un pathos gratuit.

 

 

D'autres avis :

Mo' - Alfie's mec - Yvan

 

Liens :

Préview de 21 pages

 

 

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  Titre : La mort dans l'âme

 Dessinateur : Isaac Wens

Scénariste : Sylvain Ricard

Editeur : Futuropolis

Parution : Septembre 2011

    120 pages 

Prix : 20€

 


 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 07:00

eco-t2-01.jpegJe vous avais parlé du tome 1 il y a peu. Je réitère l'expérience en poursuivant la lecture des aventures de la jeune Eco.

Eco a donc quitté le domicile familial pour  partir à la recherche de la princesse des nuages qui, espère-t'elle, lèvera la malédiction qui pèse sur son corps changeant. C'est en compagnie de ses 4 poupées animées, Socrate, Esope, Diogène et Epitecte, que la jeune fille traverse des terres inconnues et parfois dangereuses. Elle se nourrit de baies trouvées dans la forêt, se lave dans la rivière et chemine difficilement sous les encouragements de ses 4 guides de chiffon. Mais la rencontre d'un monstrueux voyeur amoureux à qui elle promet moqueusement son coeur en échange d'une lune décrochée, va peut-être tout changer...

 

Si le premier tome abordait l'enfance d'Eco avec la difficultés et les conséquences des premiers choix, nous retrouvons ici une Eco en plein questionnement sur sa personne et son apparence. Ses hanches n'en finissent pas de s'élargir et ses seins de grossir. Et voilà qu'un inconnu à l'aspect monstrueux, réclame de sa part un amour pur, pour lever la malédiction dont il est affublé, lui aussi. Rejetant cette vilaine bête sans visage, Eco va apprendre à devoir faire des sacrifices pour avancer et obtenir ce qu'elle désire.

Ce deuxième tome voit donc la mort de l'enfance d'Eco, engloutie dans les souvenirs, et l'accès à une certaine maturité qui peine encore à s'affirmer totalement dans les humeurs changeantes de la jeune fille. Eco devient une personne ambigüe tout comme ce prince, enfermé dans l'apparence d'une bête repoussante, prêt à tout pour lever sa malédiction. Eco se libère des chaînes de l'enfance et des parents. Elle adopte une attitude plus libre, se laisse aller à de sensuels ébats avant de reprendre sa liberté, telle une jeune fille inconséquente.

 

Jolie fable sur la vie, Eco nous rappelle le long cheminement nécessaire pour devenir adulte : les grands sacrifices, les petites trahisons, une détermination sans faille quand il s'agit de réaliser nos souhaits les plus chers, nos questionnements aussi sur le désir et l'amour. Une route pas forcément simple et qui engendre son compte de blessures.

 

On retrouve au niveau du graphisme toute la poésie et l'enchantement déployés dans le premier volume. Le texte continue de se mêler aux illustrations à la manière d'un album pour enfant et Almanza construit une fois encore un univers merveilleux qui se marie à la perfection à l'histoire de ce petit conte pour adultes. Les références enfantines se font d'ailleurs toujours nombreuses et les têtes de chapitre s'agrémentent de citations issues de contes populaires, comme La Fontaine, Grimm ou Perrault.

La palette utilisée est riche, foisonnante qui plonge le lecteur dans une atmosphère envoutante, à la fois mystérieuse et fantastique.

 

Ainsi, ce deuxième volume d'Eco est dans la parfaite continuité du premier, prolongeant la dimension onirique du parcours initiatique d'Eco.

Je ne doute pas que le troisième et dernier tome, qui abordera la période de la vieillesse, soit de la même qualité et finisse en beauté cette si originale série !

 

 

D'autres avis :

Blog BD de C. - Sara - AcrO - Lunch

 

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Les premières pages à lire

 

 

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   Titre : Eco, tome  : la bête sans visage

 Dessinateur : Jérémie Almanza

Scénariste : Guillaume Bianco

Editeur : Soleil, Métamorphose

Parution : Novembre 2011

    80 pages 

Prix : 15,90€


 

Merci à l'éditeur et à Babelio pour ce Masse critique !


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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 22:30

la zone t1 01Dans le futur hypothétique de 2019, la Terre a été ravagée d'un grand cataclysme et la Nature a repris ses droits sur les Hommes, disparus à 95% en Angleterre. En 2069, la population survivante tente de panser ses cicatrices et a bannie de son quotidien tout ce qui la renvoie à son passé.

Au village cloîtré d'Applecross, Lawrence est le seul à porter un regard plus nuancé sur le passé et à préserver la connaissance de l'écriture et surtout des livres qu'il conserve pieusement à son domicile. Vivant seul à l'écart, avec son animal domestique, une femelle puma qu'il appelle le Chat, Lawrence tente malgré tout d'enseigner la lecture à la jeune Keira. Malheureusement, le jour où cette dernière s'enfuit avec inconscience munie d'une carte du pays, Lawrence est bien vite accusé d'avoir perverti la jeunesse avec ses idées de l'Ancien Monde, responsables du grand cataclysme. Menacé par les villageois et surtout inquiet pour la jeune fille qui ignore les dangers auxquels elle s'expose, il part à sa recherche et renoue avec les territoires extérieurs qu'il est un des rares à avoir parcouru.

 

C'est dans un univers apocalyptique que nous plonge ici Eric Stalner. Le monde a été dévasté par une succession de catastrophes (épidémies, raz de marée, séismes, tempêtes ...) et désormais la Nature a repris le dessus sur le monde civilisé, enfouissant sous la végétation les restes d'une urbanisation poussée.

Les survivants vivent enfermés dans des villages dont ils n'osent pas sortir, craignant d'être contaminés par l'extérieur.

A Applecross, les habitants sont clairement hostiles envers Lawrence, l'Etranger qui a vécu à l'extérieur de nombreuses années et dont on craint les idées et la connaissance qu'il tire des livres de l'Ancien Monde.

Un homme ambivalent donc et un peu secret qui cache en son sein un certain savoir et de nombreuses blessures. Partant à la recherche de Keira, il devra réaffronter ses démons et retrouver les terres qu'il avait fuit autrefois tout en se protégeant des hordes d'enfants sauvages cannibales, à l'affût de la moindre chair fraîche.

 

Fascinant récit qui nous plonge dans un univers futuriste à la portée humaniste tout en suivant la quête d'un homme complexe. Le récit qui nous est fait est extrêmement rythmé et mélange habilement passé et présent. Les informations sur l'apocalypse se dévoilent peu à peu et le lecteur pourra être quelque peu perdu avant d'avoir toutes les données en main. La narration se ponctue de nombreux flash-backs qui nous éclaire sur le passé de Lawrence ainsi que sur certains éléments de la Zone, cette partie secrète du pays qu'il est l'un des seuls à connaître. Une Zone que le lecteur parcoura plus loin en sa compagnie et qui se révèlera pleine de surprises. Sans compter que l'album se ferme sur une bouleversante révélation qui modifie la perception que le lecteur s'est faite sur le cataclysme et ne fait que redoubler les questionnements !

 

Eric Stalner propose donc un récit d'anticipation où le futur est loin d'être réjouissant. Le monde qu'il a imaginé s'avère très intéressant sans être révolutionnaire (science prohibé, rejet des livres, Nature qui reprend ses droits) et distille un arrière-fond écologiste qui est toujours bon à prendre lorsque l'on voit où les excès de nos sociétés industrielles nous mènent.

Premier tome d'une série, l'album introduit plutôt bien l'univers et laisse le lecteur avec de nombreuses questions dont il attend les réponses avec impatience. Le focus se fait pour le moment essentiellement sur le personnage de Lawrence dont les zones d'ombre sont propices à de riches développements dans les tomes suivants.

Le dessin est plutôt réaliste et les décors particulièrement riches et soignés. Les couleurs sont particulièrement réussies et donnent une belle densité à cette nature à la fois menaçante et ressourçante.

 

Ce premier album de La zone s'avère donc une excellente surprise avec un scénario plutôt riche et un très beau dessin. Inutile d'être un grand fan des récits post-apocalyptiques pour apprécier cette série qui réserve encore beaucoup de surprises ! Prévue en 4 tomes, on peut d'ors et déjà découvrir les 3 premiers. N'hésitez donc pas !

 

 

D'autres avis :

Bulles et onomatopées - Catherine - PG Luneau -Yaneck -

 

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Les premières pages à lire

 

 

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 Titre : La zone, tome 1 - Sentinelles

 Dessinateur / scénariste : Eric Stalner

  Coloristes : Pradelle / Langlois

Editeur : Glénat, Caractère

Parution : Mai 2010

    55 pages 

Prix : 13,50 €


 

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 07:00

sherman t1 01Jay Sherman peut être fier : son fils Robert va très certainement accéder à la présidence des Etats-Unis. Pourtant, contre toute attente, ce dernier est abattu à la sortie d'un meeting sous les yeux de son père. Alors qu'il lutte entre la vie et la mort, Jay Sherman reçoit un mystérieux coup de fil qui lui promet de lui arracher son fils, sa fille ainsi que sa fortune.

"Le moment est venu de payer pour ce que vous avez fait, Mr Sherman."

Mis sous la protection d'un agent du FBI, Eva Cruz, Sherman va tenter de comprendre en plongeant dans ses souvenirs.

 

Jay Sherman est un homme d'influence qui possède une belle fortune. Pourtant cet homme respecté vient de la rue. A l'aide de séquences en flash-back, Jay fait le récit de sa vie à l'agent du FBI qui l'accompagne désormais. Son enfance fut loin d'être facile : fils d'un vagabond qui meurt sur le pavé, il a dû se débrouiller très vite seul. Protégé par un sergent de la ville, il fait son bonhomme de chemin tout en espérant venger son père. Il monte peu à peu les échelons et réussit à se faire une place dans la finance. Il a trempé autrefois dans des affaires louches, s'est fait des ennemis. Puis il rencontre sa future femme, fille d'un riche banquier. Une ascension profitable qui pourrait bien faire quelques envieux...

 

Voilà un début de polar efficace qui nous plonge dans l'Amérique des années 50. L'intrigue tourne essentiellement autour du personnage de Jay Sherman. Un homme d'apparence respectueuse, qui a construit son propre empire seul, après avoir quitté la rue. Néanmoins les auteurs réussissent à nuancer le portrait de cet homme dont le passé recèle quelques côtés sombres. Ce premier tome lui est quasiment consacré et présente avec intelligence le personnage, alternant l'homme d'autrefois avec celui d'aujourd'hui. Un personnage contrasté donc mais qui laisse la place à d'autres personnages secondaires, plus ou moins ses ennemis potentiels, et que nous retrouverons certainement avec plus de densité dans les tomes suivants. Et impossible bien évidemment de deviner celui qui lui en veut tant au point de détruire sa vie !

 

La narration se fait dynamique. L'alternance passé / présent se fait avec beaucoup de fluidité et les scènes d'action ponctuent avec rythme les passages plus dialogués.

Le trait de Griffo est relativement classique et diffère quelque peu de la très belle couverture qui donne une impression plus fondue. Ici, on retrouvera sa ligne claire et épurée. Bref, c'est efficace et très soigné sans être bouleversant. L'atmosphère de l'époque est cependant parfaitement rendue. On retrouve les chapeaux à large bords, les vieilles automobiles, etc.

 

Le premier tome de cette série prévue en 6 volumes (le quatrième vient de sortir et le dernier est prévu pour juin) s'avère très prometteur. Axée sur la figure charismatique de Jay Sherman, cette nouvelle série reste assez classique mais contient une intrigue policière plus qu'intéressante qui avance rapidement tout en ménageant un certain mystère. Bref, c'est plutôt réussi dans son genre !

Je devrais donc vous parler de la suite très bientôt !

 

 

D'autres avis :

Bulles et Onomatopées -

 

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 Titre : Sherman, Tome 1 - La promesse, New York

 Dessinateur : Griffo

Scénariste : Stephen Desberg

Editeur : Le lombard, Troisième vague

Parution : Janvier 2011

    48 pages 

Prix : 11,95€


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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 07:00

ramayana 01Le Ramayana est une des plus grandes légendes mythologiques de l'Inde. Ce grand texte épique d'inspiration hindouiste aurait été écrit au VIème siècle par un certain Valmiki mais sa datation prête encore à discussion. C'est un texte très long (48 000 vers...) qu'il est difficile d'appréhender dans son entier.

Pourtant tous les indiens la connaissent, même par petits bouts. Enfants et adultes se la transmettrent souvent oralement et les grands épisodes se récitent souvent par coeur agrémentés de scènes très visuels.

 

L'histoire, là voilà, dans ses grandes lignes : Ravana, un démon ivre de pouvoir, muni de 10 têtes et du double de bras, médita pendant plusieurs milliers d'années afin de pouvoir obtenir auprès des dieux la formulation d'un voeu. Brahma finit par exaucer son voeu de ne pouvoir être vaincu ni par un dieu, ni par un démon. Grace à son nouveau pouvoir, Ravana libère des démons des ténèbres qui, bientôt, envahissent l'univers. La Terre finit par se plaindre et le dieu de la justice, Vishnu, intervient. Ravana ne pouvant être neutralisé par un dieu, Vishnu décide de se réincarner sous la forme d'un avatar : Rama. Rama nait une famille royale et grandit entouré de ses frères. Il épouse la belle Sita et vit heureux jusqu'au jour où une des reines du royaume exige qu'il soit exilé au profit d"un de ses fils qu'elle désire voir accéder au trône. Rama, suivi de son demi-frère Lakshman et de Sita quittent le royaume et errent dans la jungle. Mais bientôt, c'est le démon Ravana qui enlève Sita pour la faire sienne. Rama et Lakshman, aidés du singe blanc Hanuman et de Jambavan, l'ours noir, se mettent à la recherche de la jeune femme. Après une longue et célèbre bataille, le prince exilé Rama réussit à tuer le démon, avant de retrouver le trône qui lui était dû.

 

Vous l'avez compris, c'est une grande fresque épique que ce Ramayana. Sanjay Patel, qui travaille pour les studios Pixar, s'est pris de passion pour cette histoire. C'est un homme que la lecture endort et pourtant, il s'est lancé dans l'adaptation illustrée de ce conte. Bien conscient que peu de personnes peuvent suivre le texte original dans son entier, il a choisi de présenter "une version bien plus courte et subjective de cette mythologie".

Et de fait, l'ouvrage est une grande réussite !!

 

L'album n'est pas exactement une bande dessinée : il pourrait tout aussi bien être catégorisé en album jeunesse car il se présente plus comme une suite d'illustrations accompagnées de textes.

Le texte, parlons-en : l'auteur a su retranscrire toute la saveur du mythe d'origine en simplifiant l'histoire sans l'édulcorer. La narration est courte et ne s'encombre pas de détails superflus et trop compliqués pour les néophytes en mythologie indienne. Les principaux dieux sont présentés, les rares termes indiens expliqués ou traduits. la lecture se fait avec fluidité et le lecteur ne se perd pas en route !


Mais l'atout majeur de cet album est à trouver dans les illustrations, absolument surprenantes et fabuleuses !

Le style peut vraiment déstabiliser au début mais se révèle habile et convient parfaitement à cette histoire foisonnante. Les illustrations s'avèrent en effet très colorées. Les personnages, les décors sont constituées à partir de formes simples rondes ou géométriques. Mais loin de donner une ambiance académique, l'auteur fait preuve d'une grande inventivité qui met en scène le tout avec une très grande originalité. Renouant avec la tradition picturale indienne, Sanjay Patel revisite le mythe ancestral pour lui donner un véritable souffle de modernité.

Les personnages sont extrêmement expressifs, l'action est ultra dynamique . Les mots sont presque parfois inutiles tant l'histoire passe naturellement dans les images. Le texte se place d'ailleurs le plus souvent dans un cadre de couleur, sur le côté de l'illustration. Mais on trouve aussi des illustrations pleine page ou en double page, sans texte, accentuant ainsi un peu plus la valeur de l'image.

 

Enfin, le dernier quart de l'ouvrage se veut un peu plus didactique et apporte un intéressant bonus en présentant un glossaire explicatif des différents dieux et personnages présents dans l'histoire.

Suivront ensuite quelques pages de croquis préparatoires, avant le travail sur les formes et la mise en couleurs par ordinateur, qui permettent de se rendre compte de la masse de travail pour un album qui a demandé 4 ans d'effort.

 

Ramayana, la divine ruse est véritablement un petit bijou d'inventivité au style graphique détonnant qui s'adresse à un large public, enfant comme adulte. Permettant de (re)découvrir un des mythes indiens les plus importants, il offre au lecteur de pénétrer avec une grande facilité dans une mythologie pas toujours facile à appréhender. Un album d'une grande richesse qui donne vie à la légende. Bref, une découverte éblouissante ! Je vous la recommande chaleureusement !

 

 

Lien :

Vous pouvez feuilleter les premières pages sur le site de l'éditeur.


 

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Titre : Ramayana, la divine ruse

  Auteur : Sanjay Patel

Editeur : Ankama

Parution : Octobre 2011

    184 pages 

Prix : 29,90€


 

bd du mercredi

 

 

Un grand merci à Babelio pour ce partenariat !

 


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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 07:00

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Eco est la petite fille d'une dizaine d'années d'un couple de couturiers, les Schakleboot. Leur travail a grande réputation et les oblige à fournir sans délai les clients les plus fortunés et les plus exigeants. Laissée à elle-même, Eco tente de s'occuper et s'amuse elle aussi à coudre ses propres vêtements. Hélas, la jeune Eco n'est pas très douée et ses créations ressemblent plus à des oripeaux et à des chiffons, au grand dam des parents. Un jour cependant, ils lui confie une mission d'importance : porter un coffret de 3 poupées à la famille d'un princesse d'importance. Malheureusement, la généreuse Eco préferera s'en démunir au profit d'une plus pauvre, entraînant ainsi la colère et la ruine de sa famille. Maudite par sa mère, voilà la jeune enfant forcée de quitter son doux cocon enfantin, d'autant plus que son corps murit lui aussi...

 

La collection Metamorphose est une branche très surprenante et autrement plus qualitative des éditions Soleil. Elle propose des albums audacieux qui se démarque totalement de la trame traditionnelle de la bande dessinée et sont au carrefour de l'illustration et de l'album.

De fait, ici, Eco penche même plutôt du côté des albums jeunesse par l'alliance d'illustrations et de textes joints à côté ou sur l'image elle-même.

 

Eco se présente donc sous forme de conte et plonge le lecteur dans une ambiance enchantée et onirique.

La petite fille, suite à une acte de générosité, se voit mal comprise par ses parents qui la punissent d'une malédiction et d'un rejet. Eco découvre avec douleur la violence des adultes et sa peur d'être abandonnée est palpable. Désormais, elle devra avancer seule face à l'inconnu et aux dangers qui la guettent. Seule aussi pour apréhender les changements corporels qui l'atteignent (disportion du corps, des grosseurs à la poitrine, sang qui s'écoule de son corps) et découlent, selon elle, de la malédiction maternelle.

La petite fille solitaire s'est donc construit un univers bien à elle qui ne fera que s'accentuer après le rejet de ses parents. Les amulettes magiques données par une vieille mendiante vont animer 4 petites poupées qui lui tiendront désormais compagnie et parfois lui serviront de guides.

 

Vous l'aurez compris, on navigue en plein dans l'univers de l'enfance et, bientôt, des changements de l'adolescence. Eco grandit avec douleur, renvoyée à elle-même contre son gré, effrayée de devoir quitter le monde rassurant de la sphère familiale.

L'album se révèle finalement une belle allégorie de cette période ingrate où le corps change et où il va être temps de se confronter à l'extérieur et à l'inconnu.

Les auteurs ont utilisés ici l'atmosphère des contes de bien belle manière. 

En clin d'oeil, on retrouve d'ailleurs avant chaque début de chapitre une petite citation de Jack et le haricot magique , posant ainsi la filiation narrative qui les lie.

 

Le texte de Guillaume Bianco est à la fois naïf et violent. Il n'hésite pas à asséner quelques vérités tout en conservant une certaine part de légèreté et de poésie.

Le dessin de Jérémie Almanza, quant à lui, est véritablement de toute beauté ! Collant parfaitement à cette histoire, le trait est rond, chaleureux, coloré, déroulant le fil d'un univers chamarré aux décors finement travaillés. Le tout donne un univers féérique et enchanté qu'on rêverait presque de croiser sur grand écran !

La mise en page est soignée, et alterne des illustrations pleine page avec des médaillons qui colonisent une page de texte. Les angles de vues sont d'ailleurs variés et rappellent certaines techniques photographiques.

 

Eco est donc un superbe album d'une grande richesse qui, à la manière des contes, pose subtilement de nombreuses questions, parle de la vie et de nos peurs, des êtres que nous sommes et que nous devenons à travers les années.

Un album inclassable, un conte intemporel destiné aux plus grands mais qui flirte avec la littérature jeunesse d'une manière telle que je suis un peu en peine pour vous dire s'il est lisible aussi par les plus jeunes...

 

 

 

D'autres avis :

Noukette - Sara - Jérome - Lael - Lily - Lunch et Badelel - AcrO -

 

 

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 Titre : Eco, tome 1 : la malédiction des Schakelboot

 Dessinateur : Jérémie Almanza

Scénariste : Guillaume Bianco

Editeur : Soleil, Métamorphose

Parution : Octobre 2009

    72 pages 

Prix : 14,90€


 

bd du mercredi

 

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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
Ce blog sera à terme supprimé.
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