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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 14:45

 

 

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Auteur : Hunter S. Thompson

Editions :

Robert Laffont, Pavillons, 2000 -épuisé

Folio, Septembre 2010, 330 pages - 6,60€

 

 

Paul Kemp est un journaliste de seconde zone fraichement débarqué à Puerto Rico. Il vient de décrocher un boulot dans un journal local, le San Juan daily news. Motivé et prêt à croquer le monde, il va pourtant découvrir une équipe de journalistes, plus occupés à courir les bars et à se pinter au rhum qu'à faire sérieusement leur boulot. Intégrant le groupe, il va peu à peu se laisser entrainer dans l'ambiance caraibéenne pour mieux oublier ses illusions de réussite.

 

Premier roman du célèbre Thompson, "Rhum express" s'appuie sur l'expérience personnelle de l'auteur qui travailla pour un journal sportif local à Puerto Rico.


 

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Le narrateur du roman, qui est Paul Kemp, lui même, nous entraine à sa suite dans les profondeurs moites de l'île. La vie semble facile, les filles sont jolies et l'alcool coule à flots sous les tropiques. L'équipe du journal prend régulièrement ses quartiers dans bar du coin, "chez Al", et sa préoccupation principale semble être de dégoter les meilleures beuveuries.


  " L'univers dans lequel j'avais plongé avait quelque chose d'étrange, d'irréel, quelque chose d'amusant et d'un peu démoralisant à la fois. Je me retrouvais là, installé dans un hotel de luxe, fonçant à travers une ville à moitié hispanique dans un cabriolet qui ressemblait à un cafard et faisait le bruit d'un avion de chasse, maraudant dans les ruelles ou jouant les voyeurs sur les plages, traquant mon déjeuner dans une mer infestée de requins, pourchassé par des foules qui me hurlaient dessus dans une langue étrangère, et cela dans une île au passé colonial rococo où tout se négociait en dollars américains, où tout le monde conduisait des voitures made in USA et passait des heures à la roulette en se donnant l'illusion d'être à Casablanca.  "


Leur activité journalistique semble être une parenthèse. Aucun des journalistes ne semblent investis dans son travail. Leurs tâches sont faites par dessus tête, certains arrivent bourrés, d'autres se contrefichent des enguelades du rédacteur en chef qui hurle et déplore à tout va la nullité de ses employés sans réussir à rien y changer. Le journal menace de crouler à chaque instant mais pour eux, seul compte l'argent qu'ils peuvent se faire. Leur objectif est de s'amuser le plus possible et de fantasmer sur un départ de l'île, les poches bien remplis de billets.

Paul Kemp se retrouve ainsi, à la suite de ses collègues, entrainé dans des fiestas sans fin qui se finissent parfois en bagarres et gueules de bois. ça picole à toutes les pages et on se demande même comment les personnages font pour tenir autant l'alcool !

La langue de l'auteur est cru, populaire et parfois vulgaire mais donne le ton du roman où toute les débauches semblent permises.

 

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Mais au delà de cette chronique alcoolisée de la vie à San Juan, "Rhum express" se révèle un véritable portrait d'une Amérique détestable.

Puerto Rico s'avère être une île colonisée par les expatriés américains qui semblent n'avoir que peu de respect pour la population locale qui le leur rendent bien. Prenant Puerto Rico pour leur territoire, ils n'hésitent pourtant pas à la critiquer et à la condamner sans avoir le courage ni la force de quitter l'état et de prendre leur destin en main.

Gangrenée par la corruption, on découvrira que les hommes d'affaires américains n'hésitent pas à profiter du laxisme administratif et légal pour mieux s'approprier les richesses de l'île et se faire de l'argent.

Ainsi Puerto Rico est une île sous pouvoir américain qui cherche péniblement à trouver son identité et son indépendance.

 

Paul Kemp, à la fois entrainé comme les autres dans ce système et extrêmement lucide sur la déchéance de l'île ainsi que sur la sienne propre, nous confiera ses espoirs et ses illusions. Se questionnant sur son avenir professionnel, il analyse de façon désabusé sa situation personnelle et dresse à la fois un portrait sans concessions d'un monde où le capitalisme est roi.


  " Mais je sentais que j'arrivais à une étape où j'allais devoir prendre une vraie décision à propos de ma présence à Porto Rico. J'étais là depuis trois mois qui avaient filé comme trois semaines, et pour l'instant il n'y avait rien de tangible, aucun des pour et des contre indiscutables que j'avais discernés dans d'autres endroits. Depuis mon arrivée à San Juan, je n'avais cessé de critiquer cette ville, et pourtant elle ne me déplaisait pas vraiment. J'avais l'intuition que tôt ou tard j'allais découvrir sa troisième dimension, cette épaisseur qui donne sa réalité à une cité et que l'on ne peut entrevoir qu'àprès y avoir vécu un moment. Mais plus je vivais ici, plus j'en venais à me dire que pour la première fois de mon exitence j'avais échoué dans un coin totalement dépourvu de cette dimension fondamentale, ou que celle-ci était bien trop vague pour fonder une quelconque qpécificité. Et si, le ciel m'en préserve, ce trou n'était rien de plus que ce qu'il paraissait être, un ramassis de ploucs, de voleurs et de jivaros hagards ? "

 

Première découverte de l'univers de Thompson, "Rhum express" s'est révélé pour moi un bon roman qui suinte l'alcool à chaque ligne, mais également une critique sans concessions et sans langue de bois d'une île, sous forme de paradis fantasmé mais qui cache un réel problème politique et identitaire.

 


 

L'avis de Cryssilda, Eve

 

 

A noter : Une adaptation ciné par Bruce Robinson a été tourné et devrait sortir sur les écrans... un des quatre ! en 2011 ? Johnny Deep, qu'on trouvait déjà dans le film "Las vegas parano", sera de la partie pour interpréter Paul Kemp.

 

 

 

Merci à Babelio auprès de qui je m'excuse pour le retard....

 

 

 

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15 novembre 2010 1 15 /11 /novembre /2010 19:10

 

intrusion-1.jpg

 

Auteur : Adam Haslett

Editeur : Galliamrd

Date de parution :  Février 2010

Prix : 21 €

363  pages

 


 

Doug Fanning est un homme à qui tout réussi. Fuyant une mère alcoolique, il s'est engagé dans la marine sans plus lui donner de nouvelles. En pleine guerre du Golfe, il doit faire face à un évènement dramatique dans lequel il est impliqué : la mort de dizaines de civils.

A son retour, il rentre chez Union Atlantic, une des plus grandes banques américaines dans laquelle il réussit à faire sa place et à devenir le trader le plus important aux yeux de son directeur. L'argent coule à flot et s'il n'a pas de famille à qui consacrer son temps, il décide néanmoins de se faire construire une superbe villa à Finden, une banlieue chic et calme.

Sauf que cette intrusion, sur les anciennes terres de son père autrefois couvertes de bois, ne plait pas du tout à sa vieille voisine, Charlotte Graves qui persiste à vivre dans sa vieille maison à moitié abandonnée.

Une réfractaire à tout ce qui est le symbole du capitalisme ranpant et qui ne va pas hésiter à aller au procès...


 

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Grande fresque contemporaine, "L'intrusion"  se révèle un récit assez foisonnant qui coure sur plusieurs années, offrant ainsi un véritable portrait de la société américaine des années 2000.

Doug, le personnage principal, est un arriviste puant qui se révèlé égoiste et manipulateur. Il a construit sa fortune et son succès sur un coup de poker et n'hésite pas à jouer en marge de la légalité avec son copain Mc Teague. Mais les dividendes seront-elles toujours au rendez-vous... ?

Charlotte Graves est une ancienne professeur d'histoire mis prématurement à la retraite à cause de ses opinions tranchées et passéistes. Elle vit avec ses 2 chiens et, un peu folle, a de longues conversations avec eux. Son frère  Henry, président de la Réserve Fédérale, et sauveur de crise pour les banques en difficultés cherche en vain à la placer en maison de retraite.

Il y a Nate aussi, un jeune adolescent qui prend des cours de rattrapage un peu foutraques chez Charlotte. Un garçon un peu perdu qui a découvert le suicide de son père et découvre sa propre homosexualité par le désir qu'il manifeste à l'égard de Doug.

 

Des personnages très différents qui forment le portrait d'une Amérique en crise, oscillant entre guerre et crises financières. Une vision pessimiste où l'argent et l'intérêt personnel prime sur le reste, où on peut tuer des civils et se voir décerner des médailles, où on peut trahir ses idéaux pour plus d'argent ou plus de plaisir, où l'égoisme dirige le monde.

On y verra une adolescence dérisoire démotivée et trouvant dans les drogues les dérivatifs faciles pour oublier le monde des adultes. On y verra des riches s'illusionner avec de grandes fêtes où étalage de biens rime avec ridicule et vacuité de leur vie. On y verra des classes pauvres qui s'oublient dans l'alcool avec des fils qui cherchent revanche sur la vie. On y verra des noirs qui devront leur succès à de prétendues attentions au nom de l'égalité des races.


Bien que très critique et offrant plusieurs pistes de lectures assez riches, "L'intrusion" se révèle néanmoins assez difficile à suivre parfois. Les longues explications des mécanismes financiers concernant le travail de Doug sont quelque peu obscures pour les néophytes de la finance comme moi. Une petite simplification n'aurait pas eu d'incidence notable sur la narration et permettrait au lecteur de ne pas se perdre dans les rouages des banques d'affaire. Ce n'est qu'en rédigeant ce billet que j'ai compris où l'auteur voulait en venir avec ses multiples intrigues croisées.

On ne manquera pas, bien sûr, de faire un parallèle avec la crise financière qui nous a touché et des fraudes récurentes des traders (Madoff and co).

Capitalisme contre humanisme : quelle Amérique gagnera ? Dans tous les cas, la victoire aura un goût amer...

 

Un livre très intéressant donc sur les Etats-Unis mais qui se révèle un peu noyé dans un jargon financier un peu hermétique.


  " Leadership. Qu'est-ce qu'il a pu être dénaturé, putain, ce mot, vous trouvez pas ? Des séminaires dans des hôtels chicos où les lemmings prennent des notes sous la dictée d'une espèce de gourou-écrivaillon à la retraite. Pour ces conneries aussi, on raque, on raque pour leur payer l'avion qui leur permettra d'aller apprendre les sept principes pour manipuler les sous-fifres tout en veillant à ce que, pendant tout ce temps, il gardent la banane. Des millions pas ans. " 

 

 

 

Merci à BOB et à Gallimard !

 

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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 23:36

 

education-americaine-1.jpg

 

Auteur : Barry Gifford

Editeur : 13e note Editions

Date de parution :  Septembre 2010

Prix : 19 €

  335 pages

 

 

" Une éducation américaine" est un curieux roman. C'est l'histoire de Roy, jeune garçon qu'on suit sur plusieurs années, pas toujours de façon chronologique. Roy vit à Chicago avec sa mère qui le trimballe de droite à gauche. Son père apparait ici et là, avant et après le divorce, parfois on le retrouve même mort. Sa mère collectionne les maris et laisse souvent son fils se débrouiller seul. Alors Roy grandit en compagnie des copains, de son oncle qui l'emmène parfois à sa suite et construit sa future vie d'adulte.

 

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Instantanée de la vie de Roy de ses 5 à 18 ans, "Une éducation américaine" livre un portrait original, organisé en de multiples petits récits indépendants qui forment, au final, le visage contrasté d'un jeune garçon qui grandit en s'arrêtant sur le monde et ses étrangetés.

Evoluant entre ses différents beaux-pères, Roy va découvrir l'amitié, les filles mais aussi la lecture ou la violence que peut prendre parfois la vie. Les figures paternelles et maternelle s'effacent au profit d'une éducation solitaire ponctuée de petits évènements insignifiants qui peu à peu conduisent notre jeune homme sur la voie de la maturité.

Entre ennui quotidien, petits boulots et questionnements naïfs, Roy trouve une échappatoire dans les romans d'aventures de Conrad et autres explorateurs qui le fascinent.

 

Mais à travers le portrait de l'enfance de ce jeune américain, c'est aussi le portrait de la ville de Chicago qe l'auteur dresse ici. Ville impitoyable à l'environnement dangereux, ses rues sont occupées par les petits caïds du coin et par la mafia qui ne s'encombre pas de principes lorsqu'il s'agit de refroidir un gars...

Une réalité difficile pour une éducation typiquement américaine, reflétant les années 50 et 60, vécu par l'auteur lui-même.

 

education américaine 2"Une éducation américaine" se révèle assez déstabilisant. Si les différents récits forment un portrait homogène de la vie de Roy qu'on finit par reconstruire, le lecteur n'y trouvera pas de fil conducteur dans ces textes qui n'ont pas d'autres but que de narrer des épisodes de vie, plus ou moins anecdoctiques.


Si l'ouvrage se lit sans déplaisir, si le jeune Roy finit par être attachant par ses questions et son regard innocent sur le monde, "Une éducation américaine" reste malgré tout une succession de tranches de vie linéaires qu'on oubliera très vite...


  "Soeur Margaret Mary portait un habit noir classique, des lunettes cerclées d'écaille, et la peau de son visage était aussi pâle que celle d'une des épouses de Dracula. J'avais vu récemment le film de Tod Browning, Dracula, joué par Bela Lugosi, et je me souviens avoir pensé qu'il était curieux que Dieu et Dracula apprécient le même type de femmes. "

 

" Roy en conclut que quand les choses vont mal, les gens sont traumatisés de découvrir à quel point ils manquent de maîtrise sur les évènements."

 

" Bronko Schulz était un grand type, accomodant, qui aimait bien raconter aux élèves ce qu'il considérait comme des histoires cochonnes. Il m'avait ainsi demandé un jour pourquoi un pénis était la chose la plus légère du monde. Je lui avais répondu que je l'ignorais. Bronko avait rétorqué :

- Une simple pensée peut le soulever. "

 

 

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L'avis d' Amanda.

 

 

Merci à BOB pour cette découverte !

 

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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 08:00

 

malediction des colombes 1

 

Auteur : Louise Erdrich

Editeur : Albin Michel

Date de parution : Aout 2010

Prix : 22,50 €

  482 pages

 

 

Pluto est une petite ville du Dakota du Nord dont on doit l'existence à l'énergie de quelques uns.

Fin 19ème, Frank Harp envoya une expédition à des fins  'installation qui entraina un peu plus tard, l'arrivée d'une communauté blanche, à proximité de la réserve indienne. Les indiens qui sont désormais parqués doivent subir l'ostracisme des colonisateurs et l'évangélisation des prêtres.

En 1911, le drame arrive : une famille de fermiers blanc est massacrée, à l'exception d'un bébé. Quelques hommes de la communauté y voient là l'action des méchants indiens et une action punitive est lancée. Des 4 indiens attrapés, un seul échappera à la pendaison organisée sans procès ni justice : Mooshum Milk.

 

Le temps fait son oeuvre mais ce lynchage marquera tous les esprits sur plusieurs générations.

De nombreuses années plus tard, nous retrouvons Evelina, la petite fille de Mooshum. S'interrogeant sur le passé de son grand-père et sur les raisons qu'il ne soit pas mort avec les autres indiens, cette dernière va fouiller dans le passé de ses ancêtres, de la ville et de ses premiers habitants.

Peu à peu se dessine alors le portrait d'une ville portant le poids d'une erreur collective qui pèse sur le destin de toute une communauté et de leurs descendants.


 

malediction des colombes 2

Voilà un roman foisonnant qui regorge d'histoires et de personnages. Conduit par différents narrateurs, le récit se développe autour de différents sujets : l'expédition qui entrainera la création de la ville et les différents hommes qui composent l'équipe, le lynchage des noirs, le passé de Mooshum mais aussi le destin de très nombreux habitants, leurs amours, leurs mariages ratés, leurs obsessions, leur racisme, le pouvoir de l'amitié et des liens familiaux, la perversion de la religion, etc...  Leurs vies se croisent et s'entrecroisent sans lien évident au début. Puis petit à petit, le lecteur finit par assembler les histoires des uns et des autres et constater que tous ont vu leur destin marqué par ce drame fondateur qu'a pu être la pendaison de 3 innocents.


  " Maintenant que certains d’entre nous ont mélangé dans la source de leur existence culpabilité et victime, on ne peut démêler la corde. "

 

Une intrigue complexe donc, alternant entre passé et présent, qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Un index généalogique est donné à la fin de l'ouvrage permettant au lecteur de s'y retrouver. S'il dit bien qui est le père ou le fils d'untel, il n'aide pourtant qu'assez peu à s'y retrouver quand aux liens plus invisibles qui existent entre les personnages, pour des raisons évidentes de "suspense". Du coup, il m'a parfois été un peu difficile de recoller les morceaux de ce roman très dense.

 

Néanmoins, "La mélédiction des colombes" est un roman qui évoque avec force le poids des secrets et du passé dans la construction personnelle des individus. Un roman sombre et violent mais qui démontre qu'il jamais trop tard pour expier nos fautes et que l'espoir n'est jamais loin.

 

 

"Je pense à la façon dont l’histoire se résout dans les vivants. "

 

 

malediction-des-colombes-3.jpgNorth of Pine Ridge Indian Reservation, South Dakota

 

 

 

 

L'avis de La ruelle bleue, Fashion. D'autres ?!

 


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21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 08:00

 

 

bien-etrange-attraction-1.jpg

 

Auteur: Tom Robbins

Editeur : Une bien étrange attraction

Date de parution : 26 Août 2010

Prix :  25,50 €

408 pages

 

 

Lachez toutes vos idées préconçues sur la littérature et plongez dans cet OLNI qu'est "Une bien étrange attraction" !


Nous avons Amanda, une belle gitane (sans l'être réellement ), spécialiste de la voyance, végétarienne mystique et adepte du yoga fascinée par les papillons.

Nous avons son mari, John-Paul Ziller, né en Afrique ("ou étais-ce en Inde ?"), musicien accompli pour qui le style passe avant tout et prfère se balader en pagne, avec un os dans le nez.

On oubliera pas Mon Cul, son inséparable babouin, son "fidèle ami, [son] frère par tous les temps, à travers toutes les frictions et les moments sublimes. "

Et enfin Baby Thor, le fils d'Amanda qui, par une nuit d'orage, en a gardé des "yeux électriques".

Un couple peu orthodoxe donc, dont la rencontre fut une évidence.

 

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Ils se marièrent et quittèrent le Cirque Indo-tibétain & le Gypsy Blues Band du Panda Géant pour ouvrir un zoo en bord de route.

Rien de plus normal me direz-vous...  (enfin presque...) Et bien, non.

Le zoo se compose d'un cirque de puces que seule Amanda arrive à diriger, de 2 couleuvres et d'une mouche tsé-tsé quelque peu morte. Le tout est accolé à un restaurant de hot-dog, décoré d'une enseigne géante du dit met de choix, visible à des kilomètres à la ronde et agrémenté de centaines de mini hot-dogs sur la façade.


  " Une saucisse, c'est une image de repos, de paix et de tranquilité qui forme un contraste frappant avec le chaos et la destruction dont est faite la vie quotidienne. Songez un peu à la nonchalance paisible de la saucisse, comparée à l'agressivité et à la violence du bacon. "

 

Bienvenue à la réserve naturelle et stand de hot dogs du memorial du capitaine kendrick !

 

Le quotidien se déroule entre transes d'Amanda, conversations philosophiques et lectures des lettres de Plucky Purcell. Leur ami, à la virilité dynamique et dealer à ses heures, s'est retrouvé dans une communauté religieuse, sous l'identité d'un autre par le plus grand des hasards et par désir de se lancer dans une nouvelle aventure. Il finira par intégrer une armée secète du Vatican où il fera une étrange découverte...

Aussi, quand ce dernier fuit et débarque avec un mystérieux corps momifié, toute la question est de savoir qu'en faire...

 

Vous l'aurez compris ce roman ne ressemble à aucun autre. Complètement déjantée et foutraque, l'histoire nous est raconté par un certain Max Marvelous qui, débarquant au zoo, vient postuler pour un emploi qu'il s'improvise. Affligé d'hémoroides, bandant sec pour la belle Amanda et rêvant de la culbuter, il enrobe son récit de multiples digressions. Le lecteur y perdra son latin, le fil et le bébé avec l'eau du bain avant de retomber sur ses pattes et plonger dans la fantaisie de ce joyeux roman qui vous emmènera aux frontières de l'incompréhensible !

La langue est savoureuse et les bons mots constants. On pourra relever des dizaines de métaphores plus mémorables les unes que les autres.

 

" John Paul s'était débarrassé de son pagne. Il était au dessus d'elle. Son membre rigide reposait contre le ventre d'Amanda comme le manche d'une binette contre une citrouille. En le regardant, tout ce qu'elle trouva à dire fut :

- Le Petit Blanc du Chou possède une trompe enroulée en spirales des plus remarquables. Oh ! "

 

  " Max Marvelous fronça les sourcils comme la gargouille qui haïssait Notre-Dame. "

  " Octobre s'étend sur le pays Skagit comme une serpillière sur une salade. "

 

 

" Son sourire  ressemblait à une tâche de sauce au jambon sur une cravate représentant la Statue de la Liberté. "

 

Vous assisterez à une scène d'anthologie entre Jésus et Tarzan, à de philosophiques réflexions comme sur la blennoragie :


  " Maintenant, supposons que le cafard, le seigneur de la planète, attrape la blennorragie. Est-ce qu’il y survivrait ? Est-ce que la blennorragie échouerait avec cet insecte là où elle a réussi avec l’homme ? Qui triompherait de qui ? Ou est-ce que ça serait simplement le cas de l’objet que rien ne peut déplacer rencontrant la force à laquelle rien ne peut résister ? Ils pourraient s’affronter et se neutraliser éternellement, chacun étant incapable de faire plier l’autre et ce, à tout jamais. Des années après que l’homme se sera lui-même exterminé, transformant la Terre verte en une boule de cendres pour un quelconque malentendu politico-économique puéril, commencera alors le vrai combat. La blennorragie et le cafard aux prises pour la domination de l’univers. Le voilà, votre Armageddon "

 

Bref, on pourrait citer la moitié du livre sans arriver à rendre un quart de la folie de l'auteur.

 

Pourtant, malgré l'excentricté de ce roman qui semble en apparence ne mener nulle part, pointe une certaine éloge de la liberté et du je m'en foustisme, propre aux sixties. La religion, la norme en prennent plein la tête !

 

" - [...] Ma petite dame, j'ai risqué ma vie pour que vous puissiez avoir la liberté, l'éducation et tous ces avantages qu'offrent notre société. [...]

- [...] Le vrai courage, c'est risquer une chose avec laquelle il faut continuer à vivre, le vrai courage, c'est risquer quelque chose qui pourrait vous obliger à revoir vos idées, à supporter le changement et à élargir votre conscience. Le vrai courage, c'est risquer ses lieux communs. "

 

Si vous n'avez pas peur du bizarre,

si vous ne craignez pas de ne rien y comprendre,

si vous n'avez pas peur de rire,


lisez ce formidable roman !!

 

 

Dans tous les cas, vous êtes prévenu :


  " Envers les lecteurs qui épprouvent peut-être quelque irritation face à un récit qui fait preuve d'un certaine négligence en matière de prgression linéaire et qui ne court pas à un rythme soutenu de point culminant secondaire en point culminant secondaire jusqu'au point culminant principal, comme cela se fait habituellement dans nos meilleurs livres, l'écrivain est moins enclin à s'excuser. " 

 

Vous pouvez lire les premières pages du roman ici !

 

Retrouvez les avis tous enthousiastes de Tulisquoi, La ruelleBleue, Richard,

où vous découvrirez d'autres extraits tout aussi savoureux !

 

 

Meri à BOB et aux fantastiques éditions Gallmeister qui n'en finissent pas de m'enthousiasmer !

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 20:30

 

delicieuses pourritures 1

 

 

 

 

Auteur : Joyce Carol Oates


 Editions :

Philippe Rey, 2003 - 14€ - 170 pages
J'ai Lu, 2007 - 3,70€ - 127 pages
 

 

 

 

Note : 3 / 5

 

 

 

 

 

 

Nous sommes dans les années 70, sur le campus exclusivement féminin de Catamount. Bon nombre d'incendies criminels ont éclatés, laissant nos pauvres étudiantes sous tension. Le feu couve et est prêt à se propager dans l'esprit de ces jeunes filles sensibles et fragiles.

Nous allons suivre Gillian qui est une jeune étudiante américaine de 20 ans. Elle suit les cours de littérature d'un certain professeur : André Harrow. Ce dernier bénéficie d'une aura particulière auprès de ses étudiantes qui sont fascinées par le couple qu'il forme avec la singulière Dorcas, sculptrice de son état.

Et bien sûr, Gillian ne manque pas de tomber amoureuse de son professeur, comme bon nombre de ses consoeurs.


" Parfois on tombe amoureux sans le savoir. Sans s'en rendre compte. Et c'est trop tard, on ne peut pas revenir en arrière. "


André Harrow plait à ses étudiantes et en joue habilement. Il fait jouer la concurrence des jeunes filles et distribuent sourires et attentions à sa convenance. Un jeu pervers qui ne manquera pas de se terminer en drame...

 

delicieuses-pourritures-2.jpg" Délicieuses pourritures" est un roman déroutant qui nous plonge dans l'innocence de l'adolescence et la perversité adulte.

Rien de plus classique qu'une jeune fille qui tombe amoureuse de son professeur. Innocentes, les étudiantes de Harrow vont tomber sous l'influence de cet homme qui sait jouer le chaud et le froid. Leur sexualité et leur féminité est en plein construction et obtenir l'attention d'un homme aussi charmeur que Harrow ne peut les laisser indifférentes.


" Qu'un homme adulte, un professeur d'université, accorde autant d'intérêt au travail d'étudiantes de troisième année..., cela ne nous paraissait pas étrange et déroutant, mais merveilleux.
Ou, quoique étrange et déroutant, merveilleux tout de même.Au moins intéresse-toi à moi. Si tu ne peux m'aimer. Au moins ne m'ignore pas. "


Usant de son influence, le professeur va les pousser à tenir un journal intime pour mieux en libérer son contenu lors des cours. Dévoilant leur intimité et leurs fantasmes secrets, les jeunes filles espèrent gagner l'amour de ce dernier. La concurrence est rude et c'est à celle qui ira le plus loin dans ses épanchements.


" la jalousie me perçait le coeur lorsque je voyais Marisa, cheveux soyeux tombant sur le visage, accomplir ce rituel érotique consistant à approcher sa cigarette, serrées entre ses lèvres maquillées, de l'allumette enflammée de M. Harrow, oser mettre ses petites mains en coupe autour de la sienne, puis inhaler avec volupté. "Merci Andre !" J'enviais les fumeurs mais ne pouvais les imiter, la fumée me piquait les yeux et me faisait tousser. J'étais une enfant jouant avec des jouets d'adultes. "


Gillian, dont les talents littéraires ne sont pas à la hauteur de ses compagnes, va chercher à s'approcher du couple Harrow. Espionnant sa femme, provoquant les rencontres avec son professeur, elle va finir par tomber dans les mailles de son filet. Devenant peu à peu leur "créature", partageant leur intimité, elle va découvrir qu'elle n'est pas la seule...

 

Oates nous donne ici un portrait fort d'un point de vue psychologique de ce couple d'artiste et de professeur tombés dans la perversité. A petites touches, elle dénonce la domination qu'ils exercent à l'encontre des étudiantes qu'ils considèrent comme de jolies poupées, jetables à souhait. Les dégâts seront irrémédiables et nous verrons certains jeunes filles tomber dans l'anorexie ou même le suicide.

 

Je ne m'attendais pas à une telle lecture ni à sa dimension perverse qui pourra en choquer certains.

Pour ma part, j'ai apprécié cette plongée progressive dans le vice qui se fait finalement de façon assez subtile et progressive. On voit les étudiantes plonger en toute innocence dans les bras du couple sulfureux et à travers les réflexions de Gillian, on comprend la manipulation dont elles sont victimes.

Pourtant, je suis resté quelque peu sur ma faim. Comme Ys, je pense que le format du roman est un peu court. Alors que le sujet était très fort, je n'ai pas eu de "claque" à cette lecture. Je n'ai eu aucune empathie pour les personnages et suis resté un peu en dehors du récit.



Ceci était une lecture commune avec Cynthia qui m'a en plus généreusement offert le roman !


Retrouvez aussi les avis de Ys, Kathel, Pickwick, Lau, Lou, Restling,...

 

 

 

Première lecture dans le cadre du challenge de George

 

challenge oates

 

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24 mai 2010 1 24 /05 /mai /2010 23:50

 

montana 1948 1

 

 

Auteur : Larry Watson

 Editeur : Gallmeister, Totem

Date de parution : Avril 2010
Prix : 8 Euros

 ISBN :  9782351785010

  170 pages

 

 

Note : 4 / 5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1948, dans le Montana. David Hayden nous raconte ses souvenirs de cet été là. Un été bien particulier qui signera la fin de son enfance et l'entrée dans le monde perverti des adultes.

David a 12 ans et il grandit dans une famille forte, pieuse et respectée dans toute la région. Son grand-père et son père se sont succédés au poste de shérif. Son oncle Frank est un médecin respecté, rescapé de la guerre et la grande fierté du patriarche.

Le clan donne une apparence de stabilité qu'un simple évènement va faire éclater : la nurse indienne de David, Marie Little Soldier, tombe malade. Les parents de David envoient chercher Franck malgré le refus répétée de cette dernière de se faire soigner. A son arrivée, elle hurle et refuse de ne pas rester seule avec lui. Bientôt, la vérité éclatera : Frank est réputé pour profiter sexuellement des jeunes indiennes de la réserve. Le scandale couve puis éclate au sein de la famille. Aucune explication ne sera donné à l'innocent David qui à force d'observation, finira par découvrir les secrets des adultes.

 

Le jeune garçon, à qui on refuse toute discussion, toute explication, n'a pour seul moyen de comprendre pourquoi son oncle Frank est tombé en disgrace que d'observer et d'espionner les grands.

 

" Si j'étais rentré à l'intérieur de la maison, si j'étais resté dans la cuisine ou dans ma chambre, ou à l'inverse si j'étais parti dans la même direction qu'Oncle Franck, je n'aurais jamais entendu la conversation entre mon père et ma mère et j'aurais peut-être gardé toute ma vie des illusions sur ma famille en particulier et sur le genre humain en général. "

 

Cette mise de côté familiale lui est pénible et l'infantilise alors qu'il tend à grandir et souhaite faire la fierté de ses parents.


  " Je voulais être dans la confidence, en savoir plus que ce que mes écoutes indiscrètes m'avaient appris. Je crois que j'aspirais surtout à être considéré comme un adulte, à pouvoir écouter mes parents discuter de l'affaire en ma présence, à ce qu'on ne me demande plus de m'éloigner, à ne plus avoir à constater qu'on se taisait à mon approche ou, pire encore, qu'on parlait en langage codé, comme si j'étais un bébé qu'on pouvait tenir dans l'ignorance en épelant les mots en ma présence. "

 

Il va découvrir que les membres de la famille cachent aussi des côtés sombres. L'oncle Franck qui viole des filles en position de faiblesse, le grand-père qui a toujours préféré Franck à son autre fils Wesley, Wesley qui s'est conformé à l'avenir tracé par son père sans se rebeller,...

 

"Cependant, ce que j'entendis annonçait une telle rupture dans nos existences, un tel abîme séparant désormais ce que nous étions de ce que nous ne serions plus jamais, qu'il faudrait, semble-t-il, mesurer le temps à cette aune."


La vie dans cette petite ville reculée est également mise en cause. Les shérifs se voient réélus années après années, sans véritable questionnements des habitants. Habitants chez qui on sent un certain racisme de façon sous-jacente. Les moqueries au sujets des indiennes et leur peur de ce qui est "évolué", comme la médecine moderne reflète bien le mépris auquel est soumise cette population parquée dans des réserves.


Montana, 1948, est un petit roman subtil qui aborde finalement de nombreux thèmes : passage à l'age adulte avec la perte des illusions, relations père-fils compliqués et manquant de dialogue à chaque génération, relation entre frères si différents, et enfin la question du choix. Wesley, shérif de la ville, doit-il appliquer la loi et dénoncer son frère ou se taire pour préserver à tout pris la cellule familiale ?

Un dilemmne qui se terminera par un drame et ne laissera personne indemme.


Inutile de vous dire que Gallmeister a une fois de plus, ressorti de l'ombre ( le titre est sorti autrefois en 10/18) une très belle pépite !

Remarquable de justesse dans l'expression des sentiments du jeune David comme dans l'ambiance traditionnaliste d'une petite ville, Larry Watson nous offre ici un récit qui alterne entre innocence et corruption et réussit à happer le lecteur dans cette sombre histoire familiale qu'on ne lâche pas jusqu'à la fin !


Forcément, à découvrir... Forcément !!



Le très bel avis de Ys ainsi que Cuné, ... D'autres ?

 

 

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29 mars 2010 1 29 /03 /mars /2010 08:00

 

La-fille-d-Ho-Chi-Minh-Ville-1.jpg

Auteur :
Robert Olen Butler
Editeur : Rivages / Rivages Poche

Date de parution : 1999 / 2001
Prix :  16,77 / 7,95 Euros


Note : 4 / 5









Ben est un ancien soldat américain qui a fait la guerre du Vietnam. Il a décidé de retourner dans ce pays autrefois en guerre pour comprendre et se trouver lui-même. Pourtant c'est dans les bras de Tien qu'il va se découvrir. Tien est une jeune guide touristique, abimée par l'abandon de sa mère prostituée et par l'absence de père.
Ces deux êtres meurtris vont se trouver tout de suite et se sentir l'un à l'autre indispensable. Leur amour va grandir et s'épanouir de façon naturelle et comme une évidence que chacun attendait. Pourtant, le passé de chacun resurgira et le drame sera inévitable.

L'auteur nous fait rentrer directement dans l'intimité du couple. Alternant entre la voix de Ben et celle de Tien, le récit nous plonge dans l'esprit des 2 protagonistes qui voient grandir leur amour. On assiste à la découverte du corps de chacun, à l'apprentissage de la sexualité pour Tien. Le tout est décrit avec pudeur et ne tombe jamais dans le vulgaire. Puis le récit prend de l'ampleur et on découvre petit à petit leur passé respectifs, leurs failles, leurs peurs, leur rencontre.

Leur parcours affectif est parfaitement rendu et très attachant. Ces deux êtres que tout sépare et qui chacun peine à se trouver réussissent à trouver dans l'autre la part qu'il leur manque. Ben, 46 ans, a construit sa vie en fonction des attentes de son père, est défendre l'honneur de sa patrie que son père n'a pu avoir la fierté de faire. Il s'est oublié et cherche aujourd'hui sa place. Tien, 26 ans, a elle aussi un problème de filiation. Abandonnée par sa mère, elle s'oblige à la croire morte tout en s'interrogeant sur un père inconnu et mort.

Leur fusion des corps et de l'esprit est totale. Hélas, le passé vient se mêler aux affaires de nos deux amoureux et c'est à un véritable coup de théâtre que nous allons assister, digne d'une tragédie grecque.
La route va être longue jusqu'au dénouement. Un dénouement surprenant qui, d'une certaine façon, ne peut se dérouler autrement.

Dans ce roman, il sera aussi question de la guerre et de ses répercussions sur le pays, des prostituées qui étant allées avec des américains ont été lourdement sanctionnées, des soldats qui cherchaient tant bien que mal du réconfort auprès d'elles, mais aussi de la dépression américaine et des difficultés des familles à se nourrir. On découvrira la vie quotidienne dans un Vietnam communiste qui se lance dans la modernité, la prudence qu'il faut garder dans ses relations amoureuses, le culte des ancêtres et la difficulté de s'en sortir en dehors du tourisme.

Je ne regrette pas ma découverte : un auteur que je ne connaissais pas et un roman suprenant qui, sans être un coup de coeur pour moi, mérite d'être lu pour cette histoire d'amour poignante (qui en dérangera peut-être certain) et pour la justesse de son écriture tout en finesse.

A découvrir donc ! Surtout que Anjelica, que je remercie pour le prêt, le fait voyager !!
Pas d'excuses donc !


D'autres avis chez
Marie et Liliba

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Livre lu dans le cadre du challenge Coup de coeur : C'était le choix d'Anjelica bien sûr !

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 13:30

pere des mensonges


"Père des mensonges" se situe dans une communauté religieuse : la corporation du sang de l'agneau (les Sanguistes). Il s'agit d'une secte religieuse fortement conservatrice, dirigée par des pères patriarches qui lui donne sa ligne de conduite.
Le roman débute sur un échange de courrier entre le patriarche Blanchard et un institut de psychanalyse rattaché à l'église. Le patriarche cherche à soutirer des informations sur le cas du patient Eldon Fochs, un doyen de l'église. S'opposant au refus de Feshtig, son médecin, Blanchard s'adresse au directeur de l'institut. Il obtiendra gain de cause par échange de faveurs... Dès lors, nous savons déjà que l'Eglise en question est corrompue et soucieuse de son image avant tout...

La suite nous plongera alors dans les notes du médecin Feshtig et nous ferons connaissance avec ce doyen de l'Eglise. Eldon Fochs possède une situation très respectable au sein de la communauté. Issu d'une famille très religieuse, il prend très à coeur le rôle de l'Eglise dans son quotidien. Pourtant depuis quelque temps, il est victime de cauchemars épouvantables : obscénité, viol, violence,... Sa femme s'en inquiète et le pousse à consulter.
Feshtig finit par s'interroger quand les rêves du doyen finissent par avoir quelque ressemblance avec des faits réels : une jeune fille assassinée, de jeunes garçons agressés,...
Où est le vrai ? Où est le faux ?

Le sujet est difficile mais m'a néanmoins beaucoup plu !
La construction du roman est très intelligente. On alterne entre le point de vue de Feshtig le médecin et celui de Fochs. Ce jeu de miroir entre rêve et réalité devient peu à peu flou et le lecteur finit par se demander où s'arrête le rêve ou commence le réel. Et quand vous comprenez où sont les limites, c'est un véritable coup de poing que vous recevez !

La focale intérieure sur les pensées du doyen Fochs est particulièrement forte. Le lecteur pénètre dans ses pensées les plus profondes qui révèleront un être malade et pris dans une folie religieuse qui l'absout de tout acte malveillant. Les scènes où nous voyons le doyen agir sous le soi-disant commandement de Dieu en sont révélatrices. Fochs a bien conscience que ses actes sont mauvais mais il s'imagine que Dieu l'accompagne et l'enjoint d'agir, pour mieux vivre avec ses actes.
On peut s'interroger sur l'origine de cette folie : Est-ce la religion qui a exacerbé les problèmes d'un esprit déjà malade ou bien est-ce elle qui a provoqué ces désordres mentaux ? La question est posé mais l'auteur ne s'avancera pas à y répondre.

Vous comprendrez bien sûr que la cible principale de ce roman est l'ordre religieux et ses dérives sectaires. Sous couvert d'obsolution chrétienne et de bien-être pour la communauté, les religieux se permettent d'agir à leur guise au détriment de l'intérêt particulier de certains. Les patriarches n'hésiteront pas à nier l'évidence pour mieux protéger la réputation de leur communauté et à ex-communier les personnes indésirables et réfractaires à leur soi-disante vérité. Cette corruption morale est véritablement glaçante quand on connait les revers du même ordre que connait l'église chrétienne aujourd'hui...
"Pere des mensonges" est donc un roman parfaitement réaliste, surtout quand on sait que l'auteur est un ancien mormon... Il sait donc de quoi il parle.

Cette première rencontre avec Evenson fut donc très très bonne et continuera avec ses autres titres, tout aussi critiques sur la religion.

Je remercie Solène et le Cherche-midi pour cette sacré découverte !

Retrouvez les avis tout aussi enthousiastes de Cuné, Amanda, Stephie, Leiloona, Cathulu, Keisha, ...



Note : ****


Editions du Cherche Midi - 17€

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 18:00


Paix





Après avoir lu avec bonheur, ses précédents romans " La saison des ténèbres" et "Petite visite aux cannibales", je n'ai pu résister au plaisir de plonger dans le nouvel opus de Richard Bausch. Auteur dont on parle malheureusement assez peu, il me semble...

"Paix" se situe en Italie pendant la 2ème guerre mondiale. Les allemands battent en retraite mais continuent d'infliger de multiples pertes dans leur retrait. C'est une petite patrouille américaine que nous allons suivre. Ces 3 hommes sont envoyés en reconnaissance dans la montagne, guidé par un vieil italien qu'ils ont embarqués de force. Le plus vieux, Marson, a 26 ans. C'est lui le sergent qui doit diriger et calmer les tensions palpables entre les 2 hommes sous sa direction : Asch, un juif de Boston et Joyner, un brin raciste.

Pendant 2 jours et 2 nuits, les voilà face à eux-mêmes, devant leurs peurs, leurs faiblesses et leur passé.
Ils montent inlassablement, repensent à leur pays, à leur famille qui les attend. Ils culpabilisent devant l'acte de leur sergent qui a tué la femme qui accompagnait un soldat nazi, une victime innocente selon eux. Ils s'interrogent sur la guerre et ses conséquences.

"Tu sais, j'ai étudié l'histoire, et la philosophie. Et c'est pas pour des idées qu'on se bat maintenant. Malgré tout ce qu'on veut nous faire croire. Chez nous non plus, on n'aime pas les juifs. Ni les noirs. Les idées des nazis, personne n'en a rien à foutre. Tout ça, c'est juste une question...d'armement. De puissance militaire. Les idées, c'est un prétexte. La vraie question, c'est... c'est qu'on est de plus en plus doués pour tuer. Voilà de quoi il s'agit. On a la technologie nécéssaire pour tuer plus efficacement, et à plus grande échelle. ça n'a rien à voir avec les idées. "

La tension est palpable, la nature oppressante, les hommes se disputent, le froid les menacent et ils doivent continuer à avancer coûte que coûte. Que faire alors quand un snipper se met dans la partie ?

paix-2.jpgVue des ruines du Mont Cassin - Italie


Dans ce huis-clos angoissant, l'auteur parvient avec beaucoup de facilité à nous faire partager les pensées intimes de ces 4 compagnons d'infortune qui n'espèrent qu'une chose : que cette guerre prenne fin et que vienne le temps de la paix.
Bausch nous livre ici un très beau texte sur la condition de l'Homme et sur les luttes intérieures qui le rongent. Faut-il faire son devoir alors que la guerre est un désastre ? Comment conserver sa dignité en faisant des actes qui vous dégoutent ?
C'est aussi un hommage au courage et à la force de l'entraide quant la mort approche au delà de toute affinité ethnique et intellectuelle. La mort nous fait dépasser les clivages moraux pour chercher à rester en vie malgré tout, contre tout.

" Tu crois en Dieu ? demana Asch.
- Oui.
- Tout ça, ça se tient. Je veux dire qu'il a une seule raison à tout ça, à la religion, à la philosophie et le reste.
- Tu veux dire que que toutes les religions disent la vérité ?
- Elles existent toutes pour la même raison. La seule vraie raison. Elles essaeint toutes d'expliquer la même chose : pourquoi on doit mourir. Un effort pathétique pour nous faire accepter cette réalité. "


Plus qu'un roman sur la guerre, Paix est une formidable ode à l'humanité qui est en chacun de nous.

Je vous invite plus que vivement à découvrir cet auteur, trop ignoré dans nos contrées !
"Paix" est un roman fort mais je continue à lui préférer "Petite visite aux cannibales" qui fut mon premier Bausch et une réelle claque !
Ne tardez pas, allez chez votre libraire ou votre bibliothèque !
Et faisons enfin le buzz sur cet auteur (ben oui, il parait que les blogs font le buzz littéraire maintenant ! )


Note : ****


Editions Gallimard - 17,50€

A noter, la sortie simultanée d'un recueil de nouvelles : " L'homme qui a connu Belle Starr et autres nouvelles ". Gallimard, 26€


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Total : 5 / 7



Objectif-PAL.jpg
Objectif PAL : # 12




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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
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