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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 07:00

cette-vie-ou-une-autre-01.jpgComme son titre l'annonce quelque peu, ce roman nous propose plusieurs vies imbriquées les unes dans les autres.

Le roman débute sur la course dramatique de Ryan avec sa main coupée et de son père, vers l'hôpital.

Vient ensuite Lucy qui, à 18 ans, fait le choisir de tout larguer, école, famille et ami, pour vivre une idylle avec son professeur, Georges Orson.

Enfin, c'est Miles qui part à la recherche de son frère jumeau Hayden, un shizophrène qui a disparu depuis de nombreuses années.

 

Ces 3 histoires vont se dérouler indépendamment pendant un long moment.

Ryan est un jeune ado qui découvre que son oncle Ryan est en fait son véritable père. Il part vivre avec ce dernier et coupe toute relation avec ses parents et amis pour une vie cachée sous pseudo faite de diverses magouilles sur internet.

Entichée de George qui semblait lui promettre une vie de luxe, loin de la médiocrité de sa province, Lucy a suivi George pour finalement atterir dans un motel désaffecté qui aurait appartenu à sa famille. Alors que la jeune fille s'ennuie dans ce lieu désert et abandonné, son ancien professeur s'enferme dans un bureau pour des affaires dont elle ignore tout.

Miles, quant à lui, reste obnubilé par ce frère jumeau qui a toujours d'une certaine façon dirigé sa vie par les lettres tourmentées qu'il lui envoie et par les multiples recherches qu'il s'escrime à tenter pour le retrouver.

 

cette-vie-ou-une-autre-02.jpgMotel abandonné - Lac de Salton Sea (USA)

 

Vous vous en doutez, ces 3 histoires finiront par se rejoindre mais tout cela va prendre du temps, beaucoup de temps, même un peu trop. En effet, la narration alterne contamment entre les personnages. On découvre leur vie, leur passé, la raison qui les a amené là où ils se trouvent. On découvre de nombreux questionnements chez ces personnages qui sont tous torturés d'unne manière ou d'une autre. Il ne se passe finalement pas grand chose mais la profondeur psychologique du récit est importante. Beaucoup de questionnements se posent chez ces personnages torturés d'une manière ou d'une autre. On s'attache à eux et à leur égarements.

L'alternance se fait également au niveau temporel. Leur vie n'est pas toujours détaillée dans le bon ordre. L'histoire de la main coupée qui ouvre le roman s'avère, par exemple, être situé bien plus tard dans la chronologie du récit.

Le lecteur se perdra peut-être dans les dédales labyrinthiques du ce roman qui ne donne ses clés qu'à la toute fin de l'histoire. Des indices qui relient les personnages les uns aux autres sont disséminés dans le texte de manière sporadique et très mince mais ce n'est que dans les dernières pages que le lecteur pourra compléter le puzzle du roman.

 

Les différentes trames du récit se déroulent donc lentement et donne au texte un rythme lent et statique qui, par moment, m'a légèrement ennuyée. Car, impatient, nous aimerions que les intrigues avancent et se rejoignent enfin. Finalement, un gros sentiment d'attente m'a tenu pendant la majorité de ma lecture mais une attente bien lointaine des pages-turners policiers. 

Malgré ces bémols, Cette vie ou une autre est un bon roman. Les personnages sont formidablement détaillés et le ressort psychologique très dense. A travers le personnage de Hayden, nous allons également plonger dans les méandres de la folie et de la schizophénie, celle qui pousse les hommes à s'inventer des vies et à changer d'identité. Je ne peux en dire plus mais la découverte est passionnante !

 

Tout cela donne un roman fort sur la quête d'identité. Car tous les personnages finalement choisissent de changer de vie ou de vivre à travers celle d'un autre, de se donner une nouvelle identité qui leur sied mieux. Manipulation, mensonge, rejet du passé sont au programme pour notre plus grand plaisir !

 

D'autres avis :

Marie que je remercie ! - Ys - Keisha - Clara - La ruelle bleue - Lystig -

 

 

Cette vie ou une autre

Dan Chaon

Parution aux Etas-Unis : 2009

Edition Albin Michel

Janvier 2011 - 405 pages - 23€


cette vie ou une autre 03

 

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 07:00

enrage-t1-01-copie-1.jpgAnton Witkowsky est un jeune ado des cités. Fils d'immigrés, il compte bien s'élever au dessus de sa condition à la force de ses poings. Car Anton est passionné de boxe. Alors que son père refuse de croire qu'il puisse vivre de sa passion et veut l'obliger à abandonner la boxe au profit du travail à la boucherie du quartier, Anton outrepasse les ordres paternels pour se lancer corps et âme dans la boxe. Le clash est inévitable et Anton prend la porte de l'appart familial, bien décidé à prouver à son père qu'il a eu tort.

Aidé de Marco, son entraineur et de Mo, son meilleur ami, Anton va débuter sur les rings pour des combats de petite envergure. Les succès sont au rendez-vous et Antoin est rapidement repéré par un manager d'importance. Il va devenir champion d'Europe avant de pratiquer les rings américains. Anton dit Witko, d'un tempérament teigneux, prend rapidement la grosse tête. Son orgueil, son goût pour l'argent facile et les joies futiles du succès agace profondément son ami Mo, devenu journaliste, avec qui il finit par se fâcher à la suite d'un article négatif sur sa personne. Il s'éloigne peu à peu de ses origines honteuses, au point de finir dans le box des accusés d'un tribunal...

 

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On connaissait déjà Baru pour son goût pour la boxe déjà présent dans l'album Le chemin de l'Amérique. Le milieu de la boxe est à nouveau la toile de fond de cet album qui nous plonge dans les rouages du système des combats. Suivant le héros dans sa quête de richesse et de célébrité,  le lecteur découvre les dessous d'un milieu où coups-bas et magouilles sont systématiques.

Mais au delà d'une immersion dans ce domaine sportif, cet album est surtout le portrait d'un homme enragé, que sa condition de pauvre et d'immigré rend haineux envers ce qui le relie à son passé. Une sorte de honte qui le pousse à tout prix à sortir de sa condition. Mais si l'ascension vers le succès est rapide, la chute le sera tout autant.

 

Baru nous retrace ici encore le formidable destin d'un homme qui misait sur ses poings pour s'en sortir mais va sortir écrasé par cette réussite qu'il croyait acquise à jamais. Fasciné par l'argent, reniant ses origines et ses amis, Anton mettra beaucoup de temps à comprendre qui il est vraiment et à s' accepter. C'est la trahison, le remord et la culpabilité qui lui seront salutaire.

 

enrage-integrale-01.jpgJ'ai découvert Baru il y a quelques années avec le premier tome de cette histoire. J'en avais gardé une impression forte. Sa relecture aujourd'hui l'est tout autant. La rage du héros et sa façon d'aller en guerre contre les préceptes paternels m'ont touchés malgré ses innombrables défauts. On comprend que la relation houleuse qui le lie à son père est la clé de tout, de son envie de s'en affranchir comme de son désir caché de le rendre fier et de faire tout ça pour lui. On s'attache à la personnalité du héros malgré ses extravagances. On sait que tout cela cache une meurtrissure dont Anton peine à se libérer.

 

Entre portrait social et récit d'initiation, L'enragé est une vraie réussite. Le dessin nerveux fait lien avec la violence du sujet et des actes de Witko et a acquis une force supérieur par rapport aux précédents albums de l'auteur. Les scènes de combat de boxe sont partuclièrement de qualité et Baru réussit à rendre le mouvement des combattants avec maestria. Les couleurs, à leur tour, sont fortes et éclatantes et renforcent le côté vivant et mouvementé d'un album dont la narration est rarement posée.

 

Baru trace, ici encore, avec beaucoup de réalisme, un portrait sans concession d'une France qui offre peu de perspectives d'avenir aux enfants d'immigrés.

On notera d'ailleurs la présence dans la narration de faux extraits d'articles de journaux qui viennent appuyer la carrière du boxeur et l'actualité sociale, ainsi que la présence prémonitoire des émeutes de banlieues (nous sommes en 1995...)

 

Autant vous le dire, L'enragé est, à ce jour, mon album préféré de Baru !

 

 

D'autres avis :

Bulles et Onomatopées - Phylactérium -

 

Liens :

Une interview de Baru sur L'enragé.

 

 

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L'enragé

Dessinateur / Scénariste : Baru

Editions Dupuis, Aire libre

Tome 1 - Novembre 2004 - 72 pages - 14,95€

Tome 2 -Avril 2006 - 63 pages - 14,95€

Intégrale - Novembre 2010 - 135 pages - 24€


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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 12:40

 

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Montpellier - Jardin des plantes

 

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Les dimanches en photos sont aussi chez : 

 Liyah, Tiphanie, Choupynette, Fleur, Liliba, Sandrine, SeriaLecteur, Margotte, Estellecalim.

 


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23 juillet 2011 6 23 /07 /juillet /2011 07:00

 

Après des études d’Histoire de l’art consacrée à la peinture classique, Yang Bin, alors âgé de 31 ans, se lance finalement dans la photographie. Très vite, le succès est au rendez-vous et les œuvres de ce Chinois né à Pékin en 1975 figurent déjà dans de nombreuses collections particulières à travers le monde. Devenu photographe, l’artiste ne renie en rien son passé de théoricien de la Peinture. Yang Bin compose ses photographies comme un peintre construit son tableau et le style de l’artiste métamorphose ses modèles.

 

Je n'ai trouvé que peu d'information et uniquement 4 photos de cet artiste mais elle sont suffisamment intéressante pour vous les présenter. Découvert sur Yellowcorner, je reprend les explications du site.


En effet, le photographe construit ses photographies en reprenant les codes picturaux de la peinture flamande et de la Renaissance. Le cadrage est de 3/4 et le paysage en arrière-plan du personnage est travaillé.

 

Yang bin 01

Commerçant tibétain

 

Cette photographie prise en 2010 représente un marchand de bouses de vache utilisées comme combustibles. Le rendu photographique rappelle la touche lisse, spéculaire et d’une précision redoutable des Primitifs flamands. Le rendu des matières - les lainages, fourrures, toiles de lin mais aussi le grain de peau et la chevelure- est hyperréaliste. Ce traitement sensuel donne du relief et magnifie l’ensemble.

 

 

Yang bin 02Portrait d'un lama

 

Le jeune Lama d’un collège bouddhiste du Sichuan tient dans ses mains un jeu de cartes-dominos. Il est placé devant une fenêtre ouverte dans sa tenue traditionnelle de moine. Si le premier plan est consacré au modèle, les plans secondaires ne sont pas pour autant négligés. La représentation du paysage montagneux tout en perspective est une référence directe au tableau de Domenico Ghirlandaio « Portrait d’un vieillard et d’un jeune homme ». La fenêtre ouvre la représentation sur l’infini. Le paysage inventé et recomposé de la Renaissance fait parti des thèmes traités par Yang Bin.

 

 

Yang-bin-03.jpgLe nomade de Noergai

 

Cette photographie prise en 2007 représente un pèlerin. Chaque année, ce vieil homme tibétain se rend en pélerinage au temple bouddhiste de Lanmu dans la province du Gansu.

 

 

Yang-bin-04.jpgLe musicien de erhu

 

Cette photographie représente un musicien de campagne. Dans sa province d’origine, Hebei, existent de très nombreux petits théâtres traditionnels. Il est alors courant que les agriculteurs endossent les rôles d’acteurs ou de musiciens pour participer. Le vieil homme représenté est un joueur d’ Erhu. Cet instrument de musique traditionnelle chinoise peut être comparé à un violon.


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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 07:00

de-briques-et-de-sang-01.jpgNous sommes en 1914 à Guise où est implanté un familistère, sorte de regroupement  social solidaire créé par Godin (le créateur des poêles) dans le but d'améliorer la condition de vie de ses employés. Malheureusement un crime vient d'y être commis. Victor Leblanc, jeune journaliste de l'Humanité un peu curieux, enquête parmi les membres de la communauté mais ce monde clos se laisse difficilement approcher. Les morts se succèdent pourtant et c'est auprès de Ada, fille d'un des locataires d'origine alsacienne qu'il va trouver de l'aide pour découvrir les dessous de ce projet utopique.

 

A travers les recherches de Victor, nous allons pénétrer à sa suite dans l'intimité de cette communauté bien particulière. Les auteurs s'appuient ici sur des faits historiques connus. Le familistère a bien existé et les ressorts de sa création et de son organisation nous sont ici dévoilés. Si le lieu parait idéal pour les ouvriers qui deviennent en partie propriétaire de leur travail et de leur habitation, et bénéficient d'infrastructures développées pour leur bien être, tout ne semble pas rose pour autant.

C'est aussi un lieu de vie où tout le monde se connait et se voit, où les ragots vont bon train et où la notion d'intimité est réduite. Nous sommes à la veille de la guerre et les ouvriers étrangers sont vus d'un mauvais oeil (le père d'Ada est soupçonné d'être un facho à cause de ses origines alsaciennes...)

Ce huis-clos collectif est parfait pour introduire une série de meurtres qui déstabilisent un peu plus une communauté menacée par la grève des ouvriers. Le contexte social et politique est ici parfaitement utilisé pour recréer l'ambiance de l'époque et le lecteur assiste à une véritable plongée historique.

 

Visuellement, le dessinateur a repris scrupuleusement l'architecture du familistère, donnant ainsi un peu plus de réalisme à cette histoire. L'ambiance est bien évidemment sombre, les couleurs partent souvent dans des gris qui renforcent l'atmosphère inquiétante et quelque peu flou de ce familistère. Les personnages, de par leur visage et leur tenue, ont un vrai effet ancien et nostalgique

 

De briques et de sang se révèle être une enquête somme toute classique mais dont la situation et la vérité historique offre un angle original de découverte pour donner un album intéressant. 

 

 

 

D'autres avis :

Joelle - Yvan - Cécile - Jérome - XL - Kactuss -  

 

Liens :

le site du Familistère de Guise 

 

Du même scénariste :

Abélard, tome 1

 

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De briques et de sang

Scénariste : Régis Hautière

Dessinateur : David François

Edition Casterman, KSTR

Septembre 2010 - 146 pages - 16€


 

palsechesChez Mo'


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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 07:00

librairie-tanabe-01.jpgMonsieur Iwa est un vieux monsieur de 65 ans qui tient la librairie Tanabe, depuis la mort de son successeur et ami. Aidé par son petit fils de 17 ans, Minoru, il tient avec sérieux cette petite boutique d'occasion située dans les faubourgs de Tokyo sans pour autant être un grand lecteur. Ses qualités d'écoute et le sérieux de sa gestion font le reste. 


La librairie Tanabe est en fait un recueil de 5 histoires qui tournent autour de Mr Iwa. Sa position de commerçant l'amène à rencontrer toute sorte de gens qui, ici, sont l'occasion d'amener dans le récit un mystère ou une enquête particulière : un petit garçon qui vient voler un livre est prétexte à une enquête sur la maltraitance dont il est sujet, la visite d'une fonctionnaire qui enquête sur les conditions de vie des personnes âgées est l'occasion d'évoquer le mystère d'une maison hantée , la vente d'une série de livres d'occasion du même titre aidera à se pencher sur la disparition suspecte d'un homme, etc...


Les sujets abordés sont divers et touchent particulièrement la société japonaise dont on découvre les dessous plus ou moins sombres. Chaque récit permet aussi d'en savoir un peu plus sur Mr Iwa et sa famille, leurs relations et leur complicité. L'humour qui pointe dans chaque échange entre Mr Iwa et son petit fils sont savoureux et bourré d'humour.

Néanmoins, nous sommes loin des roman policiers classiques. Si Mr iwa prend part à la résolution des énigmes présentées, il est loin d'en être toujours le coordinateur. J'ai parfois eu l'impression de suivre de loin les enquêtes sans être concerné plus que cela par ces dernières.

Les 5 histoires sont de plus, de qualité inégale. La première, tout particulièrement qui n'a de policier que le nom, m'a quelque peu ennuyée et fait craindre pour la suite. On finit pourtant par s'attacher à notre vieux libraire, à découvrir son quotidien et sa vie de famille ;et  à découvrir avec intérêt quelques détails de la vie japonaise.

 

Bref, ce recueil manque un peu de cohérence et semble un poil "mou" au niveau du rythme. Mais il se lira sans déplaisir si vous n'attendez pas des histoires au suspense trépidant !

Les autres romans de l'auteur sont à mon avis bien plus intéressants.

 

D'autres avis :

Virginie - Emmyne - Mrs Pepys - Béné - Keisha - Le vent sombre


 

librairie-tanabe-02.JPG

 

La librairie Tanabe

MIYABE Miyuki

Parution japonaise : 1993

Editions Picquier - 1995 - épuisé

Editions Picquier, poche - Juin 1999 - 221 pages - 7,50€


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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 07:00

Minik-01.JPGNous sommes en 1898. L'explorateur Peary est en pleine expédition dans l'antarctique. Les conditions sont difficiles et l'équipage se bat contre les éléments. Mais le commandant est heureux car ce qu'il ramène de son voyage va lui apporter la célébrité et surtout le financement pour repartir à nouveau.

Son précieux chargement n'est autre qu'un groupe d'inuits. Confiés au museum d'histoire naturelle de New York, ces hommes considérés comme des sauvages par la population vont devenir l'attraction du moment. Malheureusement, les inuits vont rapidement tomber malade, touchés mortellement par la grippe. Seul le jeune Minik, désormais orphelin, en réchappera. Désormais sous la garde de Mr Wallace, père d'un fils du même âge et  autrement plus réceptif à l'humanité de ce jeune garçon, Minik grandit paisiblement et découvre sa nouvelle culture. Jusqu'au jour où une découverte bouleversante le pousse à fuir et à rerouver ses racines inuit pour mieux se venger...

 

L'histoire de Minik, vous le savez certainement, est un pan de notre histoire. Basé sur des faits réels, l'album reprend le destin tragique de ce jeune garçon, amené un peu malgré lui en Amérique. En échange de leur venue, Peary avait promis de fournir nourriture et équipement à leurs familles mais le poids de quelques inuits, rapidement décédés ne vaut pas grand chose face à l'excitation des découvertes et l'obession de repartir.

Ici, l'attitude de Peary est bien évidement dénoncé, tout autant que le "racisme" de l'époque qui considérait ces peuples inconnus de sauvages qui ne valent même pas la nourriture qu'on leur donne. On les tourne en ridicule, on leur jette des cacahuètes et on leur fait même visiter un zoo, à eux, chasseurs habitués à une faune libre. La bonté des autres cache un certain colonialisme et paternalisme.

Le contraste est édifiant mais le petit Minik réussit tant bien que mal à s'adapter, non sans soupirer après sa vie d'autrefois. On découvre d'ailleurs par flash-back quelques scènes traditionnelles inuites au gré des souvenirs de Minik et de l'enterrement de son père qu'il célèbre selon ses rites. On partage le choc du jeune garçon quand... je vous laisse la surprise :) et on ne peut que comprendre la violence qui en découle.

 

Au niveau du dessin, nous avons Hippolyte aux commandes qui nous offre de superbes aquarelles. Les bords de cases ne sont pas strictement délimités et cela accentue l'effet peinture. Les tons sont fort bien choisis : du bleu pour les scènes neigeuses, des couleurs plus chaudes pour les séquences intérieures ou citadines.

 

Minik est un formidable album qui parle d'un peuple méconnu et un peu oublié qu'on a voulu exhiber comme des trophées. Il est aussi le récit initiatique d'un jeune garçon qui découvre la dureté et l'hypocrisie du monde par ses yeux d'enfant. Véritable plaidoyer pour la tolérance et la richesse de la diversité des peuples, il revient de manière salutaire sur un épisode peu glorieux de l'histoire mondiale des explorations.

Un album très poignant à découvrir !

 

A noter :

Un autre album sur le même sujet, Groenland Manhattan, a précédé de peu Minik qui, dans les critiques, a parfois souffert de la comparaison.

Ne l'ayant pas (encore) lu, ma lecture en est totalement libérée.

Mais le hasard faisant parfois bien les choses, cet album s'est retrouvé depuis peu dans mes mains :) : critique à venir donc !

 

D'autres avis :

Mr Zombi -

 

 

Minik

Scénariste : Marazano

Dessinateur : Hippolyte

Editions Dupuis, Aire libre

Septembre 2008 - 64 pages - 14,95€


 

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Minik 05

 

bd du mercredi

Chez Mango

 

palsechesChallenge PAL sèches chez Mo'


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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 07:00

mygale-01.jpgRichard Lafargue est chirurgien esthétique. Il vit avec une certaine Eve qu'il tient enfermée dans sa chambre. Soumise et à la fois rebelle, la jeune femme semble souffrir de crises de violence qui justifie le fait qu'elle soit prisonnière. Pourtant, Richard est très perturbé aussi. Leur relation semble malsaine. Entre amour et dégoût, il force Eve à se prostituer et se délecte de la voir souffrir. Le quotidien du médecin est rythmé par son travail et ses visites régulières à une certaine Viviane.

 

Alex vient de réaliser un casse de banque. Un flic a été tué et le garçon est désormais en fuite, naviguant de planques en planques. Les heures d'attente sont l'occasion de se remémorer les bons moments du passé avec un de ses amis, disparu depuis plusieurs années.

 

Vincent, lui, est parti un soir sur sa moto. Alors que quelqu'un le pourchasse, il s'enfuit dans les bois où son poursuivant le rattrape. Il se réveille enfermé dans une cave aux côtés d'un ravisseur qu'il surnomme Mygale.

 

Vous l'aurez compris, ces 3 intrigues finiront par n'en faire qu'une à l'issue d'un long cheminement où les clés seront données avec parcimonie au lecteur. Une plongée dans l'horreur psychologique l'attend...

 

Voilà un roman à haute teneur psychologique ! Les 3 intrigues se déroulent lentement et le lecteur peine au début à trouver ses marques tant rien ne semble relier Lafargue à Vincent et Alex. La montée en puissance se fait de manière très subtile. Quelques élements sont distillés ici et là, on sent que quelque chose pointe sans réussir à y mettre le doigt. Pour ma part, je n'ai rien vu venir et ce n'est que très tard, à la toute fin du roman que la compréhension s'est faite. Et là : quelle claque !! Toute l'horreur des faits vous saute au visage sans que vous puissiez vous y préparer. Difficile de vous en dire plus sans révéler tout ce qui fait l'intérêt de cette histoire.

 

Sachez en tout cas que ce roman provoque malaise chez son lecteur tant par l'ambiance mystérieuse et malsaine qui est donné tout au long du récit que par la révélation finale qui nous montre à quelles extrémités un homme peut tomber, aveuglé par la souffrance, la vengeance et même la folie.

 

Mygale est un roman percutant et terriblement ingénieux dans sa narration et dans le portrait psychologique de ses personnages. J'ai vraiment été bluffée par ce polar qui date de 1984 et n'a rien perdu de sa force ! Découvez-le sans attendre, si ce n'est pas encore fait !

 

D'autres avis :

Ys - Saraswati - Pimprenelle - Calypso - Stephie

 

A noter :

Une adaptation ciné du roman vient d'être réalisé par Pedro Almodovar avec Antonio Banderas et devrait sortir sur nos écrans en Novembre 2011.


 

Mygale

Thierry Jonquet

Editions Gallimard, Série noire - 1984 - épuisé

Editions Folio - 1995 - épuisé

Editions Folio - 2011 - 160 pages - 5,70€

 

 

Challenge Thriller

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18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 12:44

monroe-01.jpgNous sommes en 1962 dans une communauté inuit. La chasse à la baleine est une activité quotidienne qui permet aux hommes de se nourir. Un jour, alors qu'ils découpent leur proie, ils decouvrent dans ses entrailles un escarpin blanc. Quand un des esquimaux fait le lien avec un poster de Marilyn Monroe qu'il possède, la conclusion est que cette chaussure lui appartient. Tous savent qu'il est impossible de marcher avec une seule chaussure : il lui faut donc lui ramener. Sakaeunnguaq part donc pour la mission improbable d'aller à Hollywood, retrouver la star... pour le meilleur et surtout pour le pire.

 

Notre héros entame donc son périple et va aller à la rencontre d'une civilisation qu'il ignore, sans en parler la langue. Il croise sur son chemin de curieux individus un peu en marge qui ne lui feront pas forcément de cadeaux. Deux crapules sous couvert de sympathie le traitent avec mépris et espère l'utiliser d'une quelconque manière. Plus loin, c'est une jeune femme en colère aux visées écologistes qui le prend sur son baleinier qui l'obligera à plonger à la mer. Notre esquimau va de Charybde en Scylla et va se retrouver bien malgré lui dans l'enfer des bas-fonds américains, tout ça à cause d'une chaussure.

 

Monroe se révèle un très bel album mais beaucoup plus sombre que ce à quoi je m'attendais. Ce qui parait une petite aventure loufoque au départ se termine dans la noirceur et la perte des illusions. L'inuit est touchant de naïveté et on s'émeut de la manière dont il est maltraité par ses contemporains. Les 2 cultures contrastent fortement et les auteurs accentuent les différences. Les inuits parlent peu et laissent la part belle au silence alors que les autres sont inutilement bavards. Les américains sont désabusés et porte un regard pessimiste sur la vie alors que le héros s'accroche à sa chaussure comme à une planche de salut.

La fin quelque peu ouverte m'a totalement prise au dépourvu par sa dureté abrupte. Symbole de tout son peuple, le héros termine écrasé par cette civilisation qu'il ne comprend pas tout comme sa propre culture est appelée à disparaitre dans un futur proche.

 

On retrouve ici le traitement graphique de Tirabosco avec bonheur et son travail aux pastels. Le trait est gras, arrondi et on aperçoit joliment la trame du papier. Les teintes sont plutôt sourdes (beaucoup de marron) accentuant la noirceur du sujet.

 

Tirabosco et Wazem signe ici une fable désenchantée sur la fin de l'innocence d'un homme et d'un peuple tout entier, contaminé par le rêve américain et bientôt par la cruauté et l'égoisme d'une civilisation.

Voilà un album bien plus profond qu'il n'en a l'air que j'ai beaucoup aimé ! A votre tour maintenant !


 

Monroe

Scénariste : Pierre Wazem

Dessinateur : Tom Tirabosco

Editions Casterman, Un monde

Juin 2005 - 48 pages - 14,95€

 

 

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palsechesChallenge PAL sèches chez Mo'


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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 07:00

 

arbre

Montpellier - Février 2011

 

 

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Humeur

Le 26 Août 2013 :
Le grenier de choco n'est plus...
Ce blog sera à terme supprimé.
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