Auteur : KOMATSU Sakyo
Editeur : Picquier
Date de parution : 1997 / 2000
Prix : 8 €
254 pages
Le japon est un pays constamment agité de tremblements de terre et l'histoire du pays est parsemé de nombreuses catastrophes. Situé au niveau de plusieurs failles terrestres, il a du s'adapter aux caprices de l'écorce terrestre. Les constructions doivent aux normes sismiques et les enfants sont, dès leur plus jeune age, sensiblisés aux risques et à la conduite à tenir.
Aussi, la peur des catastrophes est bien ancré dans l'esprit japonais et la peur de l'engloutisssement bien réelle. La submersion du Japon dû à des cataclysmes est un thème récurent dans la culture japonaise.
Komatsu Sakyo a donc obtenu beaucoup de succès pour son roman de science-fiction "La submersion du Japon", sorti en 1973 et qui est un devenu un véritable best-seller au Japon.
Le roman met en scène un Japon, récemment perturbé par une recrudescence de tremblements de terre. Les températures sont excessivement anormales, des volcans endormis se réveillent, des failles apparaissent au niveau des batiments et les secousses se font de plus en plus violentes et destructrices. Nous allons suivre une équipe de scientifiques qui découvre que certains ilôts non ou peu habités ont littéralement disparus , et pour cause : ils ont été submergés ! Leur enquête, à base de plongée en eaux profondes et de calculs scientifiques, leur fait soupçonner une immersion totale du Japon dans un court délai.
Alors que ces derniers étudient la certitude d'une telle catastrophe, le gouvernement japonais s'organise en secret et cherche à sauver ce qui peut l'être...
Ce scénario catastrophe, digne des grands studios américains, s'appuie plutôt sur de nombreux faits scientifiques. Loin d'être une intrigue trépidante au suspens insoutenable, la narration débute par une présentation en règle des personnages principaux qu'on découvre en plein travail. Leur découverte, si elle les surprend, ne semble pas les affectuer énormément et seule le but de prouver les faits semblent primordial.
Les personnages sont assez peu décrit dans leur vie personnelle et on peine à s'attacher à eux.
Si on assiste à certaines catastrophes, la narration ne tombe pas dans du voyeurisme catastrophique et larmoyant à outrance. Au contraire, c'est surtout une sensation de froideur et de maitrise qui ressort de la lecture. Et c'est d'autant plus étonnant et frustrant lorsqu'on assiste à un évènement d'une telle ampleur.
On assistera aux tractations entre scientifiques et politiciens, à leur incrédulité puis à leurs manoeuvres secrètes avec d'autres états pour prévoir des solutions d'évacuation des habitants et du patrimoine. Les expositions d'oeuvres d'art à l'étranger se multiplieront, la politique extérieure sera fortement mis en avant, les exportations soutenues, des négociations pour obtenir des terres en Autralie et ailleurs seront tenues, ...
Bref, je dois dire que le récit se traine beaucoup en longueur et que le suspense n'est finalement pas au rendez-vous. Le lecteur sera plus plongé dans des questions d'ordre intérieur qu'autre chose.
L'écriture, qu'il est difficile de juger ici à cause de la traduction, n'est pas très fluide et manque de dynamisme.
Pourtant, le roman se révèle malgré tout intéressant. A une époque de changement climatique, on peut se demander la part de véracité d'un tel ouvrage. Komatsu nous oblige à nous poser certaines questions. Que ferions-nous si demain le Japon disparait ? Ou une autre partie du monde ? Que deviendrait leurs habitants ? Quel accueil leur serait réservés par les populations locales ? Comment sauvegarder une culture identitaire si votre propore pays disparait et que les habitants soient dispersés à travers le monde ?
"En dehors de cet archipel et de sa nature, de ces montagnes, de ces rivières, de ces forêts, de ces herbes... les Japonais n'existent pas. Ils sont unis à eux. Ils ne font qu'un seul corps avec tout cela. Si cette nature délicate et les îles sont détruites et disparaissent, les Japonais n'existent plus."
Les questions sont nombreuses et il n'y a pas de réponses toutes faites.
Il faut rappeler que ce roman a été écrit en pleine époque de guerre froide et que le Japon, 3ème puissance mondiale, cherchait à revendiquer ses intérets et affirmer son statut vis à vis des autres puissances.
Finalement ce roman d'anticipation révèle plutôt bien l'esprit japonais : sa peur de l'engloutissement, l'absence de héros qui sauve le monde pour une action collective, l'absence de happy end, un esprit pragmatique et organisé,...
Si ce n'est pas un chef d'oeuvre d'écriture, si le lecteur français sera beaucoup moins passionné par cette question, "La submersion du Japon" reste malgré tout une oeuvre intéressante
Le roman a d'ailleurs connu de nombreuses adaptations dont :
- Une version manga chez Panini : La submersion du Japon.
- le film Nippon chinbotsu, réalisé par Moritani Shirô en 1973.
- le film Nihon chinbotsu, réalisé par Higuchi Shinj en 2006.
Pour ma part, je me suis dit que c'était l'occasion de couple ma lecture avec un film !
Adaptation ciné par Higuchi Shinji :
Un quart d'heure pour voir débuter le générique, une musique digne des grands mélos.... tout laissait augurer le pire... et ça n'a pas raté !
Ce film de 2h15 est à oublier absolument...
Contrairement au roman, on rentre directement dans le sujet de la catastrophe et on ne vous fait pas lanterner 2 plombes pour savoir officiellement que le Japon va couler. Mais ce n'est pas pour autant que les longueurs vous seront épargnés. On assiste à l'organisation gouvernementale et scientifique face à ce futur évènement, on saute d'un sujet à un autre et au final, le tout n'apporte pas grand intérêt. L'intrigue a été tout de même allégé de nombreux éléments qui faisaient trainer en longueur le roman, un peu trop même... et le scénario a été quelque peu changé.
Si on retrouve les personnages principaux, leur caractère est beaucoup plus mis en avant en lieu et place de l'action collective. Une petite fille sauvé en début de film servira de fil rouge narratif et mélodramatique.
Une poignante histoire d'amour remplace un mariage pseudo-arrangé, un permier ministre fuit ses resonsabilités pour mieux laisser sa place de sauveur du Japon à une charmante ministre,...
Car ici, la politique intérieure disparait pour laisser place à l'humain. De l'humain certes, mais au trait plus qu'appuyé. Les 3 scientifiques deviennent des héros : Le plus rebelle découvre une solution pour sauver le Japon de la noyade, le deuxième meurt dans l'essai qui en découle et le troisième sacrifie sa vie et son amour pour une femme pour sauver des millions de vies.
Car, oui, vous n'échappez pas au merveilleux happy end avec discours de la ministre, reconnue pour son courage, en l'honneur des héros.
Tout ça n'a bien sûr aucune crédibilité et savoir que le sort du Japon dépend d'un gars, au commande d'un submersible vieux de 20 ans, qui doit se débrouiller seul pour placer un tube d'allumage dans le but de faire exploser des dizaines de mini bombes nucléaires pour casser l'écorce terrestre et empêcher le Japon de s'enfoncer sous l'eau avec elle.... et bien, oui tout ça, me parait fort bien ridicule !!
Je vous ferais grace des effets spéciaux, cherchant à copier les pires films catastrophes américains... explosions, raz de marée, effondrements, vies sauvés in-extrémis....ou pas, rien ne vous sera épargné.
Je vous ferais grace aussi de la séquence émotion des dernières embrassades du héros avec son amoureuse (à qui il a refusé de faire l'amour quelques minutes avant... franchement, qui n'en aurait pas profité à sa place ^^) sous un magnifique air de J-pop à reprendre en version karaoké si l'envie vous vient...
Bref...
Passez votre chemin, prenez une douche, un Télérama ou un Picsou magazine....
Vous perdrez toujours moins votre temps...
Bon, et si j'allais lire un bon livre pour faire passer la pilule....
Tiens, le nouveau Laurent Gaudé, "Ouragan"...
qui n'est pas encore sorti mais que j'ai déjà dans ma besace...
oui je sais, ça vous dégoute mais ce sont les risques de mon métier